Communauté

Physique

Mon téléphone sonna quand j'ouvris mon casier. C'était finalement les résultats de mon Test que j'attendais avidement depuis plusieurs jours. Les directives étaient claires et concises : j'allais marier un certain Philippe Beaulieu, finir ma scolarité à partir de l'année prochaine au pavillon central de la Science, le PCS, et devenir chercheuse en biochimie médicale. Beaucoup de gens serait heureux d'un tel avenir, or je ne l'étais pas. Je ne connaissais aucun Philippe Beaulieu. Je n'avais pas les compétences ni les cours pour être admis au PCS ou devenir chercheuse. J'aurais voulu avoir un petit emploi banal comme infermière ou secrétaire comme Edna. J'avais même reçu un nouvel horaire de cours pour compléter les cours requis. Je n'avais jamais été préparé à cette éventualité, je changeais de cours deux mois après le début des classes. Jusqu'à présent, j'avais suivi un programme pour les élèves moyens et j'allais maintenant être avec l'Élite, la crème de la crème. Je me devais me rendre au secrétariat immédiatement pour effectuer le changement de programme. C'était tout simplement cauchemardesque. Je n'étais pas assez bien pour ce monde. Je me demandais comment j'allais survivre. Je réussissais dans la moyenne dans mes anciens cours. Je n'avais pas les capacités pour devenir chercheuse. C'était l'emploi le plus gradé dans cette discipline. Les notes que je devais avoir... Je ne devais pas paniquer. Je contrôlais ma respiration : respire, expire... respire, expire...

-Viens-tu? On va être en retard au cours, me dit Valérie.

Je connaissais Valérie depuis ma sortie du Centre de Réhabilitation. C'était ma seule amie encore vivante. Elle portait un chemisier rose pastel et une paire de jeans très simples. Toutefois, elle resplendissait de beauté avec sa peau couleur d'ébène. Elle était une beauté insaisissable et tous les garçons lui faisaient de l'œil. Valérie replaça ses cheveux noirs frisés en me fixant.

-Je dois aller au secrétariat. Un truc administratif. On s'en reparle plus tard, dis-je.

-J'espère que tu n'as pas fait rien fait de trop grave Morel. À tantôt.

Elle partit en se déhanchant de façon élégante pendant que je me dirigeai vers le secrétariat. La pièce ressemblait davantage une salle d'attente qu'un lieu administratif. Il y avait une dizaine de sièges blancs vides. Je donnais le message à l'une des secrétaires. Je ne savais pas pourquoi je devais m'y rendre. Ça me mettait assez mal à l'aise de devoir attendre dans une salle silencieuse en entendant seulement des tapements de claviers. Tout était informatisé et tout le monde concerné avait surement déjà reçu la nouvelle par courriel. Étrangement, elle ne semblait pas être au courant des nouveaux événements. Elle me libéra quelques minutes plus tard pour que je me rende en classe. Selon mon récent horaire, mon premier cours était physique dans une classe au deuxième étage. J'entrais dans ma nouvelle classe et tout le monde me fixait en silence. Je figeai intensément. J'étais devant une quinzaine d'étudiants bien habillés et impeccables alors que je portais des jeans déchirés, un chandail uni et une grande chemise à carreaux. Mes cheveux étaient placés en chignon tressé.

-Vous devez être la nouvelle élève. Je suis le professeur M. Jefferson. Assoyez-vous à côté d'un binôme, m'ordonna-t-il.

Je n'eus pas le choix de m'asseoir à côté d'un garçon que je reconnus à contrecœur. Je me dirigeais vers ma nouvelle place en maugréant mentalement. Nous n'avions pas le choix d'être en équipe apparemment et ce fut le seul élève libre. Il y avait une bonne raison à cela, personne ne voudrait avoir ma place. Yeux bleus, cheveux bruns, et visage élégant, Alexander Callaghan était le fils de l'homme le plus important de la Communauté. Viktor Callaghan était le directeur et le représentant de la Communauté. Toutefois, mon futur binôme était l'une des personnes les plus prétentieuses et arrogantes de notre génération. Il pensait avoir tous les droits et tout savoir. Je m'assis sur cette chaise qui paraissait encore plus inconfortable que les autres. Le cours continua, je sortis mon pad d'étude. C'était tout simplement un écran tactile carré. Il avait une allure épeurant pour un appareil électronique de notre époque : des réparations avec du ruban adhésifs gris était présente un peu partout. Il me servait pour accéder aux manuels électroniques, à écrire mes notes de cours, à me connecter sur le serveur de la Communauté et à faire d'autres choses plus ou moins utiles. Je n'avais pas les appareils derniers cris de l'Élite. Elle appartenait surement à quelqu'un dans ma famille, il y un certain nombre d'année. Je n'avais pas de mots pour décrire ce que je ressentais. Je me sentais regarder et fixer.