Between purple and white.

La foret.

Lorsque l'aube pointa dans l'horizon, la blessée arriva à l'orée du bois. Une demie heure passée à marcher péniblement, elle s'écroula de fatigue sur une souche d'arbre non loin d'elle.

-« Je ne tiendrais pas longtemps dans ces conditions » Dit-elle à haute voix tout en regardant autour d'elle. Rien. Des arbres. Des brindilles mortes enlacées de feuilles mortes également. La mort rôdant sous le couvert des arbres, leur feuillages telles les mains de la faucheuse.
Pas un son ne se dégage du bois, seul le bruit du vent jouant dans les branches.

Est-ce le meilleur itinéraire ? Et si il y avait des bêtes sauvages... Cette pensée l'obsédait lorsqu'elle trouva le courage d'y pénétrer.

Elle se glissa entre deux saule pleureur, évitant une racine sortant du sol. Son regard se posa sur une petite araignée faisant son chemin entre les feuilles mortes au sol. ( Même si je n'aime pas ces bestioles, elles au moins ont la possibilité de se faufiler dans cette fichue forêt sans craindre des bêtes telles que les loups.. )

Prudemment elle continua son périple à travers les arbres, ils étaient tellement grands et touffus que seuls quelques rayons les plus téméraires réussissaient à se frayer un passage jusqu'au sol. Rendant cet forêt encore plus lugubre. Toujours aucun son, mise à part le vent et le bruit de ses pas, écrasant quelques branches sèches et tas de feuilles mortes. Toujours la mort. La seule âme était la sienne et celle de l'araignée rencontrée plus tôt.
( Je ne sais pas où je vais, mais d'un côté, je n'ai pas de carte ni de quoi me repérer... Je dois être entrain de rêver, pourtant la douleur dans ma jambe me semble trop réelle et douloureuse pour n'être qu'un rêve. Alors où suis-je ? ) Le cerveau de la jeune femme tournait à cent à l'heure.

Une heure cetait écoulée ou bien deux. Elle avait perdu la notion du temps autant qu'elle était elle-même perdue.

-« Bonjour. » Une voix profonde, dure. Tranchante, la fit sursauter. Un frisson glacé glissa de ses cervicales jusqu'au bout de sa colonne vertébrale. Figée, les sens en alerte elle tourna lentement dans le but de trouver l'origine de cette voix.
Rien. Avait-elle rêvée ? La douleur lancinante de sa jambe droite mêlée à son épuisement mentale et physique lui faisait elle entendre des voix ?
Elle reprit sa route prudemment tout en tendant davantage l'oreille.
Pendant plus d'une heure seul le bruit de ses pas retentirent aux alentours. Toujours aucun signes de vie, ni de point d'eau, ou bien...

Un son. Lointain, un bruit de délivrance. Elle s'orienta du mieux qu'elle le pu et mit le cap sur ce doux son.
Elle finit par la voir, à travers les feuillages tombants d'un arbre, cachées derrière un buisson touffu, le son cristallin d'une eau douce, froide comme la mort, tranchante comme une lame. L'eau d'une cascade. Illumination, inondée de lumière, les arbres ne pouvant cacher le soleil.
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Ses pieds rencontrèrent l'herbe verte recouverte d'une fine pellicule de rosée matinale. L'odeur de cette étendue verte lui chatouille les narines tandis qu'elle se rapproche doucement de l'étendue d'eau.
S'agenouillant du mieux qu'elle le pu, y glissant ses doigts réprimant une grimace au contact mordant de l'eau glaciale. Elle la porta néanmoins à sa bouche, appréciant la sensation de fraîcheur descendre jusqu'à son estomac.
Je ne rêve pas.. Toutes ses sensations, comment est possible..
-« Comment est-ce possible, je.. Je ne me souviens de rien, mais quelque chose me dis que ce n'est pas normal.. » dit-elle à son pâle reflet, une grenouille multicolore croassa en réponse à ses réflexions, faisant sursauter la rêveuse. Cette dernière jeta un regard surpris à sa seule compagne, elle pu la détailler sommairement avant que cette dernière ne rejoigne les profondeurs de la cascade. Elle était multicolore... mais toute en transparence elle avait pu voir son coeur battre... ses os...
Elle écarquilla les yeux, clignants plusieurs fois. Non... Je.. Que.. Mais qu'est-ce que c'était cette horreur.

~~~~~~

La première sensation qui lui vient est l'herbe tendre sous son corps, la douleur dans sa jambe.. Elle ouvre enfin ses yeux.
Elle n'avait pas pu s'empêcher de s'allonger, s'étant glissée dans un profond sommeil sans même s'en rendre compte.
-« Tu te réveille enfin. Encore un peu et j'aurais pu penser qu'un cadavre se tenait devant moi. »

Elle se releva en quatrième vitesse sur ses mains, assise elle regarda autour d'elle. Personne.
-« Où êtes-vous ? Qui êtes vous ? Pourquoi me suivez-vous ? » Le fléau de mots qu'elle laissa couler sur sa langue resta sans réponse. Elle injuria le silence et se remettant difficilement sur ses pieds. Croissant ses bras sur sa poitrine, elle reprit d'une voix plus posée qu'elle se serait cru capable dans ces circonstances.
-« Ca suffit, montrez-vous. »
Un mouvement au coin de son œil gauche. Une ombre se détachant du couvert du bois.

Une abomination.
Son cri mourut dans sa gorge avant qu'il n'ai pu franchir la barrière de ses lèvres.
Elle vit la mort tendant ses mains griffues sur elle.