Charlie

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Fracas. Les livres tombent sur le sol recouvert de linoléum moucheté. Ils dérapent sur un ou deux mètres, tournoient et s'arrêtent devant les pieds. Mes pieds. Je ne reconnais pas ces sandales noires, ni ce vernis rouge, mais il remuent quand je le leur demande, donc ce doit être les miens. N'est-ce pas ?
Une cloche sonne.
Frisson.
Je frémis, le coeur battant. Mes yeux bougent de gauche à droite alors que j'examine ce qui m'entoure en essayant de ne pas me trahir.
       C'était quoi, cette cloche ?
Où suis-je ?
Des jeunes équipés de sacs à dos entrent brusquement dans la pièce, en bavardant et en riant. Une cloche d'école . . . Ils se glissent derrière leurs bureaux, parlant de plus en plus fort. Je perçois un mouvement à mes pieds et tressaille. Il y a quelqu'un, là , en train de ramasser les livres ; une fille rougeaude à lunettes. Avant de se redresser, elle me jette un coup d'œil vaguement apeuré et détale. Rires. Je crois un instant qu'ils se moquent de moi, mais c'est la fille à lunettes qu'ils lorgnent.

   — Charlie ! lance quelqu'un. Tu as vu ça ?
Et encore :
   — Charlie . . . C'est quoi ton problème . . . hé . . . ?
     Mon coeur bat si vite trop vite.
Où est-on ? Pourquoi est-ce que je ne me souvient pas ?
   — Charlie, chuchote quelqu'un.
     Je me retourne.
Qui est Charlie ? Lequel d'entre eux ?
     Il y a tellement de jeunes : blonds, hirsutes, bruns, avec lunettes, sans lunettes . . .
    Un homme entre et pose sa serviette sur le bureau.
Le professeur. Je suis dans une classe, et voici le professeur. Lycée ou fac, je ne sais pas encore.
Soudain, je me lève. Ce n'est pas ma place, ici.
Tout le monde est assis, sauf moi... qui marche.
- Où allez-vous, miss Wynwood ?
Le professeur me toise par-dessus ses lunettes, tout en fouillant dans ses papiers. Il claque la pile sur le bureau et je sursaute. Je dois être miss Wynwood.
- Elle a des crampes ! Lance quelqu'un.
L'assistance ricane. Je sens un frisson me parcourir le dos et gagner le haut de mes bras. Ils sont tous en train de rigoler, sauf que j'ignore qui sont ces gens.
- Ta gueule, Michael ! Lance une voix de fille.
- Je ne sais pas, dis-je
Là, j'entends mon timbre de voix pour la première fois. Il est trop élevé. Je m'éclaircis la gorge et réessaie:
- Je ne sais pas. Je ne devrais pas être là.
Nouveaux éclats de rire. Je regarde les affiches sur le mur, ces têtes de présidents avec leurs dates en dessous. Cours d'histoire ? Lycée.
L'homme - le professeur- penche la tête de coté, comme si je venais de dire une bêtise.
- Et où devriez-vous être, un jour de contrôle ?
- Je ... Je ne sais pas.
- Asseyez-vous.
J'ignore où j'irais si je m'en allais.
Je reviens sur mes pas. La fille aux lunettes me dévisage quand je passe devant elle mais se détourne aussitôt.
Dès que je suis assise, le professeur commence à distribuer des feuilles de papier. Il traverse l'allée en bourdonnant de sa voix grave pour nous annoncer quel pourcentage cette épreuve occupera dans la moyenne finale. Arrivé à hauteur de mon bureau, il marque une pause, les sourcils froncés.
- Je ne veux pas savoir à quoi vous jouez, dit-il en pointant du doigt accusateur et grassouillet. J'en ai par-dessus la tête. Encore un exploit de ce genre et vous filez droit chez le proviseur.
Là-dessus, il plaque les feuilles d'interro devant moi et poursuit son chemin.
Je ne hoche pas la tête, je ne réagis pas. Je me demande quoi faire. Annoncer à la cantonade que j'ignore qui je suis et où je suis ? Ou le prendre à part pour le lui confier discrètement ? Il a dit qu'il ne voulait plus d'exploits. Mes yeux se posent sur le papier devant moi. Les gens sont déjà penchés dessus, à écrire frénétiquement
QUATRIÈME HEURE
HISTOIRE
M. DULCOTT

Là, apparaît un espace pour un nom. Je suis donc censée y écrire le mien, sauf que je ne le connais pas. Il m'a appelée miss Wynwood.
Pourquoi est-ce que je ne reconnais pas mon propre nom ?
      Où suis-je ?
Qui suis-je ?
Toutes les têtes sont penchées sur les bureaux, devant moi. M. Dulcott me jette un regard noir. Moins je réagis, plus il s'empourpre.
      Le temps passe mais mon monde s'est arrêté. Finalement, M. Dulcott se lève, ouvre la bouche pour parler, quand la cloche sonne.
      - Posez vos feuilles sur mon bureau en sortant, dit-il alors sans me quitter des yeux.
      Toute la classe se précipite vers la porte. Je me lève

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Me revoilà après 1 an ❤️. Je suis désolé pour cette pause. Je tiens a vous dire que le livre existe déjà, je voulais juste vous le faire partager si vous ne voulez pas forcément l'acheter. Il faut savoir que les chapitres sont extrêmement longs, donc je ne vais pas tous faire d'un coup. ❤️

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 24, 2020 ⏰

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Never Never tom 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant