de l'hémoglobine dans mes poumons [THORN]

1.7K 94 118
                                    

Prenez un peu de mouchoirs.
Comme c'est un PDV d'un passage du tome 2, les dialogue sont en italiques.
Environs 1800 mots.
Enjoy

*
De l'hémoglobine dans mes poumons


J'étais assis sur la chaise droite trouvée dans le couloir blanc et aseptisé qui menait au pavillon du Sanatorium.

Juste en face de la porte.
Là, où ma tante était en train de s'efforcer à donner la vie, sans pourtant crier sous la douleur.

Une force prodigieuse.

Dehors, les imbécilités des nobles continuaient, Petit-Potin nous avaient en plein phare et pourtant, je m'en fichais comme de ma première chemise.

Trop de choses étaient beaucoup plus importantes. Les lettres. Les matelats manquants. Le registre faussé. Les otages. La mécanicienne à la langue trop pendue. Hildegarde et ses pirouettes dans l'espace.

Ma tante qui accouchait.

Mais il y avait aussi beaucoup plus urgent. La colère d'Ophélie avant de descendre sur les Sables-d'Opale.
Ophélie qui paniquait en ce moment même et qui me contaminait de son angoisse sans le savoir.
Ophélie qui faisait les cent pas.

Dans ma tête, finalement, comptait seulement cette petite brune à lunettes.
J'étais attaché à elle.

En fait, je l'aimais.

Mais je faisais tout de travers. Je ne comprenais pas sa logique. Quand je pensais à gauche, elle allait à droite !

Quand elle avait attrapé ma manche de manteau avec sa petite main, à la Caravane du Carnaval, j'avais senti quelque chose passer.

Je l'avais donc embrassé sur la muraille. À la place d'un baiser passionné, j'avais reçu une gifle bien plus douloureuse intérieurement, qu'extérieurement. Mes prognostiques étaient donc faux.

Ensuite, j'étais revenu agacé dans les entrepôts d'Hildegarde et je l'avais mise en colère.

Ophélie avait haussé la voix.
Ophélie n'haussait jamais la voix.

Je devais essayer de faire le premier pas. Mais je n'étais et je ne serais jamais doué pour ces choses-là. Mais je devais au moins essayer ce que je savais déjà faire.

- Déboutonnez votre robe.

La jeune femme se tourna vers moi, dans une vague de cheveux bruns, avec un regard perdu. Elle me prenait sans doute pour un Archibald débridé en ce moment.

- La manche suffira, précisais-je d'une voix égale. Vous semblez être gênée par votre bras. Laissez-moi jetez un oeil.

Lentement, Ophélie approcha. Elle était menue, simple. J'aimais bien cela. Particulièrement. Un peu plus que cela même. Des membres fins et délicats. Un visage doux, un regard volontaire. Si différente des femmes du Pôle. Sa force émanait de l'intérieur.
Elle déboutonna sa manche.

Je regardais la couleur mi jaune, mi violet de sa peau. Elle était vraiment casse-cou. Silencieux, j'observais d'abord la blessure.

- J'ai dû heurter la rampe en tombant dans l'escalier. Si le gendarme n'avait pas été là, je me serais rompu le cou.

Je sentais un ton de reproche dans sa voix. Je savais que je n'avais pas été là pour la rattraper, mais je n'avais rien à dire à ce sujet. J'avais encore échoué à la protéger. Point.

ONE SHOTS ━゙OS LA PASSE-MIROIR✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant