Petite pièce étouffante sentant la transpiration, la chaleur et les pieds, regroupant vingt personnes dont moi, voilà l'endroit où j'étais détenu. Et ce pour deux heures minimum. La raison qui n'était pas tellement valable, n'empêchait pas l'une de habituelles et ennuyantes réunions.
Cela à commencer depuis dix minutes ? Incroyable j'aurais dit plus. Pourquoi je suis là au fait, je ne le sais même pas, bon après je suis payée pour mais je n'aime pas tellement l'idée si excitante de louper deux heures de ma vie pour rien.
Je me concentre sur le décor, que je connais pourtant par cœur à force, pour passer le temps. Plante verte dans un coin, mourante,il faudrait l'arroser, mais ce n'est sûrement pas moi qui le ferais.Petite étagère ayant divers classeurs de toutes les couleurs me rappelant ainsi un arc en ciel si familier. Corbeille à papier, à moitié remplie, sûrement de papier usagé. Lampe basse consommation, elle clignote de temps à autre. Baie vitrée, je me sens comme dans un aquarium à voir les gens passaient et nous regardaient ainsi après peut-être que ce sont eux qui sont les poissons, j'aime pensé ça. Pas de fenêtre, j'espère encore qu'elle apparaisse comme par magie et que je puisse m'envoler en y sautant, un peu suicidaire comme idée. Table ovale, réunissant des pauvres cons qui veulent une augmentation, j'en fait partie,l'argent n'est jamais en trop. Tableau blanc regroupant toutes les idées des équipes, se qui veut dire pas beaucoup.
Nouvelle personne qui arrive en retard, Valentin Préveau, une tâche de café sur la veste, cravate mal faite, grands cernes, maigrelet, il fait pitié, il va être viré, ce n'est pas un ennemi. Il veut s'asseoir tout le monde se décale pour son petit cul et je me retrouve en face de Fabienne Collin. Belle jeune femme, queue de cheval bien nouée,tailleur moulant, le regard sûr, elle déchire, si je ne la connaissais pas je dirais qu'elle passe sous le bureau.
Un frôlement,on bouge près de moi, Fabienne me sourit, je ne tombe pas dans le panneau. Je te connais. Deuxième chatouillement, puis un autre plus prononcé. Ça monte progressivement ma jambe, j'aime bien, mais je doute que ce soit le bon moment pour flirter. Toussotement de ma part. Sa jambe se presse d'autant.
Maudite climatisation inexistante! Pourquoi fait-il aussi chaud ? Une goutte de sueur tombe lentement le long de ma joue puis fini par s'écraser sur l'une de mes feuilles. Regarder mes notes, constater la nuance des couleurs parmi les lettres. Je me demande pourquoi le "our" est plus foncé que "omm", on peut clairement voir une différence, ça m'agace. Sans doute un problème d'imprimante.
Je la sens désormais dangereusement près de l'intérieur de mes cuisses, je crois rougir.Peut-être qu'une impression. J'aimerais bien changé de police d'écriture la prochaine fois, peut-être. Je relève la tête avec hésitation, il me semble. J'en ai marre de relire mes feuilles encore et encore, je les connais à force par cœur. La regarder ou ne pas la regarder, je sens ses yeux sur moi. C'est eux que je rencontre en premier. Elle me dévisage clairement et me sourit de façon très...
Bref, suis-je sous son contrôle ? Totalement. Son pied, depuis quand je l'ai autorisé à se trouver ici ? Elle me connaît autant que je la connais malheureusement. Peut-être que cette connaissance de ma personne est dû aux nombreuses heures où elle évalué mon corps de ses fabuleuses mains. Ça ne m'empêche jamais de rentrer dans son jeu comme à chaque fois pourtant. Peut-être parce ce que j'en ai envie...
Évidemment que non, je suis quelqu'un de responsable qui ne se dérobe pas sous ses responsabilités. Et ce, pour quelque chose d'aussi distrayant qu'une partie de jambes en l'air. Concentration. Il faut pas fixer les gens ainsi voyons. Retirer mes yeux de la source de ma distraction.
Tableau désespérément blanc. Discussion, conversation très sérieuse. Proposition infructueuses. Petit gémissement de ma part, je tousse. Les gens me regardent bizarrement, ce ne doit être que moi. Un vilain rhume est si vite arrivé.
Fabienne Collin devrait cesser de fixer aussi intensément les employées. Du moins si elle tient à sa place. Je tiens à mon poste aussi. Mettre fin à ce jeu et ce replonger dans ces notes semblent être le plus approprié. Du nerf, ma vieille. C'est pas comme si je voulais réellement m'échapper d'ici.
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Réunion entre jambes
Short StoryUne nouvelle portant sur une réunion inhabituelle entre deux femmes, le tout agrémenté de commentaires épineux d'une d'entre elles.