Nouvelle n°1-L'océan nous sépare

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Si on m'avait un jour dit qu'hommes et femmes seraient séparés, croyez moi, j'aurais ri.
Mais depuis toujours j'ai vécu ainsi. De ma vie, je n'ai jamais vu aucun garçon. Il faut traverser l'océan pour les voir. Est-ce qu'eux aussi nous voient comme une autre race?
Alice, mon arrière-grand-mère en avait épousé un. Elle m'avait raconté qu'ils s'étaient aimés, embrassés, qu'ils avaient même fait l'amour. Nous on ne fait pas ça, mamie et maman m'ont expliqué que pour se reproduire maintenant, il fallait recourir à un "don". Alors je n'ai aucune idée de qui est mon père et même de... comment on faisait. Les hommes et les femmes homosexuels ont interdiction de se toucher. C'est terrible.
À leur majoritée les femmes, si elles le souhaitent, signent un contrat affirmant qu'elles veulent donner vie à un bébé, et seulement un. Si c'est un garçon, il part et jamais elles ne pourront le revoir.
De ce que l'on m'a dit, la vie est comme avant, avec des maisons, des appartements, des supermarchés, des cinémas.. mais sans hommes, et deux continents nommés Masculin et Féminin.
Personne ne sait qui a instauré tout ça et même si c'est un homme ou une femme. Mais tout ça est arrivé suite à ce que la Terre ait subi un décalement de la croute terrestre, une sorte de séisme dévastateur en 2354 (XXIVème siècle) ayant causé la mort de 5 milliards d'humains, l'extinction de plusieurs millier d'espèces, l'assemblage des continents, la création deux 2 îles et la prise du pouvoir par quelqu'un... ou quelque chose.

Traverser la mer est apparemment impossible, c'est aussi apparemment stupide et inutile. J'ai souvent rêvé que je la traversait pour retrouver mon père même si je suis au courant que c'est insensé, et que c'est bien trop risqué. Mais si aujourd'hui, à ce même moment, j'ai les deux pieds plantés dans le sable et l'eau salée qui me remonte au genoux en me brûlant mes quelques égratignures, ce n'est pas pour admirer l'horizon ou rêvasser. J'y vais. Enfin.
Le paquebot me fixe, remplit de marchandises, navigation automatique, de la nouvelle technologie, pour qu'aucune femme n'aille là-bas. Moi, j'irais.
Deux ou trois filles terminent de charger quelques colis du coffre d'une voiture jusqu'à l'intérieur du bateau.
Je me faufile dans le coffre et ouvre un colis. Rapidement, je retire son contenu et me jette dans le carton avant qu'on ne me voit.
Quelqu'un vient me chercher, j'y suis, je souris. La femme a du mal à me porter et le carton tangue dangereusement, je pousse un crie de détresse incertain avant de me plaquer les mains sur la bouche. La femme s'arrête, elle me pose à terre et ouvre. Je suis fichue. Je la regarde en la supliant des yeux.
-"Toi t'es une guerrière, fait gaffe petite", me dit-elle.
Puis elle referme le colis et me pose dans le navire.
Je pleure de joie.
J'ai réussit.
J'arrive Papa.

***

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