Chapitre 1

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Si une personne qui ne me connaissait pas personnellement me voyait comme cela, elle penserait simplement que j'aime bien regarder le ciel. Elle penserait que ce panier à mes côtés contenait simplement mon repas du midi, remplis de sucreries et petites choses malsaines.

Mais ces personnes-là ne connaissaient rien de ma vraie vie, et je vais vous la raconter, car vous aussi vous ne la connaissez pas.

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Je courais sur une petite colline, les bras chargés de plusieurs paniers, usés par les années. Ils étaient assez lourd, mais j'avais l'habitude à présent. Les paniers étaient remplis de divers légumes que je trouvais dans un petit potager. Cela faisait plus de 5 ans que je cultivais dedans, et chaque année, j'avais le droit à une magnifique récolte.

Je m'allongeais dans l'herbe légèrement mouillée par la rosée du matin, et regardais le ciel dégagé. Le soleil tapait mais je n'y fis pas attention, je profitais des moindres petites secondes de repos possible que le temps m'accordait. Je lançais un dernier regard à la grande forêt qui s'offrait devant moi avant de me relever en soupirant. Elle m'attirait. J'aurais pu m'enfuir, courir sans me retourner, mais où irais-je par la suite ? Qui m'accueillerait chez lui ?

Je me retournais et courais. Mes pieds nus étaient sales et abîmés. Jamais je n'avais eu de chaussures, de vêtements de marque. Jamais.

J'arrivais enfin devant un grand bâtiment, l'orphelinat. Oui, j'habitais dans cet horrible endroit. Vous allez me dire que c'est une bonne chose, que j'ai eue de la chance d'être recueillie ici ? Attendez de voir la suite, être ici est tout sauf une chance..

Je prenais une dernière bouffée d'air et rentrais, les paniers pleins dans la main.

Je marchais le long du couloir faiblement éclairé par les deux petites fenêtres. Je m'arrêtais devant une porte noire et abîmée. J'hésitais avant de frapper, je devrais peut-être faire demi-tour et m'enfuir ? Avec tous les légumes que j'avais, je pourrai tenir plus de trois jours, ou même les vendre, pour un bon prix ? Je chassais cette idée de ma tête et frappais à la porte, telle une lâche.

«-Entrez ! me répondait une voix grave.

J'entrais dans la pièce en retenant ma respiration et regardais en face de moi. Une grande femme était assise à son bureau. Elle avait les cheveux gris coupés court et des petits yeux noirs. Elle était toute pale et paraissait très sévère, elle portait des petites lunettes qu'elle tenait sur le bout de son nez.

Je la saluais aussitôt, du mieux que je pouvais faire, c'est-à-dire en m'inclinant comme on m'avait appris. Je marchais rapidement vers elle. Je m'arrêtais devant une ligne blanche tracée au sol, un peu plus loin de son bureau, me redressais, et attendais son autorisation pour lui montrer ma récolte.

«-Approche-toi, Ilona, et montre-moi ta récolte. Me disait-elle, la voix légèrement plus douce.»

Je m'approchais de son bureau, et posais les paniers dessus. Elle les regardait derrière ses petites lunettes. Un sourire satisfait se dessinait sur ses lèvres, je relâchais ma respiration et lui lançai un faux sourire. Elle avait de quoi être heureuse, j'avais ramené beaucoup de choses pour le repas de ce soir.

Elle se levait de son bureau et le contournait, elle s'arrêtait à ma droite et s'accroupissait à mes côtés. Elle attrapait ma petite tête fragile et me posait un petit et doux baiser sur mes cheveux roux, emmêlés et gras. Elle remontait ma tête face à elle, plongeait ses petits yeux noirs devenus doux dans mes yeux noisette, elle regardait l'espace de cinq secondes ma belle peau bronzée et me murmurait un " bon travail " à peine audible. Elle se relevait ensuite, la sévérité était revenue sur son visage, elle prenait les paniers et partait vers une petite pièce à gauche de son bureau.

-Tu peux disposer. Me disait-elle avant de rentrer dans la pièce.

Je soupirais de soulagement et me dirigeait vers ma chambre. J'aimais tellement quand la directrice de l'orphelinat devenait douce, calme et gentille, si seulement elle pouvait être toujours comme ça. Je passais la porte et entrai dans mon dortoir, m'attendant au pire.

Je m'arrêtais devant ma porte de chambre et regardais, ma chambre était petite, elle comportait deux lits, une armoire et une lampe. Sur un des lits, celui qui n'était pas le mien, je découvrais ma meilleure amie Mélina, allongé dessus, elle pleurait à chaudes larmes, la tête enfouie dans son oreiller. Je me rapprochais d'elle et la regardait de plus près, elle avait plusieurs blessures où du sang coulait encore. J'ouvrais en vitesse l'armoire et sortais la boîte de secours et commençais à désinfecter ses plaies.

«-C'est encore eux qui t'ont fait ça ? Je lui demandais tout en lui mettant des pansements sur ses blessures.

-Oui, ils m'ont encore disputés parce que je n'avais pas ramené assez de choses à manger. Disait-elle en sanglotant.»

Je fermais la bouche et finissais de la soigner un peu. Quand j'eus fini, je me rapprochais de sa tête et la prenais dans mes bras, j'en voulais à mes parents de nous avoir laissées dans cette situation, si seulement, si seulement ils étaient encore là.

Mélina était toute fragile, comparée à moi, elle avait de beaux cheveux blonds, avec des grands yeux verts. Elle est toute pâle et revenait souvent blessée de partout après la récolte. Je m'allongeais à côté d'elle et lui caressais ses cheveux aussi sale que les miens.

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OrphelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant