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Le silence s'étira après que ma question ait franchi mes lèvres. Je savais que c'était téméraire de poser une telle question, sachant la complexité de notre relation, mais je n'avais pu m'en empêcher.

Pourquoi se battait-il ? Pourquoi se livrait-il à cette activité ?

Que cherchait-il à en tirer ?

Ou bien, se plaisait-il réellement dans cette violence ? Cette idée effleura brièvement mon esprit, mais je la repoussai avec une rapidité qui me parut instinctive.

Qui donc, en vérité, choisirait de se soumettre à une souffrance aussi absurde, aussi dégradante, de manière volontaire ?

Le prince tourna lentement son regard glacial vers moi, et je sentis son emprise invisible m'envahir, une étreinte aussi froide que dangereuse, qui m'obligea à déglutir difficilement.

Lui: Je ne pense pas que cela soit ton problème,

Dit-il fermement en insistant sur chaque syllabe du dernier mot,me signifiant que je n'avais aucun droit de connaître la raison de son engagement dans ce monde de risques et de ténèbres.

Mais des questions me hantaient.

Est-ce cette quête insatiable de liberté, loin des contraintes d'une royauté étouffante, qui le poussait à agir ainsi ?

Se sentait-il réellement libre dans l'arène des batailles, loin du faste de son statut princier ?

Malgré la froideur de sa réponse, mon esprit ne cessait de tourner en rond, infatigable, comme une spirale qui m'échappait.

Moi: Cela... n'est pas... digne de vous...

Murmurais-je enfin, ma voix tremblant à peine et la crainte du tumulte que mes paroles pourraient engendrer me happait.

Avec nervosité, je pinçai mon bras, me préparant à affronter les conséquences de ce que j'avais osé lui dire.

Mais il y avait quelque chose de plus fort en moi, quelque chose qui me poussait à faire entendre raison à cet homme, à ce prince.

Je me sentais appelée à lui montrer, par tous les moyens possibles, qu'il se trompait.

Que cette voie n'était pas celle qu'il devait emprunter, surtout pas lui, le prince, celui qui devait incarner tout ce qui se dressait en opposition à cette vie de danger, à cette existence marquée par la violence et le chaos.

Je pouvais comprendre, oui, son désir de se libérer, de fuir l'austérité de sa position, d'aspirer à une existence plus simple, plus « normale ».

Mais si cette quête de normalité devait passer par des moyens aussi extrêmes, aussi destructeurs, alors il était perdu, complètement égaré.

Il ne me quittait pas du regard, son regard toujours aussi détaché, presque indifférent.

Puis, d'un mouvement, il s'approcha de moi.

Les battements de mon cœur s'intensifièrent, résonnant dans mes tempes, mais je demeurai figée, sans bouger, tandis qu'il s'approchait davantage, me dominant enfin de toute sa hauteur.

Lui: Et tu le dis en tant que qui ?

Demanda-t-il, avec l'effort de retenir la colère dans sa voix.

Ses mots, bien que mesurés, portaient une intensité qu'il tentait de maîtriser, mais que je pouvais sentir palpiter dans l'air.

Je laissais mes yeux se baisser, me sentant soudainement perdue face à la force de son regard.

Les mots s'étaient volatilisés dans ma gorge. La nervosité et l'incertitude me paralysaient désormais.

LE PRINCE ET LA CHRÉTIENNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant