I. Qui cherche trouve

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« L'horreur est désormais déclinée sous toutes les formes. Au cinéma tout d'abord où ces dernières décennies ont vu les histoires les plus folles retranscrites sur grand écran. Mais cela ne suffit plus et les gens n'ont plus peur, alors, on retranscrit des faits paranormaux réels ! Les dossiers Warren font un carton et j'ai l'impression que les gens n'ont absolument aucune considération pour ce couple et pour ce qu'ils ont souffert tous les deux. »

Michel marqua une pause dans sa réflexion et joignit ses mains devant son menton. Il était assis à la terrasse d'un café marseillais installé sur le vieux port. En face de lui, la femme d'une cinquantaine d'année qui l'accompagnait était bien installée au fond de son fauteuil roulant. Hélène bu une gorgée de son latte macchiato tout en attendant la suite de son raisonnement. Elle se doutait de la finalité de son discours, mais elle savais aussi que Michel avait besoin de temps en temps de vider son sac. Et pour ce faire, elle était toujours là pour l'écouter, d'autant qu'il avait toujours été là pour l'écouter elle.

« Maintenant, on décline l'horreur en série, sûrement pour que cela dure plus longtemps. Mais ça ne suffit toujours pas pour ces assoiffés de sensations fortes ! Regarde par toi même... »

Michel lui retourna le journal qu'il avait devant lui. En première page un article sur une nuit de l'horreur était mise en avant. Une sorte de jeu durant toute une nuit, et pendant lequel les participants devaient échapper à tout un tas de monstres joués par des acteurs. Hélène lu les premières lignes de l'article avant d'acquiescer d'un hochement de tête.

« Les maisons hantés des parcs d'attraction ne suffisent plus... Il en faut toujours plus. Les gens croient ne plus avoir peur de rien et voilà ce qu'il se passe.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu nous a amené à Marseille pour autant, s'interrogea Hélène. Ce ne sont que des jeunes gens qui s'amusent.

- Tu n'as pas lu le bon article, nous sommes là pour ça, repris Michel en pointant un article dans un petit encart à côté des gros titres. »

*

* *

François, un jeune homme athlétique d'une vingtaine d'année à la barbe blonde et fournie, et Alexandre, qui devait approcher la trentaine, au physique plus enrobé et arborant une barbe brune toute aussi fournie, discutaient en buvant une bière sur la terrasse d'un pub surplombant la mer. L'établissement était situé entre la pointe rouge et les goudes, deux quartiers du bord de mer de Marseille. Le crépuscule avait envahit la baie et donnait au paysage des couleurs surnaturelles. Les deux amis de longues date faisaient parti de ces gens qui aiment le fantastique et s'en repaissent jusqu'à plus soif. Amateurs de sensations fortes et de littérature d'horreur, ils cherchaient ce soir une nouvelle idée pour satisfaire leur insatiable faim de terreur. Ils discutaient tous deux de bon cœur, jusqu'à ce que la conversation prenne un tournant qui scella leur destin.

« Il faut que je te parle d'un projet qui me titille depuis un moment, commença Alexandre. J'ai lu il y a quelques temps un article très documenté sur les séances de spiritisme et ça expliquait clairement comment faire pour appeler un esprit et tout ce qui va avec. »

Alexandre avait les yeux qui brillaient, François sentait son enthousiasme et la chair de poule lui parcourait la peau.

« Toi, tu as un truc à me vendre, répondit François.

- J'ai trouvé pas très loin d'ici, à la sortie de la ville, une baraque très prometteuse pour une petite séance des familles ! Je sens qu'il y a vraiment moyen de se marrer, et, tant qu'à faire, de faire une petite frayeur à une ou deux copines. »

Ouija marseillaisWhere stories live. Discover now