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Je suis là, blotti dans mon lit, des larmes silencieuses coulant sur mes joues. La faim me tenaille, mes vêtements sont humides de sueur, et la peur serre mon cœur. Personne n'est venu me chercher depuis si longtemps... Pourtant, je me répète de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit, car j'ai toujours peur que ce soit lui qui vienne, et non maman. Mais cette nuit, je ne peux pas me retenir. Mes cris déchirent le silence oppressant.

Et si mes parents m'avaient abandonné ? Si personne ne venait jamais ? L'angoisse m'envahit à l'idée d'être tout seul pour toujours.

La porte s'ouvre brusquement, un claquement sec qui me fait taire instantanément, car je sais que c'est lui. Je fixe avec terreur les barreaux du lit à travers mes larmes, alors qu'il s'approche comme une ombre menaçante. Son visage, rouge et déformé par la colère, se penche déjà sur moi.

"Tu vas te taire, bon sang !", hurle-t-il.

Je voudrais me cacher sous la couverture, mais je n'y arrive pas. Je savais que j'aurais dû me taire.

Il m'agrippe par le haut du pyjama. En un geste rapide, je me retrouve suspendu dans l'air, mes larmes m'aveuglant. Je peux sentir son souffle nauséabond qui me crie de me taire.

Avec sa main libre, il prend mon cou. Il me fait mal. D'habitude, il ne serre pas aussi fort. Je n'arrive plus à respirer. Il crie, mais je n'entends plus rien. Je ne pense qu'à ses doigts qui se resserrent de plus en plus fort.

Soudain, une porte s'ouvre au loin. Il lâche mon cou. Alors je hurle.

J'entends des pas précipités. Maman apparaît.

"Laisse-le," murmure-t-elle avec peur. "Laisse Kookie tranquille. Je vais m'en occuper."

Elle semble calme, mais je sais qu'elle a peur. Les mains tremblantes, elle les tend dans ma direction. Sans quitter des yeux mon père, elle essaie de me sortir de ses griffes. Je crois qu'elle a peur qu'il me laisse tomber ou resserre mon cou.

"Donne-le-moi. Voilà...", sanglote-t-elle d'une voix brisée.

Elle réussit à m'extraire de ses doigts, et je sais que je suis enfin en sécurité. Elle me serre contre elle pour me protéger, son cœur battant fort contre ma joue. Elle m'a sauvé.

"J'en ai marre !", hurle mon père. "Ce gamin passe son temps à hurler, à pleurer."

"Il a juste faim," tente de l'apaiser maman.

"Je suis obligé de le supporter toute la journée."

"Tu n'as qu'à trouver un emploi !"

Je crois qu'elle a crié ça sans le faire exprès, car elle me resserre encore plus tout en reculant.

"Qu'est-ce que tu as dit ?", tonne mon père.

Je suis collé contre la poitrine de maman pour me protéger de la menace dressée face à elle.

"Va-t'en," hurle-t-elle alors que d'habitude elle est toujours si calme, si douce, essayant toujours de le calmer, de l'apaiser. Aujourd'hui, elle a explosé.

"Que moi je te supporte, d'accord ! Mais là, tu t'en prends à mon fils ! Ce n'est plus possible. Je suis partie travailler ce matin, il est 19 heures, tu l'as laissé toute la journée comme ça ? ! Et tu te plains qu'il pleure ? Mon Dieu, ça dure depuis combien de temps ?"

Je sens son cœur battre à la chamade, je sais qu'elle pleure, alors je me mets à pleurer avec elle.

Je l'entends la frapper, et nous tombons. Je n'ai pas mal, elle me protège de son corps tout en lui hurlant d'arrêter, de partir, parce qu'il finira par me faire mal. Si elle savait...

Puis un autre bruit se fait entendre, comme si on défonçait une porte. Je sors mon visage, jusqu'alors enfoui, et, comme elle, je regarde ce qu'il se passe.

Mon père est à terre. Deux hommes en costume le maintiennent, puis le menottent. Ma mère et moi sommes par terre, spectateurs, autant surpris que soulagés.

"Des voisins nous ont contactés. Ils ont entendu, je présume, votre époux crier, et l'enfant hurler. Vous allez bien ?", demande l'un des hommes en costume.

Maman pleure, laissant échapper toute la peur que je sentais en elle.

"Merci. Il était gentil avant, jusqu'à ce qu'il ait perdu son travail et qu'il se soit mis à boire. J'ai dû le laisser avec lui, tout seul. Je ne pouvais pas faire autrement. Il faut bien que quelqu'un travaille. Je ne pensais pas qu'il lui ferait du mal", explique-t-elle en réfléchissant. "J'y ai pensé, mais je me disais qu'il en serait incapable. C'est de ma faute. Il l'étranglait quand je suis arrivée."

"Calmez-vous."

"Je suis une mauvaise mère. J'essaie de me justifier, mais c'est de ma faute."

"On ne peut pas vous reprocher de travailler. Vous le faites pour votre fils, pour votre famille. On ne peut pas vous reprocher de laisser votre fils à son père pour aller travailler. J'élève seul mon garçon de 5 ans, je sais que c'est difficile. Et puis vous ne pouviez pas savoir qu'il s'en prendrait à lui. Vous allez bien ? Vous voulez qu'on appelle une ambulance ?"

"Non", répond maman en me regardant. "Tout ira bien maintenant. Vous allez l'arrêter ?"

"Oui. Et si vous suivez la bonne procédure, il ne vous approchera plus."

"Je ne veux plus qu'il s'approche de Kookie tant qu'il sera dans cet état."

"Suivez-moi. On va au poste de police... Madame ?"

"Hyunae. Jeon Hyunae."

"Enchanté. Lieutenant Kim. Kim ChulMoon."

do not call me brotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant