Prologue

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LES flocons de neige ont une apparence si douce, si pure et si jolie. On dis que chaque flocon est unique, et qu'il ne peut pas y en avoir de semblable. Ils me font souvent penser à des plumes lorsque je les vois lentement tomber, portés par le vent, avant qu'ils n'aillent mourir contre le béton.

Toute chose a une fin selon moi, j'ai toujours pensé de cette manière. Les êtres vivants sont comme des flocons de neige: ils vont et viennent à leur guise, se rassemblent, mais ils finissent toujours par disparaître.

    Je reposais ma boule à neige sur mon bureau avec précaution et je regardais les flocons retomber un à un. C'était la dernière chose que ma grand mère m'avait offerte avant sa mort, il y a deux ans. Elle avait disparu du jour au lendemain, sans prévenir. Maman me répète qu'elle devait probablement reposer au Paradis, cette endroit réservé aux gens bons, mais j'avais du mal à y croire.

Pourquoi y aurait-il quelque chose après la mort ? Je ne voyais aucun but concret dans cette idée. Les choses ne se font pas par hasard, rien n'est là "juste comme ça".

    Je ne croyais également pas aux fantômes ou toute autre forme d'esprit car s'ils avaient existé, grand mère serait venue me voir depuis longtemps... et elle ne l'avait pas fait. N'était-ce pas une preuve assez tangible pour ne pas y croire ? Bon, assez de philosophie pour aujourd'hui car je dois encore me préparer pour le lycée, qui lui, était bien réel malheureusement !

    Comme tout les matins, après m'être préparée, je prenais place autour de la table de la cuisine avec mon déjeuner. J'en profitais pour lire le post-it que ma mère laissait sur le frigo avant de partir travailler. La vue de son écriture fine m'arracha un sourire:

« Bonjour poussin, j'espère que tu as bien dormi. Tu vas en avoir besoin pour affronter le froid glacial dehors... Il y a du verglas donc fais bien attention sur la route, restes concentrée en cours et surtout, dis-toi que ce n'est que le dernier jour avant que tu sois en vacance, donc ne te soucies pas des remarques des mauvaises langues de ton lycée. Ils projettent leur insécurité sur toi, tu le sais ! Restes toujours fidèle à toi même, c'est tout ce qui compte chérie. Je t'aime. Maman »

    Ma mère trouvait toujours les bonnes paroles pour réconforter les gens et les rassurer, ce n'était pas un hasard qu'elle soit psychologue. Je terminais mon petit déjeuner en vitesse car étant donné que c'était le dernier jour de cours, je voulais être en avance pour attendre mon meilleur ami Corey. On se retrouvait toujours près du square à dix minutes de chez moi avant de se rendre au lycée. Jusqu'ici il avait toujours été le premier à arriver. Il allait être surpris que ce soit moi qui l'attende pour une fois !

    J'attrapai mon bonnet et mon écharpe que j'enfilai d'une traite histoire de ne pas tomber malade le jour des vacance, puis je rejoignis le perron. Un frissont traversa tout mon corps. Le froid était si intense que je pouvais sentir mes veines se glacer une par une en dessous de ma peau.

Je ne le savais pas encore tandis que je verrouillais la porte d'entrée, mais le fait de changer mes habitudes allait me coûter cher. Très cher...

    Cinq minutes avant ma mort, je me sentais bien. Trop bien. Peut être aurais-je dû m'en inquiéter ? On dit que la mort ne prévient pas et qu'elle attaque sournoisement au moment où on s'y attend le moins. Ce fut le cas pour moi. Je traversais le passage piéton qui menait devant le square en sifflotant, les écouteurs dans les oreilles, perdue dans un nuage d'insouciance. Je crois même que je souriais comme une bécasse car j'étais contente que Corey ne soit pas arrivé avant moi.

    C'est à cet instant que la Mort surgit. Je n'avais pas entendu les pneus du camion crisser à cause de la musique. Je ne le vis qu'au dernier moment, juste avant qu'il ne me percute. Mon corps quitta le sol et je retombai quelques mètres plus loin.

    Je n'avais ressenti aucune douleur, c'était ça le plus étrange: un camion venait de me percuter de plein fouet et je ne sentais plus mon corps, je ne sentais rien. Je compris à cet instant que je mourrais. La vie s'échappait de mon corps, invisible mais vitale.

    Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Qu'allait devenir ma mère toute seule vu que mon père était décédé à ma naissance ?

    Des centaines de questions affluèrent dans mon cerveau tels des parasites, mon esprit vacillait. Non ! Je ne voulais pas mourir, il fallait à tout prix que je reste éveillée si je voulais survivre.

Corey, Maman, non...

    Ma vision se brouilla malgré moi, et seule mon ouïe resta fidèle jusqu'à la fin. J'entendis quelqu'un crier mon prénom "Amy !" et s'approcher mais il semblait si lointain... C'était comme si j'avais les oreilles bouchées. Puis, le monde commença à s'effacer progressivement, avant que le noir ne m'engloutisse d'un coup.

Je n'avais pas réussi à résister. Il était trop tard pour moi.

Une dernière pensée résonna dans mon esprit en s'éloignant comme un écho tandis qu'il s'éteignait, me plongeant dans le néant total.

Je n'étais plus présente à moi-même.

    Au moins t'es bien arrivée avant Corey c'est l'essentiel. Tu es arriv...

Au-Delà: AuraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant