I. Où le réveil est difficile et où l'on fait connaissance

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- U-Uwah !!

Ce fut le premier son que je lâchai en me réveillant en sursaut.

La première image que je vis fut un néon éteint sur un plafond carrelé.

Le premier son que j'entendis fut le bruit, ténu, mais rapide, de ma propre respiration.

La première odeur que je sentis était celle du bois et du feutre à ardoise, comme dans une salle de classe.

La première chose que j'avalai avait un goût âcre de sang, qui me fit porter la main à la bouche.

C'est ainsi que la première chose que je touchai fut ma lèvre inférieure, gercée et ensanglantée. J'avais probablement dû me mordre pendant mon sommeil...

Une minute.

Mon... sommeil...?

Je me redressai péniblement sur les coudes, puis en position assise, et le monde se renversa devant mes yeux.

Comme en témoignait l'odeur, je me trouvais effectivement dans une salle de classe, aux bureaux bien alignés et au tableau blanc immaculé.

Une salle de classe qui aurait pu être tout à fait banale s'il n'y avait pas eu ces plaques de ferrailles accrochées aux fenêtres.

- Qu-Qu'est-ce que...?!

De plus, la salle était plongée dans l'obscurité, aussi, le lieu était très loin d'être rassurant.

- P... Pas le temps de gamberger, soufflai-je. Il faut que je sorte d'ici d'abord...

Bien sûr, je me posai mille et une questions quant à la raison de ma présence dans ce lieu dont je n'avais aucun souvenir, mais la vie m'avait appris qu'à certains moments, il valait largement mieux agir que réfléchir (bien que je sois nettement plus douée pour le second que pour le premier).

L'extérieur était constitué, lui, d'un grand couloir, et, heureusement pour ma santé mentale, les fenêtres n'étaient pas fermées, laissant apparaître une vue sur un grand jardin et un magnifique ciel nocturne dans lequel brillait une demi-lune.

Le lieu était donc relativement éclairé.

Dans un soupir de soulagement, je me laissai glisser contre le mur, la tête levée vers les fenêtres, et me forçai à réfléchir le plus calmement possible.

"Alors, récapitulons... Ça m'a tout l'air d'être une école, ici... Enfin, il faudrait que je visite d'autres pièces pour en être sûre, mais... L'essentiel, concentre toi sur l'essentiel, bon sang. Une école. Ça explique sûrement..."

Je baissai les yeux vers ma tenue, un uniforme composé d'une chemise blanche et d'un ruban rose en dessous d'un pull jaune pastel, ainsi que d'une jupe rose et de chaussettes blanches. Je portai également des bottines noires lacées m'arrivant à mi-mollet.

"... pourquoi je suis en uniforme... Alors que je suis certaine que j'étais encore en tenue de ville quand..."

Un souvenir me revint en mémoire.

"C'est vrai, j'étais au salon, je crois que je faisais du piano pour me détendre un peu... Quand... Quelqu'un a sonné à la porte. Je suis allée ouvrir, et puis... Tout est devenu flou devant moi, et... j'ai dû perdre connaissance à ce moment-là. Maintenant, la question est... qu'est-ce que je fais ici ?"

Je me relevai alors pour me planter face à la fenêtre, observant mon reflet dans la vitre. Mes cheveux blancs coiffés en une tresse unique étaient ébouriffés, on ne lisait que de l'incertitude dans mes yeux bleus, j'avais le teint cireux et les traits tirés par l'angoisse, et ma lèvre meurtrie continuait de saigner.

Danganronpa ??? : Time to Kill (Crossover Danganronpa X The Timeliners)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant