Tales from Eorzea

I. La Fable de l'Arbre qui aimait la Fleur

La belle élézen à la longue toison dorée riait doucement, et son jeune promis ne pouvait s'empêcher de penser que de toutes les rutilantes et somptueuses parures qu'elle pouvait porter, son sourire était le joyau de sa collection. Il ne manqua pas de lui faire part de sa réflexion ce qui la fit rire tendrement de plus belle. Ses doigts fins et délicats vinrent affectueusement s'emparer de la main de son âme sœur. Puis, portant un index intimant le silence à ses lèvres, elle lui adressa un sourire plein d'espièglerie en l'attirant avec elle sous la lueur opaline de la lune, dans les jardins de la noble famille Dandelion dont Eurielle était la cadette. Fougueuse, indisciplinée, un esprit libre et vagabond, une brise impalpable et indomptable : si elle n'avait eu les traits nobles et gracieux de sa mère et le cœur pur et juste de son père, Thoinaux aurait juré que Garuda elle-même l'avait enfantée. Il la suivit, légèrement tendu et troublé par la douce caresse de ses doigts sur sa peau. Ce n'était qu'un chaste contact, mais il savait déjà au fond de lui quel feu puissant elle faisait naître par un simple regard. A l'abri des regards curieux, leur amour secret se cultivait un peu plus chaque soir, l'astre lunaire pour seul témoin. Mais si Eurielle était spontanée et impulsive, Thoinaux était son revers. Réfléchi, posé, raisonnable, le jeune homme souhaitait que leur union s'officialise, et qu'ils ne vivent ni dans le péché ni dans la disgrâce. Il aimait trop sa fiancée pour lui imposer des regards et des bruits de couloirs...

De leur pulpe, les doigts fins de la jeune femme cherchèrent à chasser l'air soucieux qu'elle pouvait lire sur le visage de son bien-aimé. Elle voulait le rassurer : ils ne faisaient rien de mal.

« Eurielle...» souffla-t-il, avec beaucoup de mesure, venant prendre avec douceur sa main dans le creux de la sienne, lui ôtant alors le délice des caresses sur son visage. Il était jeune, à peine plus âgé qu'elle. Ses traits étaient fins et élégants, comme souvent chez les élézens. Ses cheveux mi-longs étaient d'un brun acajou et créaient un harmonieux contraste avec ses iris d'un bleu glacé. Il était un bon parti, unique héritier de la maison Arbeau, une lignée toute aussi noble que les Dandelion. Alors pourquoi tant de réserve sur cette union ?

« J'ai fait mon choix, Thoinaux... Mon père est bon et juste, il comprendra... Tu auras sa bénédiction si tu y tiens tant...

- Les choses doivent être faites correctement, et conformément à la tradition. Tu ne portes peut-être plus le gage de cet homme, mais au regard d'Halone, vous êtes toujours promis l'un à l'autre. Pas unis, bien heureusement... Mais tout de même. Je me dois de respecter cet engagement, te respecter, toi, et n'insulter ni n'offenser personne en faisant l'affront de te désirer quand tu n'es pas mienne...»

La jeune femme sourit faiblement, refermant son autre main sur celle de Thoinaux pour porter l'étreinte à ses lèvres.

« Mais, mon cœur est déjà tien... Cette intention d'union n'était que le souhait de deux familles y voyant un avantage commun, qui remonte à tellement d'années que cela en devient ridicule. Je ne veux pas attendre que les Durendaire consentent à défaire ce qui a été promis... Lanceloix ne renoncera pas : il est trop fier, l'affront serait trop grand...

- Mon coeur, mon corps, mon souffle, tout t'appartient depuis le premier regard que tu m'as lancé. Sois patiente et confiante, mon amour. Halone nous guidera dans cette épreuve, nous en sortirons triomphant pourvu que nous ne cédions pas à la tentation. Évitons de donner à mon rival des armes qu'il pourrait utiliser contre nous... Eurielle... Un peu de patience... D'ici quelques jours, nous serons libres de nous offrir l'un à l'autre, et je passerai cet anneau de foi à ton annulaire pour sceller à jamais notre amour. Je te le promets.»