A la revoyure.

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Sa plus grande déclaration fut donc un geste.Pour Lily.

Je me rappelle du jour où je t'ai attendue devant ta porte. T'en souviens-tu, toi ? Il faisait beau. Je t'avais embarquée dans ma vieille Suzuki, remplie d'une odeur de lavande, que tu aimais tant. Nous avions roulé une heure vingt environ et tu t'étais assoupie dès le départ, tu n'aimes pas la route. Tu as donc raté les paysages mais bon tu t'en foutais puisque tu les connaissais déjà bien. Pour seule occupation, je pensais à quels sujets j'aurais pu aborder avec toi lors de ton réveil mais je n'avais que des sujets inintéressants ou que nous avions auparavant traités, cela n'a donc servi à rien ; cette tracasse. L'autoroute AP4 se faisait longue et devenait lassante, le panorama ainsi que les perspectives restaient les mêmes, les oliviers implantés sur une terre sèche, aride et si dense. 

Tu t'es réveillée pile au bon moment, notre destination était accoudée à la voiture.

-Ah.... Cadiz ! Loucia, cette idée était bonne n'est-ce pas ?

Tu te faisais silencieuse, tu admirais autour de toi et moi je te regardais. Ton sourire me manquait fortement mais il n'était toujours pas apparu.

-Bon ce n'est qu'un parking, allons du côté de la mer tu veux ?  

-Que veux-tu faire ici ? Me questionna-t-elle d'un ton sévère.

C'était un dialogue de sourds dans lequel j'étais entrain de m'engager. Je le savais. 

-Tu n'as pas répondu à ma question Carmen, que veux-tu faire ici ? 

-Seulement nous balader. Profitons, la météo nous encourage.

Loucia était belle et aimante. Les cheveux mis-longs et châtains, les dents blanches, une peau reflétant parfaitement l'été et ses traits ensoleillés, les yeux bleus : un portrait plutôt banal mais si beau. Elle détenait son propre caractère, savait qui elle voulait être et n'avait besoin de personne pour l'aider à prendre les bonnes décisions. Je l'admirais pour sa douceur, sa gentillesse. Mais elle savait faire la part des choses, faire une distinction entre le bien et le mal. C'était le genre de fille qui ouvre grand ses yeux et les pose fixement sur une situation critique ou un thème qui lui tient à cœur.  Son seul défaut était qu'elle ne savait pas s'affirmer, beaucoup en ont abusé. Elle aime danser et elle le fait bien, depuis jeune. On se suit depuis une dizaine d'année maintenant, nous venons de la même ville : Séville, dans laquelle nous traînions fréquemment. Nous avions un point de rassemblement  qui se situait à côté de Domino's pizzas, c'était en effet une autre pizzeria avec ses spécialités. Le cadre est loin d'être parfait, c'est un restaurant positionné non loin du fleuve Guadalquivir sur une grande allée bien trop empruntée, une surabondance de monde, l'air y est pollué par les passages incessants des transports, mais nos souvenirs partagés ici font son charme. 

Au moins une fois par mois nous nous y rejoignions, avant. Nous nous sommes perdues de vue et elle me manquait, et cela toujours.

Je l'ai prise par la main et nous nous sommes dirigées vers le littoral en ce jour de février. Nous avions traînés des heures dans cette ville en nous rappelant nos habitudes.

Le temps s'écoula aussi vite que les gouttelettes d'eau salée dégoulinant, dévalant les courbes de ton corps cette nuit-là. Un temps frisquet. Un printemps à la mer. Les pépiements des oiseaux sonnaient aigus et à messes-basses comme les rumeurs qui courent. Ceux-ci survolent l'étendue d'eau à leurs aises. 

-Et si nous savions voler, comme eux ? Me dis-tu.

-Si seulement. Répondis-je.

Tu étais trempée, pétrifiée et tu tenais tête aux vagues. 

A la revoyureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant