Comme chaque soir, j'attends qu'Alba, ma tante, éteigne toutes les lumières de la maison, aille vérifier que Jeanne dorme et parte s'enfermer dans sa chambre avant de me glisser en dehors de la maison.
Le problème d'avoir une cousine aussi méprisable que peste, c'est qu'à chaque caprice qu'elle fait, elle obtient ce qu'elle veut. Quand cette dernière a décidé, il y a maintenant deux ans de me faire dégager de ma chambre soit disant parce qu'elle était plus grande et lumineuse que son ancienne, cela s'est trouvé mettre beaucoup plus bénéfique que je ne l'aurais pensé.
Avoir une chambre au rez-de-chaussée est avantageux quand on est une personne du genre à se glisser par la fenêtre en pleine nuit. Je prends les affaires que j'ai rassemblées un peu plus tôt dans la journée.
Soit quelques fringues beaucoup plus provocateur que le jean noir et le gros pull en laine que je porte, une paire de talons, de quoi cacher mes cernes et une brosse à cheveux. Avant de partir, je fais mon lit de sorte à ce que les coussins forment un corps. Je doute qu'Alba vienne dans ma chambre en pleine nuit, mais on n'est jamais trop prudent quand on vit avec une vieille sorcière.
Ce n'est que dix minutes plus tard, une fois mettre assurée pour la énième fois que tout le monde dort que je m'en vais.
J'arrive à la boîte de nuit en trottinant avec trois minutes de retard. Malheureusement, j'ai raté le bus. La respiration haletante et désordonnée, je me rends rapidement dans les vestiaires avant qu'Almaro se pointe.
J'enfile en moins de deux le body en dentelle, le short délavé par dessus et les talons avant de me diriger directement dans la petite salle d'eau au fond de la pièce pour me maquiller.
Ce n'est qu'une fois mes cheveux rassemblés en une queue de cheval haute que je me glisse derrière le bar. La musique est tellement fort, cette soirée risque d'être éprouvante. Il y a beaucoup plus de monde que d'habitude, et je commence déjà à stresser.
— Tu es en retard ! me fait remarquer, Pablo.
Je me sers un verre d'eau avant de commencer à servir les clients.
— Je sais, hurlé-je par dessus le son pop rock qui défile.
— Laisse-moi deviner, ta maudite tante s'est couché plus tard que d'habitude ?
— Pas cette fois. J'ai manqué le bus.
Il grommelle un petit « merde » dans sa barbe pendant que je sers des bières à un groupe de filles excitées. Quand tout d'un coup, des crient éclatent. Je n'ai pas besoin de tourner mon regard sur la scène pour deviner que les danseuses - ultra sexy et vulgaires, on fait leur entrée.
À force de passé toutes mes nuits ici, j'ai fini par m'habituer à entendre les cris d'excitation de la gente masculine lorsque mes collègues font leur show. Le showstar n'est pas une boîte de nuit dédiée à la prostitution. Ici, les filles ne se font pas payer pour offrir leur corps, mais pour se déhancher sur les sons d'Eminem, Rihanna, Calvin Harris et tous les plus grands hits planétaires.
Et puis il y a moi, la seule fille qui sort du lot après Emilia qui bosse à la billetterie. La barman mineure qui bosse toute la nuit pour servir des clients trop défoncés pour aligner deux mots, avec l'espoir de gagner assez d'argent pour pouvoir se barrer dès sa majorité loin de toute cette galère.
— Eh oh, Mia. Tu m'écoutes ?
La voix rauque de Pablo me sort de mes pensées. Derrière moi, le jeune barman de vingt et un an me regarde d'un air inquiet.
— Désolée. Tu disais ? dis- je passivement.
— Je te demandais si tu pouvais gérer toute seule le service le temps que j'aille chercher des bouteilles de vodka à la réserve.
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breathe again
Teen FictionMia n'avait que neuf ans lorsqu'elle fut confiée à sa tante aussi méprisable que détestable nommée Alba après la mort de sa mère. Grandissant avec l'image d'un père imaginaire, d'une maman décédée tragiquement, la jeune femme se retrouve confrontée...