II- Fantasy prompt: steampunk

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Paris, année 1888.

La nuit est tombée, épais voile noir moucheté d'étoiles recouvrant l'entièreté du pays. Sur les pavés se dessinent les ombres des passants, découpées dans les reflets de lumière des becs de gaz. Les larges voies sont traversées par des automobiles à vapeur, des omnibus à quatre étages ainsi que des fiacres, tirés par des Umadō. Ces immenses chevaux, vêtus d'une armure de bronze richement décorée font l'objet de nombreuses admirations. Partout on chuchote, pointant du doigt le poli du métal finement ciselé, l'or des ornementations, qui se découpent en entrelacs dorés sur la surface sombre du bronze. Ils avancent d'un pas rapide et régulier, sans hésitation ni fatigue apparente. Cela fait pourtant des jours et des nuits qu'ils traînent les fiacres, traversant la ville de part en part sans manger, sans même boire une seule goutte d'eau. Seul leur ont été administré une dose d'imperium, un liquide ambré aux reflets d'ors et de carmins, qui coule dans leurs veines et leur donne cette incroyable force et endurance. Cette petite touche nostalgique des anciens transports attire l'attention des nombreux villégiateurs, venus visiter l'une des plus grandes villes industrielles du monde. Les rues sont encombrées de passants de tous âges, de tous genres et de toutes classes sociales; partout l'on se presse, les belles dames de Paris aux vêtements luxueux sous lesquels elles dissimulent leurs armes, les prolétaires au fusil chargé, les gamins qui jouent au cerceau et se faufilent entre les adultes avec espièglerie, un poignard accroché à leur ceinture.

Tous évoluent dans différentes directions, empruntant d'étroites venelles qui s'enfoncent entre les bâtiments de brique, grimpant aux nombreuses échelles qui mènent aux différents niveaux de la ville; les maisons, les usines, les petits commerces et les grands magasins se bousculent et s'entassent les uns contre les autres, formant un chaos ordonné percé d'ouvertures où se faufilent les ponts ferroviaires et, plus bas, les routes sans cesse empruntées par les transports en communs.
Tout ce petit monde bondit, escalade, progresse avec une agilité transcendante, fait l'acrobate et joue à l'équilibriste sur le faîte des maisons. Cela semble sens dessus dessous, désordonné, et pourtant à l'instar d'un engrenage tout est à sa place, chaque pièce et chaque rouage permettant à l'autre de fonctionner, chacun s'affairant à ses affaires de jour et de nuit, animant les rues et remuant les moindres recoins de l'immense machine ronronnante qu'est Paris, la ville qui ne dort jamais.

Plus bas, dans les profondeurs des égouts où
croupissent les eaux usées et survivent les rats et les crocodiles, il règne un silence inquiétant, où se fait soudain entendre un bruit de pas. Oikawa et Kageyama progressent avec prudence, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les galeries lugubres aux murs moisis d'humidité. Ils s'approchent de plus en plus de leur cible et une sensation désagréable s'installe dans le ventre d'Oikawa. Il jette à multiples reprises un coup d'oeil à son compagnon, hésitant à formuler ses inquiétudes à voix haute. Mais finalement, n'y tenant plus, il demande:

— Tobio-chan, attend une seconde.

Le dénommé Tobio s'arrête, les sourcils froncés. Oikawa inspire, rassemble tout son courage et hasarde:

— Tobio, est ce que tu es bien sûr de–

— Vouloir t'accompagner ? Le coupe Tobio, roulant ostensiblement des yeux. Oui. Ma réponse est toujours oui. Tu m'as déjà posé la question quand on a choisi cette mission. Et tu me l'as redemandé lorsqu'on est parti de chez Iwaizumi-san. Et tu as recommencé, il y a à peine vingts minutes !

Oikawa reste un instant silencieux, perplexe. Radotait-il depuis le début, sans même qu'il ne s'en rende compte ?

— Tant que ça ?

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 03, 2019 ⏰

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