L'horloge

Chapitre 1

Cette histoire a commencé un soir où des amis étaient venus pour fêter mon anniversaire. La soirée fut joyeuse, nous mangions et buvions plus que de raison et lorsque je reçus les cadeaux je n'étais plus vraiment en état d'y faire attention.

Le lendemain, alors que je cuvais affalé sur le canapé, je fus réveillé par un bruit régulier. Je cherchais l'origine de ce bruit, tic-tac faisait-il imperturbablement. Mon regard appesanti par le sommeil et l'alcool, fouilla péniblement le fatras laissé par la soirée de la veille. Il se posa sur la table, naviguant parmi les verres encore dressés, au-dessus des assiettes chargées de restes de victuailles, autour des bouteilles à demi-pleines et sur les plats vides. Mon œil sauta tel un fin limier au-dessus du vide entre la table et la commode toujours en quête du bruit inconnu. Tic-tac. Je finis par trouver l'origine du son sur la commode, un gros cadeau encore emballé dans un affreux papier aux motifs géométriques colorés. Satisfait d'avoir trouvé l'origine du bruit, je décidais de me rendormir, je tirais un grand plaid sur moi avant de fermer mes paupières lourdes des excès de la veille.

Tic-tac !

Je rouvrais les yeux et je tournais à nouveau la tête vers le grand paquet posé sur ma commode. Je tentais à nouveau de me rendormir, tic-tac, sans succès. Je me retournais sur le dos et regardais le plafond blanc pendant de longues minutes au son de cet étrange tic-tac. Je trouvais enfin le courage de me lever. La tête me tourna et je dus me rasseoir immédiatement sur le canapé, quelle gueule de bois ! J'avais la gorge sèche, les membres en coton et un mal de crâne lancinant.

Tic-tac !

Ma deuxième tentative me permit de me redresser et j'avançais péniblement vers la commode en m'appuyant aux murs. Tic-Tac. Un tantinet pénible ce bruit. Je pris le paquet, je tirais une chaise et je m'assis. Tic-Tac. Je déchirais le papier cadeau aux motifs géométriques étranges. Je découvrais alors avec émerveillement une superbe horloge aux ors éclatants. Trois aiguilles de tailles différentes tournaient à des rythmes distincts autour d'un cadran blanc sur lequel étaient disposés des chiffres romains noirs. J'étais ébahi devant un objet aussi magnifique. Je posais l'horloge sur la commode et je me mis à fouiller parmi les bouts de papier cadeau pour trouver le nom de l'ami qui me l'avait offert.

Tic-Tac, l'horloge se rappela à moi et je me retournais à nouveau pour la contempler avec un mélange d'admiration et de... malaise, sans comprendre pourquoi. Mais un aussi beau cadeau devait valoir cher et c'était sans doute cela qui était l'origine de mon malaise, je devais être un peu gêné que l'on me fasse un tel cadeau. Je restais là assis comme hypnotisé par les mouvements saccadés des aiguilles au noir éclatant.

Tout à coup, je repris mes esprits et je me levais comme un diable de sa boîte. Je clignais des yeux et je regardais aux alentours comme au sortir d'un rêve. Mon cœur battait à tout rompre et j'étais comme sous l'emprise d'une subite montée d'adrénaline. Mon cœur se calma et je me dirigeais vers la cuisine. Je sortais une grande tasse d'un placard et je me préparais un café. Pendant que le noir liquide gouttait dans le blanc récipient encore vide, je l'entendis à nouveau. Tic-tac. L'horloge était belle mais décidément ce tic-tac était vraiment pénible.

Je prenais mon café debout dans la cuisine en regardant par la fenêtre l'agitation de la ville déjà éveillée. Les passants vaquants à leurs occupations, le tintamarre des voitures, un scooter se traçant un chemin à travers la circulation...

Tic-Tac.

Je passais ensuite à la salle de bain pour prendre une bonne douche. Je fis couler l'eau fraîche durant de longues minutes. Je m'habillais prestement et je passais rapidement entre la commode et la table encore en désordre. Tic-tac. Je sortis pour me dégourdir les jambes et prendre l'air en espérant que cela améliorerait mon état.