Chapitre 1.

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Presnel foulait la sol en soupirant. Ses chaussures avaient presque rendu l'âme, mais ce n'était pas tant ce détail qui le dérangeait. Demain, il allait intégrer un nouveau lycée. Trente minutes de marche, une heure de bus, puis de nouveau dix minutes de marche. Il espérait seulement que son téléphone tiendrait le coup pendant le chemin du retour. Sans musique, il allait déprimer, c'est sûr. Il arriva devant un vieux bâtiment. Il l'avait connu toute sa vie. Il vivait ici depuis qu'il était né. Dix étages, il avait de la chance de vivre au rez-de-chaussée. Enfin, de la chance, c'est aussi là où il y avait le plus de bruit. Son appart' était juste en face de la cage d'ascenseur que tout le monde prenait. Il pousse la lourde porte en ferraille et met immédiatement ses mains devant son nez. Ça ne le surprenait pas plus que ça qu'une forte odeur d'urine soit présente, mais bon sang, qu'est-ce que ça le dégoutait. Le sol carrelé était tout collant, et les escaliers étaient bien pire. Il monta le seul étage qui le séparait de l'allée avant de rentrer chez lui. Il enleva immédiatement ses chaussures, il ne voulait pas se faire tuer par sa mère si le sol était collant par sa faute. Une odeur citronnée était présente dans tout son appartement. Il pouvait entendre son grand frère rager sur la play. Son père n'était visiblement pas là, et sa mère était dans la minuscule cuisine entrain de préparer le repas. Il arrive à son niveau et posa le sac sur la table.

« Je n'ai pas trouvé ton produit, dit-il en sortant les courses et posant la monnaie sur la table en bois. »

Sa mère sursauta en posant une main sur son cœur, surprise avant de sourire à Presnel.

« Ce n'est pas bien grave, tu es prêt pour demain ? Lui demanda-t-elle en souriant    légèrement. »

Est-ce qu'il était prêt ? C'était une bonne question. Il était impatient, mais il avait peur.

« Je pense, oui. T'as eu le temps de laver mon eastpack ?

  

- Bien sûr. J'ai aussi lavé ta tenue pour demain. Tu devrais préparer ton sac, histoire de ne rien oublier. »

Presnel hocha la tête avant d'aller dans la salle de bain récupérer son sac. Il entra dans sa chambre qu'il partageait avec son grand frère. Elle était petite, et avait à peine assez de place pour mettre un lit superposé, une armoire et une télé. Son frère lui lance un regard noir quand il passe devant la TV, mais Presnel ne fit pas attention. Il pris un gros cabat où étaient toutes ses fournitures scolaires avant de prendre ce qui lui serait nécessaire pour un premier jour de cours. Des feuilles, une pochette, des crayons et une règle. Il ferma son sac, vérifia la présence de sa carte de bus puis il se dirigea vers la cuisine pour dinner.

S'il avait aussi peur d'aller dans ce lycée, c'est parce qu'il avait conscience que cela n'avait rien à voir avec son lycée de quartier. Cette fois-ci, il était dans un lycée réputé, privé, avec que des gosses de riche. Il n'avait jamais fréquenté ce milieu mais il voulait un bon avenir. Il ne voulait pas finir comme ses potes de quartier, déscolarisé, à traîner dehors sans but précis, ou encore devenir dealer. Il voulait une bonne carrière et son lycée actuel n'avait que des éléves turbulant qui l'empêchaient de travailler. Quand il en a parlé à ses parents, ceux-ci avaient été, contre toute attente, fiers. Presnel avait donc investi le peu d’argent qu'il avait de côté pour les frais de scolarité. Ses parents l'ont aidé à compléter le reste.

Une fois tout préparé, ses parents les appelèrent, lui et son frère pour dinner. Un repas assez silencieux, comme la plupart du temps. Sa mère lui indiqua à la fin du repas qu'elle lui avait préparé de quoi déjeuner demain midi. Presnel la remercia avant d'aller se coucher. Il devait se lever à 5h30 s'il voulait être à l'heure.

Le réveil fut difficile, bien trop. Mais les râlements de son frère pour qu'il éteigne « son putain de téléphone » l'avait décidé à se lever. Une douche rapide, un petit déjeuner prit sur le feu et il était déjà dehors.

Le soleil n'était pas encore levé, il faisait froid. Les écouteurs dans les oreilles, il entreprit sa marche à pied, prenant tous les raccourcis possibles et imaginables. Le bus était vide et quand il arriva devant son école pour la première fois, il ne put retenir un sifflement. Elle était belle. Il enleva la capuche de ses cheveux avant de passer la grille. Il entra dans un bâtiment entièrement composé de baies vitrées, et regarda les listes. Il se mit devant celle où il y avait son nom. Un professeur devait venir les chercher. Quelques groupes s’étaient déjà formés alors que le prof faisait l'appel. La plupart des élèves étaient habillés sobrement et avec des vêtements plus coûteux que la voiture de son père. Il haussa les épaules. Au moins lui, il était à l'aise dans son survet' du PSG.

Pendant la journée, Presnel observa ses camarades. Il avait l’impression de faire tâche au milieu, tout le monde se connaissait et lui était tout seul. Tous avaient des marques de richesse et des amis. Son regard fut immédiatement attiré par un de ses camarades, un seul, qu’il fixa toute la journée. Il était blanc, les cheveux bruns, les yeux marrons et un magnifique sourire. Presnel écouta très attentivement l’appel, il voulait absolument savoir comment se prénommait ce petit ange tombé du ciel. Les premiers noms passait puis le prof demanda Julian Draxler et ce mannequin répondit avec un petit accent qui fit fondre le métisse. Julian Draxler, se répétait-il en boucle.

Au cours des pauses de la journée, il ne fit qu’observer Julian Draxler. En cours, il écoutait tout, il avait conscience de tous les sacrifices que faisait sa famille pour qu’il puisse étudier dans cet établissement. Julian Draxler était toujours fourré avec un autre gars, sûrement son meilleur ami. Pendant l’appel de l’heure suivant, Presnel apprit que l’acolyte de l’ange s’appelait Kylian Mbappé.

Ce ne fut pas pour une raison aussi agréable que Presnel remarqua deux personnes suivantes : Toni Kroos et Joshua Kimmich l’avaient déjà bousculé deux fois à la sortie des salles et avaient ri de son survêtement qui ne coûtait même pas la moitié de leur tee-shirt.

La journée finit par passer et mit fin à l’ennui de Presnel. Les pré-rentrés étaient toujours trop longues de toute façon. À 16h, il prit le chemin de retour, et arriva à 17h40 chez lui. Il ne raconta rien à sa mère avant de prendre son vélo mais la prévint juste qu'il partait au travail. Il consulta ses SMS avant de partir chez les expéditeurs.
      
Cela faisait 5 ans qu'il faisait les courses pour des personnes de son quartier. Il n'avait qu'à passer prendre la liste de courses et l'argent, avant d'aller au magasin. Cela soulait toujours la caissière qu'il sépare ses courses en 10 fois quand il avait 10 clients différents mais il en avait rien à foutre. En apportant les courses, les personnes lui donnait un peu d'argent en retour. Pas beaucoup, mais il s'en contentait. C'est au alentours de 21h30 qu'il rentra chez lui, épuisé. Il se dirigea directement vers sa chambre, s'allongea sur le lit et s'endormit immédiatement, juste après avoir programmé son réveil pour 5h, il n’avait rien préparé pour sa journée de cours. Il a eu une journée éprouvante pensa sa mère en voyant son petit garçon qui dormait paisiblement. 

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Classe /Draxembe/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant