1-𝑺𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓 𝒆𝒕 𝒓𝒆𝒏𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒆.

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La pluie tombait abondamment ce jour là. Les gouttes de pluie qui venaient s'écraser contre le bitume et les toits des maisons produisaient une mélodie monotone qui caressaient agréablement mon appareil auditif.
J'étais empiffré sous ma couette, les cheveux emmêlés depuis deux jours. Deux jours que je n'ai pas franchi cette porte, et deux jours que je n'ai pas eu de contact avec le monde extérieur.
Les quelques fois où je discutais avec ma meilleure amie, c'est quand elle m'envoyait un message pour demander de mes nouvelles. Ce qui ne durait pas plus de dix minutes d'ailleurs.
Et certainement, vous devez aussi vous demander pour quelle raison j'hiberne en pleine saison estivale. Eh bien disons que ce n'est pas l'envie de sortir qui manque mais plutôt mon rhume qui n'arrêtait pas de gâter mes journées depuis la semaine dernière.

L'aiguille pointait vers 13h et la pluie continuait sa mélodie de plus en plus fort. J'ai cru comprendre ,tout à l'heure, par la radio, qu'on prédisait une tempête la semaine qui allait venir. Avec un peu de chance, on aura annulé mes cours pour cette semaine. Que j'adore la pluie !
En effet, malgré ma moyenne, à la fin de l'année scolaire, que je jugeais déjà "assez bien", oui onze c'est pas mal, ma mère a quand même eu la brillante idée de me faire faire des cours de rattrapage pendant les vacances d'été. Autrement dit, pendant que mes amis étaient entrain de profiter du soleil et de la chaleur, moi j'étais collé à mes bouquins, travaillant d'arrache-pied pour le plaisir de ma mère. Des fois, elle me criait dessus comme si onze était la note la plus apocalyptique du monde et que j'étais la seule à l'avoir.

D'une vitesse aussi lente que celle d'un escargot, je otais la couverture sur le côté pour pouvoir me lever, par la suite, du lit que je n'ai pas quitté depuis ce matin. Je tâtonnai sur mon bureau alors que mes paupières refusaient de s'ouvrir, pour saisir l'appareil rectangulaire qui me servait de téléphone.
À peine je l'ai entre les mains qu'il se met à vibrer ,signe d'un nouveau message. Sûrement celui d'Ava.
À ma grande surprise, ce n'était pas ma meilleure amie l'expéditeur mais bien une autre personne. Il s'agissait de Mme Krugell, la dame ,dans les soixantaines, à qui ma mère avait chargé de m'aider pour mes cours.
Et je dois avouer que son message ne m'a pas déplu vu l'atmosphère des journées avec elle. Paraît-il qu'en raison d'un problème familial, elle devait s'absenter pour une durée incertaine. Ce qui veut évidemment dire qu'un remplaçant prendra le relais. MERCI MON DIEU !

Pour fêter ma joie, je me mettais à faire des pas de danses improvisés, complètement ridicules. Je me sentais vraiment bête à cet instant mais je m'en fichais pas mal.
Ma petite chorégraphie s'acheva avec un cris de victoire aiguë, les bras écartés au dessus de ma tête. Je me croyais vraiment dans une salle de concert.

- Maad ? S'écria ma mère derrière la porte fermée de ma chambre. Est-ce que tout va bien ?

Je m'arrêtai, arrangeant brièvement mes cheveux avant d'aller lui ouvrir la porte, affichant un léger sourire au coin des lèvres pour lui rassurer. Je hochai la tête en guise de réponse affirmative.
Heureusement pour moi, ma mère a été facilement convaincue. Et surtout, comment ne pas aller bien même ?

- Tu devrais arranger ta chambre.
Continua-t-elle en jettant un coup d'oeil rapide sur le parquet où étaient éparpillés des mouchoirs usés, des baskets, des chaussettes et quelques bouquins.
Comment c'est arrivé même ? Même moi, ça me choque.
Une nouvelle fois, j'acquiesce de la tête avant que ma mère ne parte définitivement, me laissant à nouveau seule.
Je refermai alors la porte, enlevant directement mon haut avant de me diriger vers la petite pièce à coté, à savoir, la salle de bain.

Je laissais l'eau chaude glisser sur ma peau, faisant en sorte de me détendre le plus possible. Le meilleur moment de la journée : la douche.
Soudain, des bruits de pas se firent entendre dans ma chambre. Certainement ma mère qui venait accomplir sa mission d'espion pour voir si j'ai déjà arrangé le bazar à côté. Et je m'attends déjà à entendre sa voix aussi aiguë que la mienne me réprimander vu que je ne l'ai pas encore fait.
Après m'être rincé, je saisis une serviette que j'enroulais autour de ma personne pour ensuite sortir de la salle de bain, m'empressant de me justifier avant que ma mère ne dise quoique ce soit.

- Maman, j'étais dans la douche, je comptais le...

Un crie plus aiguë que la voix d'un chanteur professionnel sorti soudainement de ma bouche, par réflexe, quand je vis un jeune homme se dresser au milieu de la pièce.
Il me regardait complètement déboussolé, sûrement dû à mon cri qui s'est fait entendre à l'autre bout de la ville. Bientôt il me dévisagea bizarrement quand je repris mon calme.
Il avait les pupilles noires, les yeux légèrement bridés, le teint très clair, les cheveux assez longs pour couvrir son front et une taille gigantesque comparée à la mienne. C'était un asiatique.
Un asiatique ? Ici ? Et chez moi ?

Il continua de me fixer longuement avant de détourner le regard d'un air apparemment gêné. Qu'est ce qui lui prend ?
Ce n'est après que quelques secondes que je me rappellai que je venais de sortir de la douche il y a deux minutes et que je n'avais qu'une fine serviette sur le corps.
Mon visage vire soudainement au rouge. J'étais terriblement gênée.

- qu'est ce que tu fais dans ma chambre ?! Comment t'es entré ici ?! Demandai-je furieusement.

Il haussa les épaules avant de rediriger son regard vers ma personne. Il tenait des livres et un stylo à la main gauche et l'autre était enfoncée dans la poche de son pantalon.

- Ta mère m'a dit que je te trouverai ici. Et vu que je n'ai pas eu de réponse après cinq bonnes minutes à toquer, je me suis permis d'entrer pour vérifier si je n'espèrai pas dans le vent.
Me répondit-il avec le plus grand des calmes.

- Ma mère ? Attend, c'est toi le remplaçant de Mme Krugell ?
M'étonnai-je en fronçant des sourcils.

Il acquiesca d'un hochement de tête . Comment est-ce possible ? Il est trop jeune pour un prof. M'enfin un instituteur pour remplacer une dame de soixante ans.

- D'accord mais peux-tu attendre dehors s'il te plaît ? Il faut que je m'habille et que je range rapidement ma chambre.
Fis-je en coiffant du regard le bazard qui régnait dans la pièce.

-Tu vas encore me faire attendre ? S'écria t-il.
J'ai passé l'après midi à patienter devant ta chambre. Continua-t-il l'air outré par ma demande.

- Tu ne vas quand même pas me regarder m'habiller ? Répliquai-je en roulant des yeux.

Je sais ce n'était pas très poli mais il me fatiguait un peu. Il finit par céder. Il posa les bouquins et le stylo sur la table , un long soupir s'échappant de sa cavité buccale avant de sortir, refermant la porte.

Je me dépêchai de m'habiller, un grand pull et un short en guise de vêtements. Pendant que je fouillai dans mon armoire à la recherche de mon sèche-cheveux , une image très lointaine me revint soudainement en tête. Je fronçai les sourcils n'ayant pas compris celà.
Pourquoi ça me revient maintenant ? Moi qui croyais oublier cette histoire.
J'ai perdu plus de temps à réfléchir plutôt que de chercher mon appareil. Finalement, je me contentai juste de la serviette ayant peur d'agacer davantage mon professeur.
Après avoir arrangé à la vitesse de la lumière ma chambre en balançant les chaussettes et mes baskets sous le lit, je m'empressai vers la porte pour venir lui ouvrir.
Il était adossé contre le mur opposé, les bras croisés, me fixant de nouveau avec son regard quand je fis mon apparition devant lui.
Il s'avança pour s'introduire dans la pièce avant que je ne referme la porte.
Il balaya la pièce du regard voyant que le bazard de tout à l'heure a disparu, affichant après un sourire sur le visage.

- Maad c'est ça ? Hyunjin.
Commença-t-il en tendant sa main vers moi avec une expression neutre.

- Hyunjin ? C'est un nom coréen.
Fis-je remarquer en plissant des yeux sans faire attention à sa main qui regagna aussitôt sa poche.

- Effectivement. Affirma-t-il.

- Enchanté. Je m'appelle Maad oui. Continuai-je pour répondre à sa première question.

Un coréen qui a presque le même âge que moi, me servant de prof. Ce n'est pas très habituel. Mais je suppose qu'il est étudiant. Ça expliquerai tout. Et vu comment il m'a dévisagé tout à l'heure, j'imagine pas l'ambiance qu'il va y avoir pendant la semaine. Et d'ailleurs, son visage ne me semblait pas si inconnu que ça. Où l'avais-je bien rencontré ?

Professor J020 { Hwang Hyunjin }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant