La Princesse et la Sorcière (2)

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Justine s’étira et retint un bâillement. Le professeur la regarda en haussant un sourcil, et elle lui répondit d’un hochement de tête. Il se leva de sa chaise, marcha jusqu’à sa table, et s’arrêta.

« Vous êtes sûre d’avoir fini, Mademoiselle Lusin ?

-Tout à fait, Monsieur. Tenez. »

La brune lui donna sa copie qu’il inspecta d’un air songeur avant de retourner à son bureau, un grand sourire aux lèvres. Alors qu’elle ouvrait son livre de Physique, Justine sentit un coup de coude dans ses côtes. Elle releva la tête, pour faire face à un Karl dépité, coincé au quatrième exercice de l’interrogation de Mathématiques.

« Tu veux quand même pas que je te dise les réponses ?! » murmura-t-elle, scandalisée.

Karl rapprocha son visage de dix bons centimètres en faisant une moue agaçante.

« S’il te plait… Il faut que tu te fasses pardonner pour ne pas être venue à la pizzeria avec nous la semaine dernière… » supplia le délégué.

Ils entendirent un bruit sourd qui fit sursauter l’intégralité des élèves de la classe. Karl émit un couinement pathétique en voyant le professeur qui le fixait d’un air grave, les sourcils froncés et les lèvres pincés.

« Peut-être voulez-vous la feuille de correction, Monsieur Barghest ? »

L’interpellé ignora la question et replongea la tête dans sa copie, rouge de honte, sous le rire presque inaudible de son homologue féminin qui n’avait pas perdu une miette de la scène. Justine se plongea à nouveau dans son livre, concentrée, faisant fi des grattements de papier autour d’elle. Mais malgré elle, son esprit se mit à vagabonder à travers ses souvenirs encore frais.

L’avant-veille, elle s’était évanouie dans la chambre de Lelouch tant la douleur qu’elle ressentait était invivable. Elle était rentrée vers deux heures du matin chez Kallen. Par chance, on ne lui avait pas posé de questions sur l’endroit où elle avait passé une partie de la nuit. Elle se voyait mal répondre « Allongée par terre, dans la chambre de Zéro », et n’avait alors pas assez de force pour réfléchir à un autre mensonge. Le lendemain, elle avait réfléchi toute la journée aux paroles mystérieuses de C.C., et au pouvoir de son Geass. La sorcière le lui avait confirmé ; ce n’était pas le même que Lelouch…

« Je comprends vraiment pas comment tu fais, Justine ! » soupira Karl à la sortie du cours.

Cette dernière le regarda étrangement, sans comprendre.

« Hein ?

-Il te demande comment tu arrives à répondre à un test aussi compliqué, précisa Angela d’un ton morne.

-J’ai plusieurs hypothèses », reprit Karl en sortant une feuille pliée en huit de sa poche, remplie de gribouillis qui ressemblaient à une écriture. « Alors… Tu es peut-être une extraterrestre, ou bien une génie, ou… tu es immortelle et as eu des milliers d’années pour étudier » finit-il d’un ton très sérieux.

Thalia éclata de rire devant l’air choqué de Justine, et lui donna une grande bourrade dans le dos.

« Allez, tu dois bien avoir un secret, non ? »

Oh, ça, oui, j’en ai des tas. Je suis une princesse, j’ai vécu dans un ghetto, je travaille pour Zéro, le terroriste ultra recherché, j’ai un Geass, et…

« J’ai un an de moins que vous ? » proposa la brune, un peu au hasard.

Tous la regardèrent, sidérés. Karl ouvrait et refermait la bouche, comme un poisson manquant d’air, et lâcha malgré lui son morceau de papier. Thalia était immobile, son sourire remplacé par une espèce de grimace, et elle tenait sur une jambe, les deux bras autour de sa camarade de classe. Enfin, Angela, adossée au mur, lui jetait des regards suspicieux puis retournait à la lecture de son livre, pour l’observer de nouveau quelques secondes plus tard.

Code Geass : Survival of KaënaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant