Ouai ça va.

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"- Salut Thomas, ça va ?
- Ouai ça va merci."
Une simple question. Et surtout une simple réponse qui m'a fait passer pour un connard sans nom.

Ça c'est passé quelques temps après ma rupture. Ma copine m'a dit qu'elle n'y arrivais pas. Je n'ai rien répondu. En lisant son message j'ai même souri. Comme si au fond de moi je savais que ça ne marchait pas. Alors je ne l'ai pas retenu. J'ai pensé que c'était le mieux à faire. Mais d'après elle et notre amie commune, ce n'était pas la réaction qu'elles attendaient. Alors je suis passé pour l'insensible, l'égoïste, le cœur de pierre. Effectivement je n'ai pas pleuré son départ. Mais est-ce pour autant que je n'ai pas eu mal ?
Je ne leur ai plus parlé pendant trois mois. Car oui, moi j'ai souffert. Et je ne pouvais pas me rétablir en leur compagnie. Je devais prendre mes distances alors qu'elles, voulaient se rapprocher. Je les ai "zappé". Mais je pense aujourd'hui avec le recul, que je ne pouvais pas faire autrement.
Les peu de fois où je parlais avec mon amie, c'était pour me prendre des reproches en pleine tête.
"Mais je te comprends pas... Pourquoi t'as fait ça ? Les autres dans le groupe étaient sur le cul de ta réaction."
Passer vingt minutes à justifier mes moindres faits et gestes. Mais dans le groupe, les autres, j'en avais rien à foutre... Personne ne l'a compris ça. Mais la question la plus assassine a été "Mais du coup tu t'es forcé à l'aimer ?" Et venant de son ex-meilleure amie, ça fait mal. Elle pouvait bien tout me reprocher sauf ça. J'ai du justifier mon amour qui lui, a été des plus sincères. Simplement parce que je suis parti sans un mot, je ne l'ai pas aimé sincèrement. Simplement parce qu'elles n'ont pas compris mon geste, j'ai été accusé d'avoir menti sur quelque chose d'aussi important ! C'était trop...

Le temps est passé depuis, mais le syndrome "post traumatique" est toujours là. Une bonne grosse piqûre de rappel, pour me dire que ma vie n'est pas faite pour être partagée. Je me protège. Je me force à ne plus m'attacher aux gens. Pas plus tard qu'il y a deux semaines, je me suis rapproché d'une fille dans ma classe. Je ne veux plus lui parler. Je ne veux pas la faire souffrir. Et je ne veux pas souffrir non plus. Alors je préfère rompre notre peu d'amitié pour éviter un nouveau désastre, éviter de répéter le même scénario. Elle en souffre peut-être elle aussi de mon éloignement. Mais si je dit que je veux me protéger on me dit "Mais ne t'inquiètes pas, ça va bien se passer." Aujourd'hui je fais confiance à mon instinct. Même si mes gestes sont incompréhensibles, moi je me comprends et c'est l'essentiel. Tant pis pour les autres. Ils ne sont pas utiles à ma vie.

Cette nouvelle, je ne l'écrit pas pour me plaindre, simplement pour montrer que dans notre société, si l'on ne suit pas certain code, on peut le payer cher. Je pense que d'autres se reconnaîtront dans ces mots, que ce soit du côté de mes amie/ex ou de mon côté. Alors si l'on peut faire évoluer les choses, et briser des normes inexistantes que sont les réactions à avoir lors d'un certain événement, alors faisons le car ça change les gens et pas en bien.
Des personnes timides, peu sûres d'elles, au lieu de tirer de vraies leçons, vont se renfermer sur elles-mêmes, se jeter la faute sur elles. C'est ce qui m'est arrivé et ce n'est pas vraiment réversible, en tout cas pour moi. Je n'ai plus envie d'aimer. Ça fait mal. Trop mal en fait.
Merci d'avoir lu ces quelques lignes.

RuptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant