Nobody Knows My Pain

Chapitre 1 partie 1: Ligne de vie

    Bonjour, je me présente je suis Lucille. Je suis une adolescente parmi tant d'autres, du moins c'est ce que j'espérais. Comme tout le monde, j'ai des rêves et des attentes, tous aussi secrets les uns que les autres. Certains vous diront que je suis plutôt discrète et d'autres, que je suis pleine d'entrain et de folie. J'ai donc deux facettes et je les utilise en fonction de la personne en face de moi. Je suis le genre de fille calme, très calme même mais ma quiétude me porte parfois préjudices car j'exprime peu ce que je ressens et ce que je pense. Ma vie est basée sur le refoulement de mes sentiments, par pure peur de moi-même. Ridicule? Oui ça l'est. Si je le sais pourquoi je continue? Tout simplement parce que c'est devenu une habitude.
《- Oui mais est-ce que tu te rends compte que ce genre de comportement est néfaste pour toi, tu te sens seule et tu peux tomber malade, finir dépressive ou pire》.
Oui, je le sais. Merci du conseil mais c'est juste plus fort que moi.

    Je suis passée par plusieurs stades dans ma vie. Je n'ai pas toujours été comme ça, j'ai même été tout l'inverse d'aujourd'hui, impulsive, colérique, jalouse, arrogante et haineuse. Je détestais le monde dans lequel nous sommes, je détestais tout simplement la race humaine, je me détestais. Vous devez sûrement vous demander comment j'ai pu être ainsi. Je l'ai été tout simplement parce que je n'ai pas su faire les bons choix ni me remettre en question. Comme tout le monde, j'ai fait énormément d'erreurs, des erreurs que je paierai toute ma vie. Tout choix ou acte a des répercussions sur le futur.
    J'ai eu le malheur de croire en quelque chose d'impossible, la fuite de la réalité. J'ai voulu fuir mes racines mais elles m'ont rattrapées. J'ai voulu fuir mon père, un homme au caractère bien trempé et avec qui je m'entends que très peu, alors je suis partie. Le seul problème c'est que ça ne s'est pas passé comme prévu. Tout devait être simple et sans prise de tête. Ce soir là, mon père avait reçu une lettre de ma mère en lui expliquant mon départ et mes "raisons". Il s'est énervé et la situation a dérapé, j'ai été reniée, humiliée et insultée. Je n'étais pas censée pleurer ni rester bouche bée et encore moins apprendre que ma vie aurait pu avoir un tout autre sens, apprendre sur un coup de tête, que j'ai un demi-frère à peu près âgé d'une vingtaine d'années qui s'appellerait Dany que je ne verrai probablement jamais. Tout ça parce que j'ai prétendu vouloir rejoindre Cédric, mon autre demi-frère, du côté de ma mère que je considère comme frère à part entière car j'ai grandi avec lui, mon père l'a élevé et nous sommes très liés. Je n'avais que ça pour excuser mon départ mais la vérité est tout autre. J'ai tout simplement peur, peur de l'homme qu'est mon père. Il est violent, alcoolique et n'hésite pas à rabaisser les gens dès qu'il en a l'occasion juste pour se valoriser et montrer qu'il est meilleur que tout le monde. Il est passionné par le harcèlement moral et mieux encore, me mettre la pression constamment à la moindre petite erreur que je peux faire.
    J'ai donc fui, le plus loin que je pouvais, j'ai pris le train pour 500 kilomètres, pour rejoindre ma mère.

   A la gare et plus précisément dans le train, j'ai pris conscience du choix que j'ai fait et qu'il était trop tard pour revenir en arrière. Cinq minutes après le départ du train, j'ai aperçu ma grand-mère, la femme de ma vie, agitant un mouchoir blanc à sa fenêtre comme pour dire 《Je sais que tu es là, Tu vas me manquer. Fais bon voyage.》. Je n'ai pas pu retenir mes larmes, j'ai pleuré devant tout le monde, avec presque toutes les personnes dans les environs me fixant comme une bête de foire. Je m'en suis voulue d'avoir abandonné ma famille, un père que j'aime malgré tout, un grand-père mourant atteint du cancer et une grand-mère qui tient à moi comme son propre enfant. A bout de force, je me suis endormie. Je me suis réveillée non loin de mon point d'arrêt : c'est le début d'une nouvelle vie.