Marquand voit la porte de l'entrée de l'immeuble se réouvrir et la nounou en sortir en le saluant. Il a un sourire ineffaçable sur son visage. Ils vont enfin pouvoir concrétiser leur relation, chose qu'il attend depuis déjà trop longtemps. Au moment où il retient la porte pour s'y faufiler, il reçoit un texto : " je ne peux pas Marquand ... désolée ... "
Il reste pantois. Qu'à t'il bien pu lui passer par la tête ? Le désir est finalement retombé ? Elle a recouvré ses esprits ? Elle a changé d'avis ?
Il s'apprête tout de même à monter, décidé à avoir une explication quand la nounou se retourne et lui précise :
- Elle a de la visite, elle n'est pas seule Mr Marquand.
Il est soulagé d'avoir une raison à ce changement d'attitude, qu'il n'en soit pas responsable mais terriblement déçu d'être encore empêché de vivre sa relation plus qu'ambigue avec sa juge. Il rentre donc chez lui avec un goût amer. Son père a dû venir de Dijon pour passer quelques jours dans la capitale. Tant mieux se dit-il. Il pourra garder petit Paul et avoir le champ libre avec Alice. Il s'établit son propre programme quand il reçoit de nouveau un message, de son lieutenant cette fois-ci : "Brémont a été mis en liberté conditionnelle".
Le commandant s'asseoit sous le choc de la nouvelle. Il comprend mieux à présent. La visite n'est pas celle de Mr Nevers mais celle de Mathieu. La colère monte mêlée à la frustration, la peine, de voir encore ses espoirs menés à néant. Ils ont pourtant franchi un pas, le soir dernier, avec leur premier baiser, baiser qu'elle lui a rendu, après un court instant de surprise. Il a su affronter ses doutes, prendre les devants, lire les signes d'approbation dans son regard, ses paroles. Et c'est son "on aurait dû" qui a donné du courage au commandant, espérant qu'elle ne le repousse pas. Chose faite hélas le lendemain avant de s'incliner finalement devant l'évidence. Mais c'est sans compter le retour de son trafiquant d'ex qui creuse à nouveau le fossé entre eux, balaie ses espoirs et efface leur rapprochement.
Il n'aurait jamais dû accepter cette caution morale, se porter garant de sa libération. Mais il ne peut rien refuser à Alice.Le lendemain à la brigade, il la voit arriver. Il a jusque-là pu éviter tout contact en laissant Max la prévenir de l'affaire, en précisant ne pas avoir besoin d'elle sur les lieux du crime. Mais ce stratège ne peut pas durer éternellement. Il va falloir trouver la force ... ou une solution, une mutation peut-être.
Elle entre, demande un brief des premiers éléments. Marquand reste muet, boudeur, tandis que le lieutenant prend la parole.
- Bien, conclu t'elle. Merci Max. Je peux vous parler commandant.
- Pas la peine Mme le juge, répond t'il sans même la regarder.
- Je crois que si, Marquand, insiste t'elle en faisant signe à Max de sortir.
Elle reste immobile un court instant, ne sachant par où commencer ni comment l'aborder.
- Je suis désolée, Marquand.
- Vous l'avez déjà dit ça Mme le juge, la coupe t'il, agressif.
- Je n'avais pas l'intention de vous laisser pantois mais ...
- Je sais, vous aviez de la visite, ironise t'il.
Il est donc au courant. Ça ne va certes pas faciliter les choses mais au moins le plus dur est fait.
Elle s'approche de son bureau, y pose les mains à plat pour lui faire face.
- Regardez-moi, Fred, lui demande t'elle, émue.
Il s'exécute malgré le fait qu'elle saura lire dans ses yeux la fatigue, la tristesse et la jalousie. Elle est touchée par ce regard vulnérable.
- Je ne savais pas que le dossier de demande de libération avait été accepté ni qu'il sortait de prison. Il n'était pas censé être là hier soir.
- Ça j'avais bien compris, Alice.
- Marquand, tente t'elle d'expliquer, il est le père de mon fils, je ne peux décemment pas le laisser à la rue, vous comprenez ?
- Pas vraiment nan mais est-ce bien utile ?
- J'en ai besoin oui. Je n'ai pas le choix.
- Oh si au contraire vous l'avez le choix Alice et vous l'avez fait donc c'est bon, point, rien à ajouter.
Elle s'asseoit face à lui. Il est plus fermé que jamais. Elle a l'impression de se retrouver face au commandant des débuts : distant, froid et bougon.
- Alors ça y est, ça va être comme ça maintenant, on efface tout, demande t'elle, la voix tremblante et les larmes aux yeux.
- Vaut mieux oui, lance t'il agacé.
Il remarque son air circonspect.
- Nan mais sérieux, vous vous attendiez à quoi, Alice, lui demande t'il, énervé. Il réapparaît, comme une fleur, pile au moment où on se rapproche, après avoir refusé de déposer le dossier au juge d'application des peines, Mr change d'avis, se pointe chez vous sans prévenir, et vous, naïve, vous l'accueillez sans rechigner.
- Ne vous énervez pas, Marquand. Je subis la situation moi aussi, avoue-t-elle. Je n'avais pas prévu son retour, j'avais accepté son emprisonnement, je m'étais faite à l'idée de vivre seule et j'ai sérieusement envisagé ...
Elle ne finit pas sa phrase sachant pertinemment que ces mots ne feront que le blesser ou l'énerver davantage en évoquant le ratage de la concrétisation de leur relation.
- Je ne veux pas vous perdre, Fred.
- On ne peut pas perdre ce qu'on a jamais eu, la pique t'elle.
- Vous savez très bien ce que je veux dire, le corrige t'elle.
- Je serais toujours là pour vous et ptit Paul, je vous l'ai toujours dit.
Elle pousse un soupir de soulagement.
- Pour le reste, poursuit-il, c'est à vous de savoir ce que vous voulez et d'être assez courageuse pour l'assumer.
A ce moment-là, Max refait son apparition avec de nouveaux éléments sur l'affaire.
- Allez, au travail, Mme le juge.
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Entre Permis de tuer et Jardin secret
FanfictionAlice et Marquand ont enfin échangé leur premier baiser après un dîner, résultat d'un coup monté entre Mr Nevers, le lieutenant Max et le greffier Lemonier. Le juge d'instruction ne souhaite pas une relation autre que professionnelle mais elle se la...