Danse Macabre

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Il était tard, presque vingt-trois heures si je me souviens bien. C'est à ce moment que je l'ai entendu. Le son était cristallin, harmonieux et régulier. Il semblais provenir de dehors, j'ai alors pensé qu'un voisin avait acheté l'une de ses antiquités, ... comment on les appelles déjà ? Ah oui ! Un Carillon, ces petites sonnettes placées au dessus d'une porte ou dans un jardin ...

J'étais alors dans mon lit, et je me réveillais juste d'un doux rêve. Je me redressai, et esquissai un regard par la fenêtre. Je la vit alors. Belle comme le jour, comme un soleil dans cette nuit hivernale, portant une veste marron et des bottes noires usées par le temps et les intempéries. Toutefois, ce n'était pas elle qui m'intéressait. Mon orientation sexuelle, différente et semblant pouvoir justifier de nombreux problèmes, me retirait toute attraction envers les femmes. La personne qui retint mon regard était l'homme derrière elle. J'ouvris la fenêtre et passai ma tête par l'extérieur, afin de l'admirer sous la lueurs du croissant de lune.

Son visage, enfoui sous un épais capuchon, m'était interdit, de par la distance et l'obscurité, mais sa démarche était facinante. Tout ces gestes l'étaient. Ce même capuchon était le morceau d'un chaperon noir comme les ombres de la nuit, et le faisait presque disparaître dansl'obscurité des immeubles. Ses bruits de pas étaient inaudibles, camouflés par ceux de la femme dans la neige.

Je restai ainsi à le regarder, quelques secondes qui semblèrent des heures. Le carillon sonnait toujours, et celui-ci se faisait plus bruyant, mais rien ne pouvait détacher mon regard de la grâce et de la perfection de cet homme.

Seulement, ce tableau onirique se vit brisé. L'homme, sans un bruit, s'était approché de la femme et dans un mouvement précis et calculé, il sortit une lame et l'enfonça dans la gorge de la femme. Ses cordes vocales devaient êtres sectionnées car elle bougeait, tentait de se débattre mais sans aucun cri. Sa bouche, grande ouverte, semblait brasser l'air. Puis, comme si le temps c'était figé ... le carillon cessa au meme instant que les gesticulations de la femme.

J'etais choqué, et assez effrayé, mais je ne comptais pas appeler la police. C'est comme si mon corps refusait de de mouvoir. Ce que je ressentais pour cet homme... était indescriptible. Comme de l'attirance ... Mélée a une grande crainte...

Après plusieurs secondes d'un enlacement macabre, dont je jalousais le cadavre, L'homme la hissa dans son dos et se rapprocha du flanc d'une maison où il disparut dans l'ombre, comme un spectre disparaît après avoir établi sa vengeance.

Seulement, alors que je refermais la fenêtre, un objet traversa celle-ci et vint se planter dans le mur. Je fermais les rideaux filtrant la lumière des lampadaires et m'en saisit. C'était une lame. La même que celle dont c'était servi cet inconnu. Une fine couche de sang la recouvrait, et un mot était empalé sur celle-ci.

«Quelle jolie chemise. »

Interloqué, je ne sentis même pas la lame glissant sur ma jugulaire, laissant s'écouler mon sang, comme un portail pour la Mort

Le carillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant