Chapitre 11

136 13 4
                                    


- J'adore jouer avec cet enfant, lâcha Kai.

Une fois arrivé devant la porte de la chambre de Luhan et D.O, il refila Jeno à Kris et lui fit signe de le garder. Kai allait pousser la porte mais celle-ci venait de s'ouvir.
- Tiens ! Cria Kai. Je te cherchais.
Kai et Kris se mirent à rire et surgirent devant D.O.
- Lâche-moi maintenant grand con ! Cria Jeno.
- Ta gueule le nain ! Répliqua Kai.
- Qu'est ce que tu me veux Kai ? Soupira D.O. Et à lui, ce pôv' gosse.
- À lui, rien du tout.
Kris lâcha Jeno mais Kai le rattrapa aussitôt, le pauvre enfant n'eut pas le temps de faire un pas.
- Je t'ais dit de le lâcher Kris ?
- Non, mais...
- Rah tais-toi ! Coupa Kai. Toujours aussi bête... se lamenta-t-il. Maintenant tu le reprends et tu disparais.
Kai poussa Jeno contre Kris. Celui-ci partit dans un soupir.
- À nous deux maintenant... Reprit Kai en faisant un pas en avant.
La voix de Kai se faisait déjà loin pour Jeno maintenant... Quel soulagement ! Des deux brutes, c'est de Kai dont il avait le plus peur. Il rendait sa vie cauchemardesque. Jeno était l'un de ces enfants qui trouvent le réconfort dans l'art. La poésie qu'il écrivait l'aider à surmonter la brutalité de Kai. Kris lui était plus grand et plus fort, mais il retenait ses coups quand il frappait le pauvre petit. Jeno s'en rendait bien compte. Kris emmenait Jeno au pire endroit sur terre pour lui : les toilettes désaffectées du refuge.
- Je suis désolé... Lâcha Kris.
Qu'est-ce qui lui prend, il s'excuse ? Pensa Jeno. Il serait sympathique après tout ?
 - Mais Kai m'en a donné la permission, continua Kris d'un ton plus ferme. Il est au courant. Ce soir, tu es à moi.
Et Kris plaqua le corps raide de Jeno contre un mur. Que fait-il ? Les mains de Kris vinrent se poser dans le haut de la nuque du jeune homme, derrière ses oreilles. Ses pouces lui caressent les joues. Jeno ne dit rien. Il comprenait maintenant pourquoi Kris l'épargnait de plus en plus. Le visage de Kris s'approcha dangereusement de celui de Jeno, et leurs souffles pouvaient s'entremêler avec volupté. Il se rapprocha encore, obligeant le jeune à encore plus se plaquer contre le mur. Le visage de Kris se baissa jusqu'à ce que l'extrême bout de son nez effleure celui de son vis-à-vis. Les mains du plus grand releva la tête du petit. Jeno avait l'impression d'être embrassé par Kris, mais il se rendit vite compte que ce n'était qu'une impression lorsque celui-ci vint recouvrir ses lèvres des siennes et que sa langue s'invita dans son antre. Le corps de Jeno lâcha. Sans le mur derrière lui, il serait déjà à terre, ses jambes seules ne pouvaient plus le soutenir. Les mains de Kris lâchèrent le cou de Jeno pour lui déboutonner sa chemise, puis elles finirent leur course dans le jean de celui-ci. Jeno n'eut la force de se débattre.
Puis d'un coup, Kris se détacha de lui.
- Tu ne m'intéresses pas, finalement, lâcha-t-il.
Il saisit le visage de Jeno froidement avant d'ajouter :
- Trop faible...
Puis il s'en alla.
Jeno se retrouva seul, dévasté, dans cet endroit lugubre. Ses lèvres réclamaient un contact, ses yeux suivaient le grand ténébreux du regard, et il mourrait de froid. Il se sentit honteux. Honteux d'avoir été abusé de la sorte, honteux d'avoir été aussi "faible", honteux d'avoir tant apprécié ce moment. Il referma sa chemise trempée par les larmes et partis, meurtri, retrouver son seul et vrai ami : D.O. C'était le seul qui trouvait les mots justes pour le réconforter. Il marcha, chancelant, dans ce couloir interminable. Mais, une fois arrivé devant la porte de la chambre de D.O et LuHan, c'est Kai qui en sortit.
- Bah alors le nain, ta fête est déjà fini ? ricana-t-il. Kris ne doit pas être un bon coup ahah.
Et Kai partit en jetant Jeno par terre. S'en était trop pour ce petit cœur. D.O, son meilleur ami, était avec un Kai torse nu. Il savait déjà ce qui allait se passer dans cette chambre. Tout s'écroulait autour de lui... Alors, il partit vagabonder dans cette nuit étoilée. Sa vue brouillée par les larmes, il contempla le fleuve Han, s'imaginant qu'il s'agissait d'un torrent de pleurs, d'un raz-de-marais de désespoir. Et puis, tel un automate, il avança, en relavant la tête. Ce bain de chaudes larmes le réclamait. J'appartiendrai à ce fleuve comme j'ai appartenu à cet homme. Il avançait lentement mais avec conviction, vers cette paix éternelle, invincible et parfaite, qui lui faisait tant envie.
Soudain, une main se posa sur son épaule, le retourna violemment et Jeno tomba dans les bras de la personne. Les larmes du coréen qui avaient eu le temps de sécher reprirent leur longue descente de plus belle. Qui ? Qui l'avait privé de son funeste mais à la fois fabuleux destin ? Qui avait eu l'audace de le faire revenir à la triste réalité ? Il n'en savait rien, mais il était accroché à ses bras comme si sa vie en dépendait. Or sa vie n'en dépendait plus... Ma lâcheté a donc toujours le dernier mot... se dit-il. Il venait de découvrir qui venait de le sauver. C'est son odeur, son odeur si puissante et enivrante qui lui permit cela. Un poème comme il les aimait s'écrivait dans sa tête.

C'est lui mon sauveur...
Ou plutôt mon tueur...
Kris, c'est encore toi.
Kris, c'est toujours toi.
Je veux rester avec toi.
Kris, vient avec moi.
Tout ira mieux qu'ici bas.
Kris, emmène-moi.

La mort n'attend pas.

The Unknown Guy Où les histoires vivent. Découvrez maintenant