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"I don't care who you are, if you successfully play the music of my heart, then I will love you" - Dandelion

Tous les jours, il l'entendait. Une magnifique mélodie, faisant vibrer son cœur d'émotions. Les notes s'enchaînaient, les rythmes s'accumulaient et lui, il écoutait. Un jour, c'était une musique triste, le lendemain c'était une musique gaie. Il aimait arriver en avance au conservatoire rien que pour écouter le pianiste. La porte était à chaque fois close, laissant la liberté à son esprit d'imaginer l'artiste. Il s'imaginait un vieil homme en costume, perché au dessus des touches, vivant rien que pour le piano. Il s'imaginait aller le féliciter tellement il jouait bien.
Quelle ne fut pas sa surprise, un jour, lorsqu'il entendit une voix s'élever de concert avec la musique. Une voix de femme. Bien sûr, cela aurait pu être une accompagnatrice mais il savait au fond de lui que le pianiste était en réalité une pianiste à la voix d'ange. Il était envoûté, il rêvait d'ouvrir la porte et d'étreindre la virtuose.

La porte était ouverte en ce jour de canicule. Son cœur battit plus fort, il hésita, trépigna, se dandina et osa. Ce fut furtif et il ne vit qu'une silhouette. Il recommença. Plus longuement. Une cascade de cheveux châtains coulait le long d'un dos beige. Il voyait ses doigts parcourir le piano, il sentait l'intensité et la passion qu'elle mettait dans sa mélodie. Elle ne faisait pas qu'interpréter un morceau, elle le vivait.

- Je peux t'aider ?

Il ne l'avait pas entendu finir sa chanson, perdu dans ses pensées et il sursauta comme pris en flagrant délit. Il rougit, marmonna et réussit à former un flot de mots cohérents.

- C'est... vraiment très beau.

- Merci.

Son timbre de voix le surprit. Elle avait une belle voix, légèrement grave, qui le fit frissonner.

- Comment t'appelles-tu ?

- Moi ?

Ses lèvres roses frémirent esquissant un doux sourire.

- Oui, toi. Qui d'autre ?

- Je m'appelle Julien. Et toi ?

- Candice.

Il se sentait idiot. Devant elle, il n'arrivait pas à penser normalement, ses pensées étaient envolées. Pourtant ce n'était pas un jeune homme de 20 ans timide. Ça non ! Il était plutôt franc et courageux. Mais devant les yeux marrons extraordinaires de son interlocutrice, il perdait pied.

- Je vais continuer à jouer alors. Tu peux t'asseoir si tu veux.

Il s'assit et écouta les musiques défiler. Une heure s'écoula ainsi. Ce n'est que lorsqu'un jeune garçon entra dans la salle qu'il prit conscience qu'il avait raté une demi-heure de son cours de théâtre. Le jeune homme prit la jeune fille par la main et ils s'en allèrent. L'humeur de Julien était au plus bas. Il repartit chez lui et réfléchit. Il réfléchit durant la nuit, le lendemain et la nuit du lendemain. Il en arriva à une seule conclusion : demander à prendre des cours de piano avec elle.

Qu'est-ce que cela lui coûtait de demander ? Il se répétait cette phrase comme un mantra pour se donner du courage. Devant un public, il n'avait jamais stressé. Et voilà que pour aller voir une fille, ses mains étaient moites, sa respiration saccadée et son cœur agité. Il ouvrit la porte et il vit les épaules de Candice se soulever sous le sursaut.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.

- Ce n'est pas grave.

- Je voulais te demander quelque chose.

- Bien sûr, je t'écoute.

Elle inspirait le bonheur, la douceur, l'attention. L'amour.

- Voudrais-tu me donner... des cours de piano ?

Si elle eut était étonnée, elle n'en laissa rien paraître. Elle réfléchit et ouvrit la bouche pour formuler ses quelques mots qui suffiraient, pourtant, à rendre heureux Julien pour toute une vie.

- Je pourrais t'en donner mais le jeudi soir seulement. Ça t'ira ?

Il s'empressa de hocher la tête. Il restait stoïque, pourtant un feu joyeux s'était animé en lui.

Un Amour MusicalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant