crève les lèvres
et donne naissance aux silences
la ville danse, s'ondule, se bouscule
et elle le sait
mais elle se tient debout sur le balcon
et inspire
et expire
l'averse viendra
la ville n'est pas vraiment si belle que ça
il y a les insultes, le gris, le sale, il y a ce qu'on ne dit pas mais ce qui tue les gens
elle connait le paradis et l'enfer
elle a appris à mourir
quand les falaises se décrochaient et qu'on la poussait pour qu'elle allège la terre
pour que les autres puissent vivre
le sacrifice et ses genoux à terre
dans le bar, dans la cuisine, dans le salon et même dans les toilettes
il n'y a rien d'ignoble
juste sa déchéance
qui prend les tripes du monde
et les tord, les tord pour en expier les réalités
mais rien ne sort
parce qu'il n'y a rien dans le monde
et dans le plus profond
ça s'articule, ça espère, ça promet, ça invente
alors qu'il n'y a rien
la fraction de secondes
juste le temps de respirer que voilà déjà le corps en putréfaction
la main qui tremble sur le trottoir
une jeune fille ne devrait pas
l'errance, la culpabilité, l'angoisse
les mains serrées au fond des poches
chercher quelque chose qu'on ne trouve pas
ressentir pour dix fois trop
et revenir toujours au même point
affalée sur la façade du monde qui ne cesse de s'écrouler