Professor J020 { Hwang Hyunjin }

𝟖- 𝑸𝒖𝒆 𝒗𝒐𝒊𝒔-𝒕𝒖 ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles !
Ronchonnai-je quand ma mère avait mentionné le nom de mon professeur, comme quoi le jeune homme était "affreusement" beau et que j'étais, d'après elle, intéressée un minimum par ce dernier.

Cette discussion avait débuté le matin du jour suivant, autour de notre unique table à manger qui trônait au milieu de la cuisine. Je lui avais fait part de la demande que j'avais fait à Hyunjin la veille. Et c'est là qu'elle a commencé à tout ramener à lui.

Samantha, une femme d'à première vue, stricte concernant son travail et sa famille avait un côté taquin que seules quelques personnes avaient l'occasion de voir. Toujours le nez dans ses paperasses alors qu'elle passait quatre-vingt pourcent de son temps sur sur son travail, elle avait un emploi du temps beaucoup trop chargé pour pouvoir rire avec sa fille.
Les seuls moments où je pouvais véritablement retrouver ma mère était le matin, au moment du petit déjeuner et le dimanche.

- Ne t'imagines rien. Son ami m'avait dit qu'il était gay.
Ajoutai-je en roulant des yeux alors que je vidais ma tasse de lait que je déposais immédiatement dans l'évier. Je m'étais étiré rapidement alors que ma mère, elle, me regardait, complètement indifférente face à l'information que je lui avais partagé tout à l'heure.
Elle haussa les épaules , un sourire malin sur les lèvres. Effectivement elle s'en foutait.

- Tu devrais te dépêcher. Ton professeur ne va pas tarder à venir te chercher.
Changea-t-elle alors de sujet en saisissant de ses doigts, le dernier cupcake sur la table, n'hésitant pas à croquer dedans.

- Je ne suis même pas sûre qu'il va vraiment venir. Il ne m'a pas répondu hier.
Fis-je en affichant une mine boudeuse sur les lèvres alors que je jettai un coup d'œil rapide sur mon téléphone qui n'annonçait aucun nouveau message depuis ce matin.
M'enfin. Le dernier message que Hyunjin m'avait envoyé était celui où il racontait sa journée de la veille avec sa bande, la raison des séjours à l'hôpital de Seungmin.Rien qui concernait ma visite chez mon père.

Je commençais à me résigner après quinze minutes d'attente quand on vint finalement frapper à la porte.
Ma mère était déjà à l'étage se préparant pour la longue journée qui l'attendait.

J'étais resté à l'étage inférieur, le pyjama encore sur la peau. D'un pas vif, je vins immédiatement ouvrir à la porte.
Après quoi, un sourire fit automatiquement apparition sur mes lèvres au moment où je vis le grand brun dressé devant moi, ses cheveux parfaitement arrangés, sans pour autant être épargnés par la brise matinale. Il me fixait de ses yeux dans lesquels se mélangeaient plusieures expressions que je n'arrivais pas à décrire. Son grain de beauté sous son œil était la cerise sur le gâteau. Samantha avait raison, cet homme était d'une beauté digne d'un empereur. S'il n'en était pas un.

Mais j'étais beaucoup trop persistante avec mon regard voire même gênante que le jeune homme ne put s'empêcher d'arquer un sourire mal à l'aise avant d'articuler enfin.

- La visite chez ton père, c'est toujours pour aujourd'hui hein ?
Demanda-t-il narquoisement en passant une main dans sa chevelure.
Sa question me coupa toute réflexion. J'acquiesceais de la tête avec frénésie par peur qu'il change d'avis soudainement.

- Attends moi ici. Je vais me changer rapidement et je reviens.

Le jeune entrait à l'intérieur tandis que moi je grimpais l'escalier quatre à quatre afin de regagner la chambre rapidement. Ça ne fut pas très long. Je pegnais ma soyeuse chevelure à l'aide de mes doigts, me lavais le visage, et quittai la pièce en emportant ma grande veste noire ébène sur l'épaule. Je passais d'abord à la chambre de ma mère pour lui assigner de notre départ puis allai ensuite rejoindre Hyunjin, qui était à présent concentré sur son téléphone. Il pianotait un petit moment sur son écran avant de lever les yeux vers moi, rangeant aussitôt son cellulaire dans la poche côté de son jean délavé.

Il affichait un air amusé sur le visage en me fixant du regard, semblant se moquer sûrement de ma coiffure faite de n'importe quelle manière. C'était prévisible.

- Tu es sûre que tu ne vas pas plutôt faire un marathon aujourd'hui ?
Se moqua-t-il, sa remarque ridicule lui arrachant un rire sarcastique.

Mais je laissais passer aujourd'hui. Je ne voulais pas lui répondre , prenant le risque de faire fuir mon chauffeur du jour.
Je me contentais juste d'afficher un sourire prétendument dessiné sur le visage.

- Oui on fera marathon après si tu veux!
Répondis-je alors ironiquement.

T'as intérêt à courir vite fumier.

On se retrouvait dans la voiture de son fameux ami Chan. J'étais assise au devant sur le côté passager afin de montrer à Hyunjin le chemin à prendre. Bien que j'aurai aimé m'allonger derrière, au moins je n'avais pas eu à supporter ses blagues ridicules pendant tout le trajet.

- Alors, tu avais finalement pu dormir hier ?
Me questionna-t-il alors lorsqu'on se trouvait sur la route, laissant le GPS faire tout mon travail.
Il gardait les yeux rivés sur la route, me lançant des fois quelques regards furtifs. Au volant, au moins, il ne plaisantait pas heureusement.

- Oui. Tu m'as en partie aidé.
Avouai-je , un rictus au coin des lèvres. Merci beaucoup !

- C'est normal, je suppose.
Répliqua-t-il gentillement en esquissant à son tour un fin sourire.

S'il pouvait être comme ça tout le temps.
Pensais-je dans ma tête.

- Tu vois quoi exactement dans tes rêves ? Je pourrais peut-être t'aider à t'en débarrasser. Ma grand mère maternelle m'avait dit que chaque rêve avait une signification. Je ne sais pas. On pourrait peut-être en trouver une à tes cauchemars.

C'est alors qu'un silence me saisit. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne savais pas comment le lui annoncer.
Voir toutes les nuits, mon professeur se vider de son sang avait-il réellement un sens ? Ou comme l'a dit lui-même, était ce peut-être une vision d'un avenir. Ce qui m'étonnerait énormément vu que je n'en avais jamais eu avant. Et j'étais loin d'être l'une de ces personnes supertitieuses qui croyaient aux voyants.
À ce moment là, j'étais mitigé entre la peur et la curiosité. Je restais silencieuse.