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Quand je ferme la porte d'entrée, je prends une grande inspiration pour reprendre mon souffle, je me rends compte que j'avais arrêté de respirer pendant ma conversation avec David, je n'arrive pas à expliquer les sensations qui m'ont envahis dès qu'il est apparu sous le porche de la maison, je ne devais pas venir dormir ici, mais en arrivant dans mon appartement, une intuition où je ne sais quoi m'a poussé à préparer un petit sac de voyage et de venir dans la maison.

David est grand, malgré mon mètre soixante dix, il me dépasse de deux têtes au moins, son crâne rasé dévoile des tatouages dont je n'ai pas réussi à voir les motifs à cause de l'obscurité, et ses yeux entre le vert et le jaune m'ont hypnotisés, mais le pire est son odeur, il sent le chocolat chaud, je sais que ça peut paraître ridicule mais j'adore cette odeur, qui me rappelle mon enfance et ma grand mère.
J'enfile mon pijama, et me couche sur le canapé, les chambres n'étant pas encore nettoyé. Malheureusement, ma nuit est faite de cauchemars, je revis mes années de collège où j'y ai subit toutes sortes d'humiliation de la part de mes camarades. Je me réveille en sursaut et en pleures. Je ne sais pas si j'arriverais un jour à oublier, j'espère car ça m'empêche d'avancer dans ma vie sentimentale, imaginant l'homme qui partagerait ma vie finir par me quitter en me disant qu'il ne pouvait pas faire sa vie avec une handicapé comme moi.
Il n'est que 6h du matin, mais je sais que je n'arriverais plus à dormir, je me prépare un café et pars le boire sur le perron.Il pleut aujourd'hui, chose rare ici, mais il fait chaud, comme le porche est couvert je peux rester dehors, sans m'en rendre compte mes yeux se portent sur la maison voisine, j'imagine David nu dans son lit, mon corps réagit aussitôt, mes cuisses se serrent et mon ventre se contractent, moi la petite intello qui ne plaît à personne ressent du désir pour un homme qu'elle ne connaît pas, n'importe quoi!

Je vais prendre une douche, froide, et commencer mon ménage et le tri des affaires de mes grands parents au moins j'aurais l'esprit occupé par autre chose que mon beau voisin.

Vêtu de mon legging, d'un long t-shirt et de mes converses, je commence le rangement, l'émotion me submerge quand des photos de ma mère tombe du livre de chevet de ma grand mère, elle ne sait jamais remise du départ de celle-ci. Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que quelqu'un m'observe.

-Alors c'est vrai? Le canard boiteux est revenue!
-Que fais tu ici Chase? Pars de chez moi.

Même si mon appartement n'est qu'à 20min d'ici, je ne recroise jamais mes tourmanteurs, la plupart non pas quittés cette petite banlieue.

-Je voulais juste de faire savoir que je suis le shérif de cette ville. Et que je vais continuer à m'amuser avec toi, comme avant. Et même si tu es une handicapé, il se pourrait que je te fasse l'honneur d'autres...jeux.
-Sauf que je ne suis plus une enfant, je n'ai pas peur de toi, et je ne suis plus seule à présent.
-Bien sûr, comme si un homme avait voulu de toi. En tout cas n'oublie pas de fermer ta bouche.
-Dégage Chase.

Quand la porte de l'entrée claque enfin, je me maudis de ne pas l'avoir fermée à clé, je suis d'une imprudence inimaginable. Une fois le tri de la maison fait, je ne viendrais pas souvent et heureusement, il me fait peur et je suis convaincu que les autres vont suivre.
Nous n'avons plus quinze ans, pourquoi continuer à me harceler? Je n'ai pas parlé à l'époque pourquoi le ferai-je maintenant?

Les jambes coupées par la peur, je me secoue mentalement pour continuer mon travail, pour finir plus vite et partir plus vite. Même si ça veut dire de ne plus croiser David. De toute façon, je sais que rien ne se passera avec lui, nous sommes bien trop opposés lui et moi.
La journée passe vite, le moindre bruit suspect me fait sursauter et l'arrivée de la nuit me fait peur pour la première fois depuis longtemps.

Café à la main, je vais m'installer sous le porche, malgré l'angoisse de voir arriver mes anciens agresseurs, je ne veux pas les laisser gagner encore une fois.

-C'est un rituel? Le café sous le porche?
-Oui, j'aime le calme de la nuit. Bonsoir David.
-Bonsoir Éloïse. Comment s'est passé votre journée?
-Elle aurait pu être moins stressante, mais je ne vais pas me plaindre et vous?
-Calme, mon travail se passe essentiellement la nuit.
-Oh, et que faite vous?
-Je tiens une boîte de nuit dans le centre ville.
-Donc vous partez travailler? Je peux vous offrir quelques choses à boire avant de partir?
-Je dois y aller, une autre fois peut être?
-Quand vous voulez, bonne nuit David.
-À vous aussi, et n'oubliez pas de tout fermer, les rues ne sont pas sur, même dans une petite ville.
-Oui, j'ai vu ça.
-Vous avez eu un problème?
-Rien de grave, ne vous inquiétez pas pour moi.

Je le regarde monter dans sa voiture, j'ai le cœur lourd. Je me rends compte que je me sens complète quand il est prêt de moi.
Le temps est encore très humide et je crois que nous sommes partis pour quelques jours de pluie.

Après ma douche je prends un livre et pars me coucher, il fait chaud, je retire mon pijama. Sans m'en rendre compte je m'endors, mais cette nuit mes rêves ne sont pas peuplés d'horreurs, mais au contraire de plaisir. De David qui me caresse. Mes seins se tendent et mon sexe s'humidifie, ça semble tellement réel que je finis par jouir. Je ne sais pas si c'est dans mon rêve où dans la réalité mais peu importe c'est bon.

-David...

"Mon autre"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant