Elle était assise sur ce banc depuis des heures déjà. Du moins, c'est ce qui lui semblait, car en effet, cela ne faisait que trois quarts d'heure. Trois misérables quarts d'heure. C'est fou ce que le temps peut sembler long dans les pires moments. Comme d’habitude, elle avait préféré fuir. Sa famille, rongée de l'intérieur, se détruisait à petit feu. Une semaine, premières disputes. Un mois, claquements de portes. Un an , ou peut-être juste un autre mois ? Divorce, frère qui tourne mal, parents de plus en plus distants, et des engueulades toujours plus fréquentes et plus marquantes.
Elle regrettait, elle, assise sur son banc, a gauche, ce petit coin qui lui avait si souvent servi de refuge dans ces moments de décadence et de ruine. Dans ces instants de faiblesse, ces amis étaient présents, un coup de fil, un face time, ou juste quelques messages, Mais pas aujourd’hui. Le début de vacance causait l'absence des uns, l'heure tardive était synonyme du sommeil des autres.
Elle, sur son banc, du côté gauche, celui tout juste éclairé par la lumière du lampadaire, avait décidé de faire une partie d’échecs en ligne. Elle était presque experte, après les nombreuses heures qu'elle avait passé sur ce petit promontoire, à vouloir oublier tout ses problèmes, et s’extraire encore et encore de cette triste réalité.
Après une énième partie, elle l'entend. Un petit bruit cristallin et régulier. Souvenirs nostalgiques de nombreux étés. Ces étés où l’on reste là, à ne rien faire, avec juste le plaisir d'être en famille et au soleil, boisson fraîche en main. Souvenir nostalgique de ces petites boutiques artisanales regorgeantes de trésors, où l’entrée produisait ce petit bruit singulier et agréable.
Elle ne se demandait pas d’où pouvait provenir cette mélodie, des tas de gens possèdent ce genre de carillons. Elle, elle en profitait juste. Dans son refuge, elle l'écoutait, calmant sa peine et sa peur. Elle n'entendit donc pas les pas qui se rapprochaient d’elle, masqués par ce petit jouet. Elle ne vit pas s’approcher cet inconnu, dans cette rue mal famée, peu encline au passagers. absorbée par les derniers coups avant cet échec et math décisif, elle fut surprise de le sentir s'assoir a côté d'elle.
Elle l’ignora. Assez introvertie, jugeait que si discussion il devait y avoir, il devrait la lancer. Elle redémarra donc une partie. Un jeu d'enfant ! L'adversaire lançait des coups au hasard, sans réfléchir, au vu de la vitesse de sa réaction. En jetant un coup d’œil, elle se rendit alors compte que cet adversaire n'était autre que son voisin de banc. Qu’elles étaient les chances que cela arrivé ?
Elle démarra une nouvelle offensive. Une fourchette royale, pour en finir rapidement, suivie par un échec et maths. Mais au dernier coup, cet assaut final qui devait signer la fin de cet individu déplaisant dans son inaction, un bug. Un simple « bug de chargement ». Quelques secondes, puis une minutes , deux minutes…
Mais au moment où le jeu revint, la configuration avait totalement changée. Des pions éliminés étaient revenus, d'autres avaient juste disparu et presque tous avaient bougés. Il, car elle savait que c’était lui, avait piraté le jeu, elle en était sûre, et elle l'avait mis dans cette position très désagréable, cet échec et maths reconnaissable entre tous.
Elle se retourna d'un mouvement bref. ‘’Il‘’ la regardait. Un simple scintillement dans ses yeux cachés Dans l'ombre d'une capuche. un mouvement brusque et inattendu. Un baiser, qui la laissa paralysé de surprise. Suivi d'un picotement au niveau du cœur … était-ce donc cela ? L'effet d'un baiser ? Les sentiments ressentis ? Son premier baiser.
Elle sentait ses forces la lâcher, comme ci celles-ci coulaient a flot. En effet. Cet inconnu lui avait laissé comme une trace indélébile , ancrée dans son esprit, dans son corps, dans son cœur. Un souvenir qui prenait la forme d'un couteau. Un baiser de la mort.
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Le carillon
Mystery / ThrillerLes carillons. Petites sonnettes en amont d'une porte, dans les boutiques, dans un jardin ... Douce mélodie pour les uns , assourdissante cacophonie pour les autre. Ce petit objet prêtera son nom, le temps d'un histoire ou deux, a un réel Bourreau d...