Prologue

13 0 0
                                    

_ J'en suis incapable !

Malgré toutes mes protestations, malgré l'évidence de mes mots, il insistait encore.

_ Mais... Il faut que tu le fasses ! Il suffit juste que tu croies en toi, tu es tout comme nous !

Disant des choses sans sens, espérant que je reprenne espoir. Le seul espoir que j'eus avait volé en éclats.

_ Je ne le suis pas ! C'est ce qu'ils disent tous, et ils ont raison. Je ne peux pas le faire !

C'était vrai, c'était irréfutable. Ne pouvait-il pas me laisser abandonner ?

_ Il faut juste que tu essaye de battre des bras ! Je crois en toi !

C'était stupide, croire en moi était stupide.

_ Comment peux-tu croire en ces plumes trop courtes !? Je vais juste m'écraser, comme à chaque fois ! Je ne peux pas t'accompagner, laisse-moi...

Qu'il m'oublie...

_ Tu ne peux pas laisser tomber, c'est une mort certaine qui t'attends si tu restes. Il est temps pour nous de partir. Nous tous. Je ne te laisserais pas rester derrière !

_ Non, non, je n'en fais pas partie. Je suis juste un oiseau errant qui ne peut rien faire sans les autres. Tout sera mieux sans moi.

Pourquoi ne comprenait-il pas ?...

_ Ne dis plus jamais ça ! Tu es aussi importante que les autres, tes ailes n'y changent rien !

En voyant que je voulais contredire une bêtise pareille, il soupira et reprit aussitôt.

_ Bon, sache que je ferais de mon mieux pour t'aider demain. Tu ne seras pas seule à essayer. Aussi, nous prendrons autant de pauses que nécessaire, tout en suivant les autres à la trace. On le fera ensemble. Alors n'abandonne pas, n'abandonne jamais.

J'ai hoché la tête faiblement. Je ne savais toujours pas quoi faire, mais qu'il agisse de manière si confiante me rassura. Il était toujours ainsi. Il rayonnait, donnait le sentiment que rien ne lui était impossible. Pourquoi traîner avec quelqu'un d'aussi inutile ?

_ Et n'oublie pas, Elwing, tu es belle comme tu es.

J'ai soupiré. Sans doute était-ce pour cela, parce qu'il était fou. De penser qu'il pouvait voir un être pitoyable tel que moi comme beau... Renzyl était l'oiseau le plus étrange, mais aussi le plus précieux à mes yeux. Sans lui, j'aurais déjà touché le fond du ravin, littéralement. Ça ou mourir de faim.

Je me suis endormie en proie à l'indécision, espérant que la nuit me porterait conseil. Tout ce que j'en obtenue fut d'effroyables cauchemars sur la sombre forêt qui nous entourait. Un oiseau difforme a-t-il le droit de rêver ? Quoiqu'il en soit, ces rêves ne se réaliseront pas.

Un éclat dans les ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant