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PDV YOON

Chan m'inquiétait. Il habitait avec moi depuis un mois maintenant et il n'osait toujours pas m'adresser la parole normalement. Il mangeait très peu, ne souriait jamais et était constamment stressé. Évidemment, il était déjà comme ça depuis le début, ça n'avait pas changé, mais je pensais -j'espérais- qu'après tout ce temps et après avoir revu ses parents grâce à moi il se sentirait mieux ici et me ferait confiance ! Mais ce n'était pas le cas...

J'avais pourtant fait beaucoup d'efforts ! Je lui offrait tout ce qu'il voulait ; inutile. Malgré mon anxiété, je lui avais permis de se promener dans les bâtiments de la mafia à condition qu'il reste aux premiers étages -les seuls qui ne sont pas des appartements pour psychopathes- et qu'il ait constamment sur lui le téléphone que je lui avais donné pour qu'il m'appelle en urgence ; son moral était légèrement remonté mais sans grand succès. Tout ce que je faisais était sans résultat, Chan continuait à broyer du noir. La seule chose qui semblait lui apporter de la joie était le fait de voir sa famille. Seulement, bien que j'eusse essayé maintes fois, organiser une rencontre était beaucoup trop risqué voir impossible, le faire la première fois avait déjà été inconscient. J'essayais au moins de faire en sorte qu'il puisse leur téléphoner, mais un simple appel était déjà très compliqué. Les parents de Chan étaient tellement surveillés que le simple fait de me trouver dans leur quartier était dangereux pour ma vie. Malgré celà, j'étais parvenue à ce que Chan puisse leur parler trois fois.

Aujourd'hui, j'étais bien décidée à lui redonner le sourire, au moins pour une minute. Comme tous les jours j'étais sortie la journée et l'avais laissé seul à l'appart, mais cette fois je devais récupérer quelques choses chez les parents de mon protégé. Enfin chez les cousins des connaissances des amis de ses parents mais ça revient au même... Et c'est pourquoi j'étais actuellement en train de courir comme une tarée pour éviter de me prendre une deuxième balle ou éventuellement de mourir - après d'horribles souffrances sinon c'est pas drôle. J'avais réussi à semer les hommes qui me suivaient au départ assez facilement, mais apparemment les arrières petits enfants du facteur de Chan étaient aussi sous la surveillance de Choi. D'ailleurs il envoyait de plus en plus de pitbulls me stalker, j'avais peur qu'il ait des soupçons depuis la dernière fois où je suis allée chez le cousin de Chan - le vrai cette fois. Enfin bref, c'est pas comme si c'était la première fois que je risquais ma vie pour presque rien...

Après avoir fait quelques pirouettes aussi stylées que inutiles et évité un plaquage digne des plus grands rugbymen, je me réfugiai à toute vitesse dans un vieux bâtiment miteux et abandonné. Je dévalai les escaliers pour atteindre les cuisines au sous-sol - qui a sa cuisine au sous-sol ? - et me frayai un chemin derrière l'évier tout en cherchant une sortie du regard. Et devinez quoi, il n'y avait rien ! Là c'est le moment où tu paniques.

J'entendais un homme descendre les escaliers - avec la délicatesse d'un phoque enceinte - puis deux puis trois. Putain mais ils étaient combien ?! Je me recroquevillai un peu plus dans ma cachette pendant qu'un des leur pénétrait la pièce et, en reculant, je heurtai un objet en métal qui émit - évidemment - un bruit sourd. Pour la discrétion on repassera... Je me retournai vivement et découvris la poêle ayant causé ma découverte - c'est quoi cette cuisine mal rangée sérieux-. Je regardai la poêle un instant... Pourquoi pas ?
Abandonnant ma couverture, je saisis l'ustensile et m'élançai vers mon assaillant dans une dernière dance mortelle.

Bon comme on s'y attendait le gorille attrapa mon - truc censé être une - arme avant même que je puisse le frapper avec et me plaqua contre le sol - rugbyman le retour. C'est vraiment une mytho Raiponce en fait ! Et là fut le seul moment où mes années de shorinji kempo purent servir à quelque chose. Je parvins tant bien que mal à échanger nos positions et deux doigts placés au bon endroit et pouf ! il s'endormit. Prenez des leçons de self défense les enfants, ça vous aidera si jamais vous êtes poursuivis par des psychopathes en cravate. Puisque j'avais une chance extraordinaire, les deux autres mafieux étaient allés voir les autres pièces et, par miracle certainement - ou juste parce-qu'ils étaient particulièrement cons et sourds - , ils n'avaient pas entendu le bruit venant de mon combat. Je remis alors mon masque correctement - celui qui servait à ne pas me faire reconnaître et donc accessoirement à ne pas mourir - et me dirigeais à grandes enjambées vers la sortie - oui j'en avais trouvée une finalement, embêtez pas le scénario svp.

Enfin arrivée à ma voiture, je m'effondrai sur mon siège. 15h37 ? J'avais fini plus tôt que prévu... Je décidai de passer prendre un café pour Chan avant de rentrer.
J'observais la blessure sur ma cuisse. Elle n'était pas belle à voir, certes, mais j'avais connu pire, elle guérira vite... Je verrai ça plus tard.
J'ouvris alors mon sac et en sortis son contenu, le même qui m'avait fait courir tous ces risques. Une vidéo des parents de Chan à son intention, et la peluche d'enfance de ce dernier. Oui j'avais failli mourir pour un lapin en peluche et une clé USB, mais j'aurais fait bien plus encore pour voir ses fossettes ne serait ce qu'une seconde de plus.

-- Chan ! Je suis rentrée !

Je posai toutes mes affaires sur la table basse du salon et parti à la recherche de mon colocataire.

-- Chan ? T'es où ? J'ai quelque chose pour toi !

Pas de réponse. Bien que je ne m'attendais pas à ce qu'il me saute dans les bras, il avait l'habitude d'indiquer sa présence et au moins de me saluer. J'avais peur.
Je fouillai rapidement toutes les pièces. Enfin, en passant devant la salle de bain, j'entendis le bruit de l'eau couler.

-- Chan tu es là ? Putain répond moi !

Je ne voulais pas violer son intimité, mais son absence de réponse m'inquiétait. Le sanglot étouffé que j'entendis par la suite me convainquit d'enfoncer la porte. La vision d'horreur que j'eus alors sous les yeux fût pire qu'un couteau en plein cœur.

-- CHAN !!

Je m'effondrai à ses côtés, tentant de stopper la coulée de sang provenant de son poignet déchiré. À demi conscient, Chan leva sa tête en ma direction et murmura :

-- Yoon ?... T'es déjà... Là ?

Des larmes dévalaient mes joues, rejoignant au sol le lac pourpre qui tâchait mes vêtements.

-- Chan ! Putain qu'est ce qu'il t'as pris ?! Tu peux pas me faire ça, j'ai besoin de toi ! CHAN !

Sa tête s'effondra sur mon torse en même temps que mon monde, et je vis ses paupières se clore.

-- Je t'aime putain !

Monster || FF CHAN (Stray Kids)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant