ONE SHOTS ━ﾞOS LA PASSE-MIROIR✔

je dois m'incliner [THORN]

PDV de Thorn, préparez les mouchoirs.
Violence, attention.
Environs 1900 mots.
Vous avez lu le résumé,
Bonne chance.
Enjoy

*

Je dois m'incliner

《Je ne fais jamais rien d'inconsidéré.》 Étaient les derniers mots que je lui disais.

Pour l'instant.

Dès que la silhouette menue de ma toute nouvelle femme traversa le trou d'or liquide qu'avait laissé le Mille-faces derrière lui, je me levais en boîtant.

J'avais mal. Résistance à la douleur ou non. D'après mes diagnostics rapides, les alliés de Melchior n'y était pas allés de main morte... Dieu non plus.

Trois côtes fêlées. Une cassée.
Quelques contusions au visage. Mais ce n'était pas le pire.
Ma jambe... avait un angle étrange, je savais mon genou doublé de volume.
Malgré l'horreur de la chose, parce que la situation se présentait déjà comme cela, j'avais accepté mon jeu de dés.

Directement je me regardais dans le miroir. L'or qui faisait office de murs me représentait. Toujours pareil, en pire. Je m'approchais doucement de mon reflet et tendais ma main. La surface ondula.

- Pardonne-moi Ophélie, murmurais-je mais tu sauras quoi faire. Tu as ma montre après tout.

Directement en focalisant ma pensée, en plongeant mon gris dans mon gris, je me concentrais et pour la première fois de ma vie devenais Passe-miroir.

*

Je râtais la marche de mon armoire et tombais brutalement sur le parquet de l'intendance. Un craquement se fit entendre au niveau de mon tibia. Un mot tournait en boucle dans mon esprit alors que je tremblais, comme face à la mort.

Cassée. Cassée. Cassée.
Ma jambe était brisée.

C'était un fait irréversible. Je le savais.
Mon souffle était le seul bruit de la pièce sombre, simple et pourtant qui avait été mon antre pendant sept ans, huit mois et cinquante-six jours. Mais plus maintenant, je devais partir. Avec les indices d'Ophélie, je savais que le Pôle ne serait pas le sol que je foulerais plus tard.

Je ne pouvais pas me laisser aller.
Jamais.

Difficilement, la mâchoire serrée, je me traînais jusqu'à mon bureau et prenais appuis pour me relever. Mes membres tremblaient, une perle de sueur glissa sur ma tempe. Puis une deuxième, une troisième. Je sentais mes muscles tirer, les veines pulser contre ma peau.

Je devais le faire.
Maintenant !

Avec ma force mentale j'arrivais à me remettre debout. La douleur était-elle que je voyais flou.

Mais j'avais un plan.
Je devais faire vite.
Parce qu'après tout, malgré toute mon existence, il a fallu une seule personne pour me faire rendre compte que j'étais Humain.

Et comme tout Humain, j'avais mes limites.

Directement je faisais trois pas qui me coûtèrent un effort monstrueux, je prenais un manteau, ma fourrure grise et replongeais dans la glace de mon armoire.

Inutile d'amener mon passé avec moi. Tout objets, personnes, émotions étaient conservés dans le vide de mes paumes.

Parce qu'elles étaient juste là, dans mon esprit. Ma plus grande faculté.

*

J'apparaissais dans une ruelle crasseuse, dernier étage de la Citacielle, là où une vieille affiche s'était décollée et laissait voir un miroir.