Sous le ciel rougeoyant, de lourdes gouttes martèlent les immeubles abandonnés pour la nuit. Elles traversent les bancs de brume mordorée, les effluves de friture ; elles cognent contre les toits de tôle ; ruissellent contre les murs, au creux des gouttières défoncées, le long des pancartes clignotantes et des lampadaires rouillés ; enfin s'écrasent sur le bitume où de grosses flaques diluent les reflets mouvants et acidulées des néons, des gyrophares.
Sur les trottoirs bondés, les piétons frétillent. Au milieu du tumulte de la circulation et des relents des égouts, ils ne cherchent qu'à se réchauffer. Ils se massent autour des gargotes crasseuses pour engloutir une boisson ou un plat tièdes avant de retourner affronter la pluie.
Depuis la terrasse du plus haut des immeubles, la clameur de la ville est comme assourdie et seules les sirènes de police émanent de temps à autres du bruissement indistinct. Accroupie sur le rebord, une silhouette figée scrute le ciel. Les lumières de la ville en contrebas dansent sur son visage lisse à la manière d'un feu et la pluie rebondit sur sa tête, ses épaules, ses genoux, colle ses cheveux sur ses joues, dégouline le long de son dos. À chacune de ses expirations, des volutes de vapeur s'élèvent de sa bouche pour rejoindre les nuages.
Soudain, alors que la pluie semble se tarir, la porte de la sortie de secours s'ouvre avec fracas sur deux hommes armés qui fouillent les lieux du regard.
Sur son rebord, la silhouette se redresse lentement et s'étire, déliant chacun de ses membres et dévoilant le profil d'une femme mince. Les deux hommes accourent, convaincus de pouvoir la coincer, mais alors qu'ils lèvent leur arme et mettent la femme en joue, celle-ci se retourne avec un sourire, lève les bras en croix et, d'un mouvement souple, se laisse tomber dans le vide.
Bien que la pluie se soit arrêtée, aucun des deux hommes ne parvient à distinguer le corps de la femme en train de chuter et ni l'un ni l'autre ne remarque non plus le corbeau qui plane au-dessus d'eux en tenant entre ses serres une clé en or.
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Texte écrit dans le cadre du petit atelier des mots n°3.
La contrainte était d'écrire un texte à partir d'une musique. Imaginer qu'un film se déroule sous nos yeux avec la musique, décrire le décor, et enfin, faire arriver le personnage principal.
Si je n'avais aucun problème à imaginer plein de scènes, les décrire, ça a été tout autre chose et j'ai passé un temps fou pour ce minuscule texte !!!
N'hésitez pas à ma dire ce que vous en avez pensé et quelles ont été vos impressions. Est-ce qu'on comprend tout ? D'après vous, est-ce que ça aurait dû être plus long ?
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EDIT : voilà à peu près à quoi ressemblait la ville dans ma tête !! C'est Puxy, le centre historique de Shanghai (je connaissais pas avant d'avoir la photo sur mon écran de login Windows XD)
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