Le lendemain, Presnel recommença sa routine. Le réveil à 5h30, sa préparation puis le temps de transport interminable. Arrivé devant le lycée, il se dirigea directement vers sa salle de cours, ne voulant absolument pas être en retard.
Il arriva le premier et put s'installer où il le voulait : au premier rang, pour pouvoir bien écouter. Il était là pour travailler, et uniquement pour travailler. Avant le début du cours, Presnel eut quand même le temps d'admirer Julian Draxler qui passa devant sa table sans lui adresser un regard, toujours accompagné de son acolyte Kylian Mbappé.
Et malheureusement, ce ne fut pas le cas de Toni Kroos et son binôme. Toni Kroos passa aussi devant sa table mais ne put retenir un ricanement en voyant le portable que Presnel tenait à la main. Oui, son portable était un wiko, et alors? Il fonctionnait très bien et il en était très content ! C'était son allié pour le trajet.
Le cours commença et Presnel s'accrocha du mieux qu'il pouvait, c'était difficile, trop difficile. Il n'avait pas les bases du collège, ni toutes les notions de seconde. Il avait bien fait ses quatre ans de collège et une seconde générale comme tout le monde et avait eu son brevet puis son acceptation en filière scientifique avec succès, mais ce n'était pas le niveau atteint en fin de seconde dans l'un des meilleurs lycées de Paris. C'était le niveau d'un lycée de ZEP. Presnel écrivit tout et se promit de bosser jusque tard ce soir pour rattraper son retard. Hors de question de se laisser abattre par des difficultés de connaissances. Il était en retard? Très bien ! Il bosserait deux fois plus pour rattraper !
Les deux premières heures, deux heures de maths, passèrent. Le jeune homme put se rendre compte de l'écart de niveau. L'année précédente, il était le meilleur en maths dans sa classe et cette année, il peinait à comprendre le cours. Il devait absolument travailler plus pour retrouver la tête de classe. Il était inimaginable que Presnel ne reste que dans les moyens.
À la récréation, Presnel passa juste au toilette avant de se diriger vers ses salles de cours. Il n'avait parlé à personne. Il voulait parler à Julian Draxler mais il n'en avait pas le courage pour le moment, il avait peur de ce que le brun et son acolyte répondraient. En arrivant devant la salle de leur prochain cours, Presnel profita des quelques minutes qu'il avait pour détailler ses camarades et en particulier Toni Kroos et son groupe. Julian Draxler et Kylian Mbappé n'étaient pas encore arrivés. Toni Kroos avait l'air d'être le chef et les autres semblaient le craindre. C'est lui qui commande, mieux vaut pas le provoquer... Presnel se promit de ne jamais contrarier Toni Kroos, il espérait se faire quand même quelques amis, malgré les différences sociales visibles.
La fin de la matinée défila rapidement. Les deux dernières heures étaient deux heures d'histoire-géo et la prof parlait à toute allure, rendant impossible l'écriture de la totalité de son cours. Son débit de parole était impressionnant. Presnel s'autorisa à lever la tête une fois pour observer ses camarades, ils n'avaient pas l'air plus pressés que normalement, ils semblaient être habitués à cette vitesse. Il espérait sincèrement que tous les cours n'allaient pas à cette vitesse...
À midi, Presnel avait mal à la main à force d'écrire aussi vite mais il ne se découragea pas pour autant et partit avancer ses devoirs au CDI. Il mangerait plus tard, il vallait mieux utiliser ce temps précieux au lycée pour rattraper le retard qu'il avait accumulé dans ses précédents établissements et commencer ses devoirs. Ce soir, il devait de nouveau travailler pour aider ses parents à payer cette merveilleuse école.
Il avala le sandwich que sa mère lui avait préparé en trente secondes, juste avant de retourner en classe et passa le reste de l'après-midi à comprendre et apprendre le plus de notions possibles. La physique était la matière la plus difficile. Il prit sur lui pour ne pas réagir aux différentes provocations de Toni Kroos. Ce gars était déjà insupportable, à toujours critiquer ses habits, ses fournitures, son écriture, son sac, tout ce qui changeait de lui. Presnel tenait en se répétant qu'il ne devait pas faire mauvaise impression.
Pendant la pause, Presnel observa encore Julian Draxler. Cette fois-ci, les deux acolytes restèrent près de salles de cours et Presnel put entendre un morceau de leur conversation. Ça parlait de foot, un sujet que Presnel connaissait très bien mais il remarqua aussi que Julian Draxler avait un accent quand il parlait français, ce qui n'était pas le cas de Kylian Mbappé. Le nouveau du lycée se demanda vraiment d'où venait le magnifique brun s'il n'était pas français.
La journée de cours toucha à sa fin et sur le chemin du retour, l'adolescent réfléchit au dernier événement vraiment remarquable : l'annonce des sélections pour l'équipe de football des premières. Il se demandait s'il pouvait y participer, si cette potentielle activité ne viendrait pas le déconcentrer de ses études et s'il avait le niveau requis, jamais il n'avait été dans un vrai club avec des entraîneurs professionnels.
Presnel jouait au foot depuis toujours, il adorait ce sport et s'entraînait au minimum trois fois par semaine avec son club de quartier. Il était parmi les plus doués et il le savait, ses animateurs le lui disaient. Et une fois, un détecteur de talents avait contacté ses parents pour l'envoyer en centre de formation mais la scolarité avait été, malheureusement, hors de leurs moyens.
Il arriva chez lui peu après 18h. Il salua à peine sa mère : il enfourcha juste son vélo pour rejoindre le domicile de ses clients du jour. Presnel fit toutes les courses et rentra chez lui, épuisé, vers 22h. Il mangea le plus vite possible puis sortit ses affaires de cours pour terminer ce qu'il avait commencé à lire dans le bus. Hors de question de perdre de son précieux temps dans des trajets à regarder en l'air.
Il travailla jusque minuit puis abandonna, ses pensées passaient de Julian Draxler et son visage d'ange à Toni Kroos et ses remarques blessantes. Sa concentration flanchait constamment et comprendre le texte de français sur lequel il s'était penché devenait impossible. Il partit se coucher peu après minuit, sans oublier de préparer toutes ses affaires et de programmer son réveil pour le lendemain. Le réveil allait être très dur.
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