« Salut Ginger,
Ça va bientôt faire quatre mois que je n'ai pas de nouvelles de toi, comment tu vas depuis le temps ? Je sais que cette approche est étrange ; moi, Joan, qui t'écris une lettre... Je sais. Ça relève vraiment de l'impossible, pourtant tu ne rêves pas, cette lettre est bien de moi. T'envoyer un message aurait surement été plus simple, mais j'ai ressenti le besoin de me déconnecter, de sortir un peu du virtuel, du « vu, est en train d'écrire », enfin tout ça, tu vois ? Sortir de cet aspect de surveillance, où tout nos faits et gestes sont rapportés à l'autre. Enfin bref, je ne t'écris pas pour te parler technologie.
J'aimerais te revoir. Je sais qu'on ne s'est pas quittés en très bons termes, mais je sais aussi qu'on a vécu bien trop de choses ensemble pour qu'on s'en tienne là, pour que tout s'arrête sur une mauvaise note. On n'a jamais su aller au bout des choses, tous les deux. On n'a jamais su faire le pas qu'il fallait l'un envers l'autre, comme si on n'avait pas assez de certitudes, comme si on n'osait pas. Pourtant tu le sais, aussi bien que moi d'ailleurs, qu'il y a toujours eu quelque chose. Ce quelque chose qu'on n'a jamais su définir, qu'on n'a jamais su faire évoluer. En bref, on n'a jamais su y faire.
Durant ces quatre mois, je t'avoue que tu ne m'as pas quitté, t'as toujours été dans un coin de ma tête. Jamais je n'aurais pensé que ça puisse être aussi dur, de vivre loin de toi, sans toi. Quand t'étais là, je ne me rendais pas compte d'à quel point ta présence m'aidait à surmonter les choses, tout le bordel dans ma vie, tous les problèmes dont tu n'étais même pas au courant. Sans doute les problèmes qui nous ont amené à ne plus nous parler, indirectement. Mais maintenant c'est fait, et le seul truc dont je suis certain, depuis un bon moment d'ailleurs, c'est que tu me manques énormément. J'ai besoin de toi, Ginger.
Du coup, me voilà avec ma lettre. Pardon si elle est un peu brouillon, ou mal écrite. Je n'ai jamais été doué pour ça, enfin tu le sais bien, c'est toi qui a toujours été la plus littéraire de nous deux. Si tu es d'accord pour qu'on se laisse une chance, je te laisse mon numéro en bas de la lettre ; tu te rends compte, on n'a jamais pris le temps d'échanger nos numéros. Envoie moi un message, ou appelle-moi, c'est comme tu le sens. Évidemment, je ne t'oblige pas à me recontacter, si tu ne le veux pas. Même si j'aimerais quand même un message de ta part, comme une confirmation, même si c'est pour me dire non. Juste une certitude.
Et désolé pour les fautes d'orthographe aussi.À bientôt, peut-être,
Joan* »
Joan : se prononce à l'espagnol