Je suis encore en retard. Je cours pour rattraper le bus, en vain. Aujourd'hui il pleut, et je n'ai bien-sûr pas de parapluie. Ce n'est vraiment pas une bonne journée.
Je suis étudiante en mécanique. Plutôt assidue mais pas assez pour me démarquer du lot. Je ne suis pas la plus populaire non plus. On peut même dire que j'ai le charisme d'une plante verte. Il arrive même à ma mère, seul parent qu'il me reste après un divorce musclé, de ne pas me remarquer alors que je suis à côté d'elle depuis des heures. Je passe donc plutôt inaperçue la plupart du temps. Sauf aujourd'hui...
J'entre dans la classe le plus discrètement possible, j'ai déjà 20 minutes de retard. Pas de chance, le professeur se retourne pile lorsque j'atteins une place libre, encore debout avec mes vêtements trempés. Il cesse de parler et me toise avec un regard emplit d'orgueil.
- Je ne vous avais presque pas remarqué Mlle. Fills, asseyez-vous et ne dérangez plus le cours, me lança-t-il avec un ton hautain.
- Toutes mes excuses Monsieur, répondis-je platement.Il ne sert à rien de lui expliquer que je viens de courir un marathon sous une pluie battante juste pour assister à son cours. D'autre élèves me toisent aussi. J'ai vraiment l'impression d'être une bête de foire des fois. Mais passons, j'ai déjà vécu pire comme entrée en retard. Le cours est ennuyeux à en mourir mais je tiens bon, il en va de ma réussite scolaire! Déjà que je suis plus que moyenne, si en plus je me permet de bailler aux corneilles dès qu'un cours et peu intéressant (ce qui arrive souvent entre on ne va pas se le cacher) je ne vais jamais réussir mes études. Je veux pouvoir avoir un bon métier, et je veux enfin pouvoir exister, me tirer de cette image de plante verte qui me colle à la peau! Mais pour l'instant ce n'est pas gagné ...
La sonnerie retentit dans le bâtiment, tous se précipitent évidemment vers la porte. Je me dépêche de ranger mes affaires dans ma sacoche et me dirige vers la sortie, lorsque le professeur m'interpelle, assit à son bureau corrigeant un tas de copie.
- Pas si vite Fills, me somma-t-il d'un ton sec.
- Oui monsieur? fis-je légèrement inquiète.
- C'est votre 6e retard Mlle. Fills, il va falloir faire quelque chose où bien je ne pourrais plus vous accepter en cours, menaça-t'il avec un début de rictus sur son visage, qui trahissait sa claire envie faire de moi son souffre-douleur.M. Deprant n'a jamais été apprécié des élèves, ni même de ses collèges d'ailleurs. C'est un homme grand, mais plutôt maigre et sec. Sa voix est sifflante mais monotone, ce qui donne souvent envie de ne plus l'écouter. Sa joie de vivre est littéralement gravée sur son visage... je suis sûre que si je prenais la peine d'ouvrir un dictionnaire je tomberais sur sa photo à côté de la définition de" déprimant". Mes camarades l'appellent en conséquence "Mister Déprimant", et parlent souvent dans son dos en cours, ce qui a le dont de le faire enrager. Et deviner qui en paye les frais? Vous aurez deviné, la jeune plante verte.
- Je vous promet de ne plus arriver en retard monsieur, garantis-je en baissant les yeux.
- Vous n'avez de toute façon pas le choix, au prochain retard je ne vous accepterais pas en cours, vous êtes maintenant prévenue, déclara-t-il en jubilant.Je sors de la classe, une boule dans la gorge. Naturellement, il ne m'avait pas fait de mot de retard pour mon prochain cours, estimant sûrement que je cours assez vite pour traverser un bâtiment long comme trois terrains de foot... Encore une fois en retard, l'enseignant se montra plus compréhensif et ne fit pas attention à moi.
Il est midi et demi, le réfectoire est blindé. Pas le choix, si je veux être tranquille et ne pas avoir à supporter les gens qui poussent leur plateau assez pour te signifier de ne pas s'asseoir à côté d'eux, je dois prendre à manger au distributeur. Là au moins je pourrais me fourrer dans un coin tranquille. J'enfourne ma pièce dans la fente et appuie machinalement sur les boutons de la machine. Se sera sandwich au jambon. Il tombe mollement dans bac, je le ramasse, récupère ma monnaie et part à la recherche d'un endroit vide de population. Étant donné qu'il pleut, il ne doit pas y avoir grand monde à l'extérieur. Je traverse les couloirs et arrive dans le hall d'accueil. Je regarde en direction de portes vitrées qui nous séparent du monde extérieur. Exact, personne. Je pousse l'une des portes et me dirige vers un banc à l'abri. Je déballe la précieuse nourriture et commence à manger. J'observe et écoute la pluie tomber. C'est apaisant. Je regarde l'heure, il est 13h21. Mon prochain cours est à 13h30, il me reste encore un peu de temps. Je ferme les yeux et m'allonge sur le banc. Je rêve de ce que je pourrais devenir plus tard. Un truc qui paye bien... ingénieure... ouais ingénieure... mais ingénieure en quoi?... peu importe, du temps que je suis supérieure à tous ces pseudo surdoués nés avec une cuillère en argent là où je pense! Ça me semble un bon plan. Tout à coup une drôle d'odeur parvient à mes narines. Le brûlé ... ça sent le brûlé! Je me relève subitement et observe autour de moi. Rien... il n'y avait absolument rien. Sûrement une hallucination olfactive, ce genre de choses arrivent parfois. Je sors mon portable et regarde l'heure. Merde! Je suis encore en retard! En plus c'est pour les travaux pratiques ... Je me relève complètement, attrape mon sac et courre le plus vite possible vers les ateliers. Je ne sais pas si au bout de 10 minutes le professeur va encore m'accepter en cours... Plus je m'enfonce dans les couloirs plus l'odeur devient forte. Je me demande bien qui a pu cramer quoi, mais là ça pue vraiment beaucoup. Je commence aussi à voir flou, non... je ne vois pas flou, c'est de la fumée? C'est encore en train de bruler? Je prédis que l'alarme ne va pas tarder à sonner... je continue mon sprint vers ma salle. Il fait de plus en plus chaud aussi, bizarre ... Quelques mètres me séparent encore des deux grosses portes battantes des ateliers. Je me stoppe net. Quelque chose cloche. Je m'approche lentement des portes. Il fait vraiment très chaud. Je pose ma main sur l'une d'elle avant de la retirer aussi net. La porte est brulante. Je me sert de mon épaule pour l'ouvrir lentement. Grave erreur. Profitant de l'appel d'air, la flamme s'engouffrèrent dans le couloir me projetant au sol. Un incendie dans les ateliers? Mais pourquoi l'alarme ne s'est pas déclenchée? Je me relève tant bien que mal, suffoquant à cause de la fumée omniprésente. Je m'appuie contre le mur et cherche désespérément une alarme. Mon bras tape contre un boitier rouge. Trouvé. Je relève le cache en plastique, devenu brulant lui aussi. Je presse le bouton, mais rien ne se passe. Je recommence, rien. Merde! Pourquoi cette foutue alarme ne fonctionne pas le seul jour où on a besoin d'elle! Il faut faire quelque chose, vite! Je me précipite dans le couloir mettant ma respiration entre parenthèses, et tambourine aux portes que je trouve. Un professeur finit par ouvrir. D'abord très mécontent de mon intervention, il se ravise de faire la moindre réflexion en voyant la fumée dans le couloir et mes vêtements noircis.
VOUS LISEZ
Secret War
Science FictionAva est une jeune fille plutôt banale. Sa vie n'est pas des plus trépidantes non plus. Enfin c'est ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle se retrouve projetée dans un nouveau monde à cause d'une brèche interdimensionnelle. Et ce n'est que le début...