J'avais mêlé Kamelia dans l'histoire, plus ou moins, sans qu'elle s'en rende compte. Je jouais un double jeu où avec elle et le reste de la classe et du bahut, je le critiquais ouvertement sans peser mes mots et je gueulais haut et fort que je voulais pas de lui dans ma vie, tel un déchet et quand j'étais avec lui je jouais la gentille petite copine qui ne voulait pas être vue aux yeux de tout le monde. J'étais hypocrite avec lui, avec Kamelia et avec moi-même, la honte. La "supercherie" a été révélée. Bref, j'ai fini avec Alexandre.
Je suis restée presque 3ans avec Alex, des années assez compliquées. Le début, comme toute relation, c'est l'amour fou. Les erreurs du passé ne faisaient pas surface, elles étaient comme oubliées, comme n'ayant jamais existé. Durant ce temps passé avec lui, j'ai vécu des hauts et des bas, autant que tout le monde. Cependant quelques moments resteront gravés dans ma mémoire. J'ai passé d'excellents moments avec lui, je ne peux pas les renier et ils font parti intégrante de moi, ils font de moi qui je suis aujourd'hui. Evidemment, j'ai fait La Première fois avec lui (pas dans de bonnes conditions vis à vis du lieu, c'était là où on se voyait tout le temps en dehors du bahut c'est-à-dire sous un espèce de pont au milieu de bambous, dans le passage d'une rivière à sec et entre nous, la première fois n'est jamais la meilleure si ce n'est pas la pire). Je me sentais prête et sûre de moi. A la suite de cela c'était un enchaînement de bonheur. Cependant, la haine revenait de plus en plus de mon côté, j'étais jalouse d'une fille à qui il se confiait. Dans mon sens elle prenait trop de place dans notre vie de couple. Je doutais de moi, de mes capacités et de son amour pour moi. Un soir, pour une énième prise de tête suite de ses discussions avec cette fille, la tentation a été trop forte, j'ai fouillé sa messagerie sur ces réseaux sociaux et j'ai donc lu les conversations qu'il entamait avec elle. J'ai perdu le contrôle, je suis devenue folle, ma jalousie du fait qu'il ne me disait rien et qu'il disait ça à une fille m'a fait perdre les pédales. Je frappais les mûrs, je pleurais sous les nerfs. Ces messages (qui n'étaient pas très cool à mon sujet) tournaient en boucles dans mon cerveau, me rendant toujours plus insensée, jusqu'au moment où je l'ai appelé entre deux sanglots, respirant à peine, utilisant mes dernières forces pour l'insulter de tous les noms et en lui avouant que j'avais eu accès à ses réseaux sociaux. J'ai eu le droit au 《t'as des problèmes pauvre folle, va te faire soigner!》 Il avait pas tord, j'avais réellement des problèmes psychologiques d'envergure majeure. Me mettre dans ces états n'était absolument pas normal. Je suis incapable d'expliquer ça, était-ce à cause des événements familiaux vécus auparavant? Bonne question.
Je fumais plus, toujours plus en espérant me calmer, oublier cette vie que je considérais comme n'étant pas la mienne, c'était mon corps, mon esprit mais ce n'était pas moi. J'avais tellement été endurcie avec mon passé, mon harcèlement qui avait duré plusieurs années : j'étais humiliée et frappée car je ne rentrais pas dans le même moule que tout le monde, j'étais très petite et j'avais toujours d'excellentes notes sans jamais réviser à la maison contrairement aux autres, considérée comme l'intello. En plus de ça je portais des lunettes et j'avais pour habitude de me faire une queue de cheval et une frange droite. J'avais également une dentition catastrophique (on m'appelait castor), ce qui poussait encore plus le cliché, de plus comme déjà dit mon père me mettait toujours la pression, je me devais d'être toujours au top sur tous les plans (ou presque). Je devais être agréable, intelligente, sportive et cela toujours avec le sourire même si c'était compliqué sur le plan physique et moral. Le seul moyen que j'avais à l'époque pour passer au dessus de tout ça, c'était l'équitation.Je me sentais libre, comme en fusion avec ma monture chaque galop. Quand je sautais les obstacles, je sentais l'air sur mon visage et la pression de la chute. Cette sensation n'avait d'égal, j'étais heureuse de cette douceur et de ce stress en même temps. Evidemment, j'ai déjà fait des grosses chutes où je me suis vue mourir sous le poids du cheval, la cage thoracique écrasée par les sabots mais ça ne m'empêchait pas de remonter à cheval et de continuer de sauter et de sentir toujours plus augmenter la pression à chaque fois que l'obstacle était haut. Je faisais d'ailleurs des concours, je suis montée jusqu'aux régionaux mais je n'ai pas continué des suites de mon départ chez ma mère. J'aimais les chevaux fous, difficiles à maîtriser qui ruent et vrillent au moindre faux mouvement, je pouvais montrer une fermeté que les autres n'avaient pas, un total contrôle de mes émotions et de mon stress, qui n'existait pas dans ces moments là. Je n'avais pas peur de mourir car je faisais ce que j'aimais de tout mon cœur. Cette sensation me manque terriblement, cette liberté de mouvement et ce danger tel un roller coster sans fin.
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Nobody Knows My Pain
No FicciónLucille, une adolescente voulant fuir sa triste vie, a fait un choix qui a tout chamboulé dans sa vie, partir loin de sa ville natale. Cette histoire raconte son parcours pendant 6 ans. Elle sera mise à l'épreuve. Entre rencontres, amitié et études...