Héritier

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《 Shoto × Inasa 》


~ Égypte antique, ( -1258 avant J-C ) ~

Futur pharaon, je me prépare depuis dix ans déjà à mon nouveau poste.
Mon père, Enji Todoroki dit Ramsès II, paie régulièrement mes professeurs pour qu'ils puissent faire de moi le meilleur souverain de notre dynastie.

Je n'ai aucune envie de le remplacer. Pourtant, dans un an et un mois je me devrais d'être sur son trône, tenir ses sceptres et donner les ordres au peuple à sa place.

Pourquoi ne puis-je pas rester libre comme je l'entend ? Choisir ma propre voie ? Faire autrement que ce que mon ordure de père a décidé ?

Les questions tournent dans ma tête, autant que mes jambes font les cent pas dans la grande salle de culte.

Je fais passer mes yeux sur les hiéroglyphes collés aux murs, de mes mains je retrace le cours de l'histoire. Je fais s'accélérer le temps, résumant les règnes et actions importantes des précédents pharaons, laissant glisser mes doigts sur le long de l'immense pierre froide qui fortifie notre palais.

Je m'arrête cependant, là où les dessins ne sont pas encore représentés.
Et où avant cela, il y avait mon père, subissant une écrasante défaite contre le roi Toshinori Yagi, alias Hittite.
Il ne l'a jamais supporté, et depuis il consacre chaque jour de son existence à s'entraîner ou à m'entraîner.

Ma mère, Rei Todoroki de son titre, Néfertari, ne s'est jamais opposée à quoi que ce soit venant de sa part, obligée de se soumettre aux ordres de notre vénéré pharaon. Elle n'a jamais pris la peine de me défendre même quand elle savait qu'il me battait.
Elle n'aurait rien pu faire de toute manière, si on déroge à la règle sacrée -celle où il est écrit qu'aucune personne ne peut élever ni la main, ni la voix contre le maître des lieux- la sentence est la prison à vie.
Alors depuis tout ce temps, mon père donne les ordres, ma mère les reçoit et me les transmet tandis que je les exécute, cela à toujours été comme ça.

Simplement, j'ai jusque là toujours trouvé une échappatoire.

Mes passe-temps sont mes préoccupations premières, c'est-à-dire que je passe le plus clair de mon temps à esquiver mes professeurs en passant par des sous-sols, fuir les gardes en me faisant aider de mes serviteurs et changer de vêtement pour passer incognito en ville. J'ai toujours agi de manière libre et autonome.

Sauf quand je manque de nourriture et que je me retrouve obligé de voler. Heureusement, je me débrouille toujours pour rembourser la personne qui a empêché la faim de me saisir, moi, prince héritier du trône, le futur pharaon.

L'espace blanc sur le mur devient coloré au fur et à mesure que je m'imagine mes exploits.

Peut être aurais-je l'occasion, moi aussi, de me retrouver sur cette frise, et mes petits enfants, devenus héritiers, conteront mes réussites et mes échecs à leur descendance.

Cette pensée me noue les tripes, je ne serais plus là pour découvrir ces magnifiques personnes.
Je serai momifié depuis longtemps, comme tous les autres pharaons, afin de quitter mon enveloppe charnelle et devenir un dieu.

Je n'ai jamais aimé non plus la perspective de me retrouver dans des bandages à ma mort, entouré certes de ma famille, mais aussi de médecins qui m'ont accompagnés tout au long de mon enfance et de cadavres que je rejoindrai inévitablement comme celui avant moi.

Mes pensées de plus en plus sombres, je quitte la frise chronologique de l'histoire de ce pays et pars en direction de ma chambre.

Moi qui avais pour but de me libérer de mes problèmes existentiels, voilà que j'en soulève d'autres bien plus alarmants.

Recueil D'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant