Rouge est la couleur brillante de ton sang
Qui se répand lentement sur ce fichu toit.
Il efface le gris terne des dalles de ciment,
Les recouvrant d'une fine couche de poix.Tes grands yeux noirs fixent le bleu du ciel.
Aucun signe de vie n'agite ton regard éteint.
Agenouillé, je viens de perdre mon essentiel,
L'homme avec qui j'avais un avenir certain.Comment une telle chose est arrivée ?
Ce n'était pas censé finir de cette façon.
J'ai beau crier, t'invectiver et te secouer.
Rien. Nous ne sommes plus à l'unisson.Le goût de ta soudaine perte est si amer
Que mon estomac se contracte sous la rage.
La Mort est permanente. Pas éphémère.
Je le connais très bien, ce maudit adage.Je l'ai vu tant de fois sur le champ de bataille.
La guerre est mon domaine, mon univers.
Mon visage est labouré de plusieurs entailles,
Preuves évidentes que ce monde est sévère.Mais aujourd'hui, le roi a perdu sa couronne,
et même mort, il affiche son habituel sourire.
Quelle belle connerie, James. Tes neurones
N'ont rien trouvé de mieux à te dire ?''Tire-toi une balle pour gagner le jeu.
Laisse Sebastian te regarder commettre
Cet acte insensé et tellement affreux.
Éloigne-le de plusieurs kilomètres.''Brillante idée. Tu parles d'un génie !
Tu es mort sans te soucier de moi.
Connard ! Je veux être dans le déni
Mais l'évidence est là. Je la vois.Le long de mes joues, je sens couler
quelque chose d'humide. Des larmes ?
Je me sens bizarre. Je suis chamboulé.
La sensation me désarme, m'alarme.Pourquoi suis-je en train de pleurer ?
Ce n'est pas logique. Je suis un tueur.
Ne pas ressentir. Ne pas être affecté.
Je suis formé pour ne pas avoir de cœur.Toute cette histoire n'a pas de sens.
Je suis coincé en plein cauchemar,
Cloué par ma propre impuissance.
Que faire pour que tout redémarre ?Mes yeux se posent une nouvelle fois
Sur ta silhouette allongée et immobile.
C'est sans espoir. Je n'ai plus de voix,
pour t'implorer. Je me sens débile.Je suis un ancien soldat et ton fidèle second.
Je t'ai accompagné sur chacun de tes parcours.
J'étais prêt à mourir, à prendre le premier wagon
pour l'abysse infernal, à voler à ton secours.Je n'étais pas préparé à te voir périr de loin.
Tu es passé de l'autre côté, saluer la Mort,
Seul. Volontaire. Ta décision. J'en suis témoin.
Je n'étais pas près de toi. Un second remord.J'aurais dû être plus observateur,
Voir que tu approchais du gouffre,
aveuglé par ce désir destructeur.
''Je veux que Sherlock souffre.''Sherlock est en vie. Ses amis aussi.
Et moi, je suis là, à espérer un miracle.
Ta main est froide quand je la saisis,
T'abandonner m'est insupportable.''Seb ?'' m'appelle subitement quelqu'un.
Mon souffle se coupe. Mon corps se tend.
Je suis prêt à bondir sur cet importun
Et à l'égorger. Mais là, je comprends.Impossible. Tu ne peux me parler.
Je suis en train de perdre la raison.
La balle t'a - oh putain - traversé !
Tu as dupé toutes mes sensations !J'ai envie de te prendre dans mes bras.
T'insulter. T'embrasser. Faire les deux.
Mais tu es vraiment dans un sale état.
Je ne peux capter ton regard vitreux.''Tu pleures...Tiger... ? C'est...si risible...''
Ta voix est différente. Faible et paisible.
Pourquoi nier ? Les larmes sont visibles.
Je n'ose bouger. Tu parais si fragile.''Qu'est-ce que tu...attends...Basher... ?''
Avec douceur, je te soulève de terre.
Ton corps se crispe sous la douleur.
Ton sang tâche ma veste militaire.Je nous éloigne vite de cet endroit morbide,
Qui aurait pu devenir ton - notre cimetière.
J'allais te rejoindre. Me tuer. Suis-je sordide ?
Non. Te voir ainsi a ébranlé tout mon être.Depuis ce jour, je veux rester à tes côtés.
Te protéger des autres et de toi-même.
Depuis ce jour, je ne veux plus te quitter,
Parce que maintenant, je sais que je t'aime.
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L'orgueil est lion, l'égoïsme est tigre.
PoetryLa scène se passe directement après la fameuse scène du toit dans l'épisode "La Chute du Reichenbach". Sherlock Holmes a sauté dans le vide. James Moriarty s'est tiré une balle dans la tête. Et Sebastian Moran arrive sur place pour constater que...