Chapitre 1

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Devant la boîte aux lettres, les mains tremblantes, Jacob porta la lettre subtilement parfumée à la violette à son nez. Il hésitait à laisser cette douce missive à l'intérieur. Il ne savait pas ce qui lui avait soudainement prit d'attraper un stylo et un papier pour écrire à la jeune femme. Ça ne lui ressemblait pas d'être aussi fleur bleue. Peut-être avait-il exagéré sur ces mots à l'intérieur ? Il n'avait même pas pris le temps de se relire. Pourtant il se souvenait avoir fait quelques ratures ici et là. Mais il était trop tard, la lettre était déjà scellée comme le destin qu'elle pouvait contenir. De plus, s'il rentrait chez lui, qui sais ce qu'il en ferait une fois relu ? Il la jetterait sûrement avec le sentiment d'être un idiot d'avoir couché de tels mots. Puis il oublierait cette histoire en abandonnant totalement.

Abandonner n'était pas ce qu'il voulait. La jeune femme occupait beaucoup trop ses pensées pour laisser tomber. Cela faisait longtemps, c'en était trop, et poursuivre sa vie normalement avec de tels sentiments qui lui serraient le coeur lui était impossible. Au moins se confesser, même s'il devait y aller en douceur et anonymement. Il était déjà assez honteux d'avoir autant fait de chemin il ne voulait pas m'être un nom dessus. Se mordillant la lèvre depuis tout à l'heure, Jacob prit une grande inspiration pour reprendre son courage qui s'était estompé. Il lut l'heure sur sa montre qui lui indiqua dix-huit heures, heure où la jeune femme devrait d'en peu de temps rentrer chez elle avant de prendre son courrier. Il passa dans un geste vif la lettre dans l'ouverture de la boite aux lettres avant de sortir de l'immeuble en courant comme un voleur vers un coin de rue pour guetter l'arrivée de la jeune femme.

Elle ne tarda pas à pénétrer dans le hall de son immeuble, son téléphone porté à son oreille. Dans un geste habile, elle plaqua ce dernier entre son épaule et sa tête pour libérer sa main tout en continuant de téléphoner pour récupérer ses lettres. Elle feuilleta sur le chemin de son appartement rapidement ces dernières, avant d'accorder plus d'intérêt à une lettre mauve qui n'avait pas de destinataire et l'a mise au-dessus de la pile pour lui donner priorité.

Sa conversation téléphonique terminé et rentré chez elle après avoir enfilé une tenue plus décontractée, elle s'installa dans son canapé pour ouvrir la lettre avec beaucoup d'hésitation. Et si celle-ci ne lui était pas adressé ? Dans la contemplation du papier coloré, elle reconnue l'effluve qui émanait de cette dernière, la violette, sa fleur préférée, la seule signature que son expéditeur avait laissée.

Elle ouvrit délicatement la lettre pour sortir une feuille blanche soigneusement pliée. D'ouvrir pareille chose, elle avait l'intime impression d'ouvrir un petit jardin secret tellement la mise en scène était mystérieuse, comme si elle s'apprêtait à lire le journal intime d'une personne inconnu. Le papier déplié, elle commença à déchiffrer les mots couchés fébrilement, sûrement dû à une petite main tremblante. Ce fut avec surprise qu'elle lut son nom en toute lettre ce qui l'angoissa un tout petit peu avant de continuer sa lecture.

« Saeron,

''L'amour est un de ces maux qu'on ne peut cacher : un mot, un regard, le silence même le découvre.''

Cette citation de Pierre Abélard est la plus vrai que j'ai pu lire dans ma vie, car ces maux je les vies en ce moment. Je les vies pour toi. Toi qui ne cesses depuis quelques temps d'occuper mon esprit. Cela fait bien trop longtemps que tu me tourmentes et dont je ne peux plus cacher encore longtemps. La peur de devenir fou de toi, si bien que parfois je me demande si je ne le suis pas déjà.

J'ai donc fait vœux de silence en écrivant cette lettre pour partager mes sentiments. Mais les mots sont tout de même à l'intérieur de cette déclaration silencieuse. Pour le regard, je m'en passerais pour aujourd'hui, bien que tes yeux soient les seules perles d'une valeur inestimable à mon coeur. Garde les toujours ouvert comme tu sais si bien le faire. Car avec eux, tu ne vois pas qu'une personne, tu vois aussi une âme, et tu as su me mettre à nue.

Mes plus sincères sentiments, de la part d'un Admirateur Secret."

Saeron amena la lettre devant son visage, rouge pivoine. Contente entre autres partit que l'odeur enivrante de la violette vienne calmer ses esprits bouillonnants. Elle ne savait pas quoi penser, si ce n'est que cela était adorable et à la fois un brin angoissant. Qui pouvait bien être cet admirateur secret ?

Secret Admirer | THE BOYZ - Jacob [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant