C'est déterminée que j'échange ma longue robe contre un pantalon et une paire de bottes en cuir. Puis je sors dans le froid glacial de l'Allemagne qui, en automne, déjà, imite celui des hivers les plus rudes. Je prends une grande bouffée d'air pur, l'enfermement m'avait plongée dans un cocon me tenant à l'écart, des réalités, la première étant que ma chemise était beaucoup trop fine pour un mois de novembre.
C'est en me répétant "tu vas y arriver, Ada, demain, tu seras chez toi" que je me suis élancée sur le chemin de pierres grises qui menait au village. Les kilomètres, et les centaines de répétitions de ces quelques mots devenus maxime n'ont pas suffit à me convaincre. Et c'est tremblante que je suis arrivée au village à 15 h de l'après-midi.
Les rues grouillaient de monde, on ne distinguait même plus les étalages des commerçants, de la foule épaisse. Les habitants venus faire leur marché se distinguaient d'hommes et de femmes vêtus de noir portant des pancartes ou étaient dessinés les visages de ma famille. On pouvait lire des slogans affreux qui réclamaient notre mort à tous.
Un homme m'a bousculé puis un autre et je me suis retrouvée au milieu de la foule hurlante et effrayante. À côté de moi, une femme scandait des injures plus affreuses les unes que les autres. Elle tenait entre ses mains un vieux tissu avec l'ébauche d'un visage féminin tiraillé par la colère. Avant que je ne me rende compte que ce visage n'était autre que le mien une poignée de manifestants m'entraîna dans une ruelle ; la foule était encore plus impressionnante ici, les gens se bousculaient et quelqu'un me poussa contre une poubelle vide, je suis tombée et j'ai vu un groupe de personnes me fondre dessus puis plus rien...
Je me réveille dans un lit particulièrement confortable, je ne vois qu'une lumière blanche, aveuglante. Peut-être que je suis morte au milieu de cette ruelle d'Hadlorf tuées par une dizaine de manifestants enragés. J'entends des voix qui me semblent lointaines, très lointaines, ça doit être les anges, puis j'entends mon nom, quelqu'un crie mon nom.
J'ouvre les yeux, je n'avais pas rêvé, c'est bien un visage d'ange qui me regarde, je reprends peu à peu connaissance avant de me rendre compte que cet ange n'est autre que Noah.
Je souris malgré moi, Noah est un des gardes du corps de ma famille et nous sommes amis.
-"Je suis venu à votre secours, princesse" me souffle Noah en esquissant un sourire.
Dans sa bouche, le mot princesse ne sonne pas comme une injonction du gouvernement, mais plus comme un surnom affectueux. Il me regarde avec ses yeux noisette et esquisse un autre de ses sourires dont il a le secret avant de s'écrier :
" C'est bon, elle est vivante ! "
Je lui fais une grimace qu'il me rend aussitôt. Je me rends compte qu'il n'est pas seul à m'observer, en effet une troupe de gardes ainsi que des femmes de chambre et autres employés d'Hadlorf, se pressent inquiets autour de moi, je me redresse d'un coup et demande :
" Que m'est-il arrivé ?"
"- Votre mère nous a envoyé à votre secours pour vous aider avec cette révolution, en arrivant nous ne vous avons pas trouvé au château nous sommes donc allés vous chercher au village et Noah vous a trouvé dans une rue du centre-ville, évanouie" m'explique Bacchus un général de l'armée de mon père.
"Il faut que j'y retourne, je n'ai pas fini ce que j'avais à faire" dis-je en essayant tant bien que mal de m'asseoir
"-Nous irons demain princesse "dit Noah en me remettant au lit.
Le contact de ses mains sur mes hanches me fit l'effet d'une décharge électrique partant du bas de mon dos jusque dans mon cou, je repris mes esprits et n'essaya pas de me défendre de peur qu'il me touche de nouveau et que les frissons ne trahissent mon attirance envers ce jeune garde à toute l'assemblée réunie. Soudain je me suis rappelée où nous étions, dans ma chambre, celle ou j'avais déjà passé une semaine et ou les vestiges de mon caractère désordonné était sûrement à la vue de tous.
"Reposez vous princesse" me dit Noah et c'est tout ce qu'il me fallut pour que je replonge dans un sommeil profond.
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Sang Azur
RomancePour Adaline être princesse n'est pas tous les jours facile, la couleur de son sang ne lui permet pas de faire ce qu'elle veut et la jeune fille rebelle va avoir du mal à faire des choix lorsqu'elle va tomber amoureuse du mauvais garçon... Le premie...