Chapitre 2 : La tour

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Il était une fois un Donjon. Il fut bâti à la demande de la fée Morgane pour y enfermer sa pire ennemie : Guenièvre. Malheureusement, la jolie fée n'y fut jamais prisonnière. Pourtant, vingt-ans plus tard. Personne n'aurait cru que sa fille y serait jetée. Cela aurait probablement réjouit notre future reine du Nord : Morgane.

Je fus réveillée par un léger rayon de soleil, je ne pensais pas revoir la lumière du jour si vite. J'étais persuadée que l'homme que j'avais rencontré dans ma chambre allait me jeter dans un cachot tout sombre. Cependant, j'étais là, allongée sur un lit pour le moins assez confortable. La nouvelle chambre dans laquelle je me trouvais n'était pas non plus atroce. Néanmoins, la pièce était beaucoup plus petite que mon ancienne chambre. J'étais un peu plus rassurée, la taille de la pièce me montrait assurément que nous n'étions pas dans un château ou dans un domaine. Nous étions dans un endroit surement plus petit, avec moins d'importance.

Le chevalier qui s'était accolé à la meurtrière, s'était vite retourné à la suite des peu de mouvements que j'avais fait. Il avait vite réalisé que je m'étais réveillée. Et sans plus attendre, il s'était rapproché du lit pour me montrer que c'était lui qui mener la danse dans cette pièce.

"Doucement Princesse" Il m'avait rejoint, plus proche de moi, il tenait une dague entre ses mains. Il me menaçait. Il imaginait que j'allais lutter face à lui. Cependant, il n'avait plus à douter, ses tours face aux deux écuyers tournaient encore dans ma tête. Tout ce sang qui avait coulé, cela m'avait répugné. Je n'osais même pas imaginer ma fuite. C'était perdu d'avance. Il m'avait prouvé qu'il était bien plus fort. Qu'il pouvait écraser quiconque, y compris moi.

"J'éviterais d'essayer de vous enfuir si j'étais vous." J'acquiesçais, baissant la tête, son regard noir ne m'attirait en rien. Il me donnait la chair de poule à présent. Je craignais même pour ma famille si elle venait à me secourir. Qui sait ce qu'il était capable de faire. Je devais les protéger. 

"Je ne le ferrais pas." Je tentais de le regarder, droit dans les yeux, mais finalement je ne préférais pas, il puait la magie noire à des kilomètres. Cette fois, j'en étais plus que sûr, il devait être pratiquant, je le sentais. Les réactions physiques de mon corps, lorsque j'étais proche de lui, étaient assez évidentes pour me montrer que quelque chose n'était pas habituel. J'étais le fruit d'un amour magique et pur. Face à lui, qui était tout le contraire, c'était juste que je ressente tout ceci.

"Bien." Il avait rapproché la lame de moi, touchant ma hanche cachée sous la couverture. La pointe était proche de ma chair. Un coup précis suffisait pour me faire saigner. Il continuait de m'effrayée, c'est ce qu'il cherchait. Il ne voulait pas que j'aille contre lui. Que je me révolte.

"Je désire seulement savoir : qu'est-ce que vous comptez faire de moi ?" Un sourire malicieux se délia de ses lèvres rouges. Il ricana à ma demande. C'était un soldat de Morgane. Son armée gagnait du terrain chaque jour et si cette dernière apprenait que j'avais été capturée, elle me voudrait à ses côtés pour se venger. Mon père vivait une vie paisible avec Guenièvre, la femme qui lui avait tout piqué selon les dires.

"Ça princesse, je ne vous le dirais pas." Son sourire taquin était plus grand. Il continuait à me tourmenter. À me prouver qu'il était supérieur. Il ne répondait à aucune de mes réponses pour me laisser perplexe. Je voyais bien qu'il ne voulait pas me divulguer l'avenir qu'il me réservait. Et il réussissait son œuvre. J'avais peur, je ne savais pas ce qu'il allait faire de moi, si mes jours étaient comptés. Ou si d'ici demain, il allait me tuer... sans même rendre mon corps à ma famille. 

Je ne connaissais rien de lui, c'était un chevalier, du Nord. J'étais son ennemie, et d'une valeur inestimable. Il attendait probablement la victoire du Nord sur le Sud pour me jeter dans le château de Morgane. J'allais sûrement finir au bucher ou torturer. Morgane n'était pas connue pour sa gentillesse. À la mort d'Arthur, elle en avait profité pour mettre son plan en action et balayer le Sud. Nos troupes essayaient de la repousser depuis un an maintenant. Cependant, nous devions l'admettre, elle nous écrasait à plate couture.

"Alors quoi je vais restez ici..." Il se rapprocha un peu plus de moi, passant à nouveau sa lame de part et d'autres sur mes hanches, traçant une ligne sur mon bas ventre. Puis il remonta son couteau, observant avec toujours autant de concentration le fer qui pouvait m'assigner un coup fatal. Sa dague remonta mon abdomen, passa entre ma poitrine avant d'arriver à quelque centimètres de ma gorge. Il n'arrêta pas pour autant son petit jeu, il traça la ligne de ma mâchoire. Il s'arrêta sur le haut de mon cou. La lame était fraîche, me donnant le vertige. J'évitais toujours de le regarder, ses yeux noirs hurlaient la mort à des kilomètres, je me demandais bien ce que Morgane trafiquait avec ses chevaliers. Pas étonnant qu'il gagnait, s'ils étaient comme ce jeune homme, ils devaient tous être possédés d'un démon. Ou d'un je ne sais quoi maléfique.

"Vous resterez ici, aussi longtemps que je le voudrais." Sa phrase était sèche, il était sur le point de repartir, me relâchant complétement de l'emprise de sa lame. Mais je rattrapais son avant-bras. Je souhaitais au moins connaître mon sort. À quoi devais-je m'attendre ? Cette attente insurmontable allait me tuer à petit feu. Je voulais savoir combien de jours il me restait. Jusqu'à quand allais-je vivre ?

"Attendez, vous ne comptez pas me laisser ici pourrir éternellement. Non ?" J'étais complètement angoissée à l'idée de rester ici. Il comptait peut-être m'affamer ici, me rendre folle. À m'enfermer dans cette chambre seule. Son regard noir se planta dans le mien et un sourire cruel s'afficha sur son visage. Je pouvais voir au travers de ses iris sombres que quelque chose de grave était arrivé à ce jeune homme. Il respirait le mal, j'en avais une chair de poule à chaque fois qu'il m'approchait. 

"Princesse, c'est moi qui décide de votre sort." Il s'avança tout proche de mon cou, humant mon parfum comme lors de notre première rencontre, puis reprit " croyez-moi, vous êtes en sécurité ici. Je n'eus pas le temps de lui répondre, qu'il était déjà reparti, fermant comme il le faut la porte. Je n'allais pas m'enfuir de si tôt, et par-dessus tout mon destin était bien loin de briller. La vision de ma mère était bien fausse. Je me rappelais encore l'avenir si beau auquel on me prédestinait. C'était sans compter les chevaliers démoniques du Nord.

MordredWhere stories live. Discover now