1 - Le secret

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Je me suis levée de ma chaise, les larmes aux yeux. J'étais en colère, triste, comme abandonnée. Un goût de bile âcre monta dans ma gorge. J'ai frappé du poing sur la table. Ma mère sursauta, mais resta muette. Mon père essaya calmement de me raisonner :
« Fiby, s'il te plait, rassieds-toi, on va en discuter.

- Comment veux-tu que je me calme après ce que tu viens de m'annoncer !
- Fiby, tu n'aurais pas dû l'apprendre comme ça...

- Comment avez-vous pu me cacher ça pendant 21 ans ? M'écriai-je, à deux doigts de tout envoyer valser.
- Nous voulions te le dire plus tard, pour éviter que tu te mettes dans cet état.
- Je pars le chercher.
- Fiby, tu sais bien que ce n'est pas possible, tes cours redémarrent dans 2 semaines et il a probablement déménagé je ne sais où...
- Peu importe si je dois remuer ciel et terre, je dois le retrouver.

Je me mis à faire les cent pas, toujours habitée par cette haine profonde envers les deux autres personnes présentes dans la pièce.
- Son prénom, continuais-je.

- Oh... Je ne suis pas sûr qu'il l'ait conservé, commença mon père.
- SON PRENOM !
- Spencer, nous l'avons appelé Spencer.

- Quel orphelinat ?
- Fiby, c'est insensé, ça a été fait sous X, tu ne peux pas le retracer.
- Peu importe, ne m'obligez pas à faire tous les orphelinats du pays pour le retrouver.
- L'orphelinat Forestier en Louisiane.
Je s un rapide calcul dans ma tête. Nous vivions dans le Michigan... La route allait être longue.
- Je pars demain matin, dis-je en quittant la pièce.»

Ma mère se mit à pleurer. Je peinais moi-même à retenir mes larmes en montant les escaliers. La porte de ma chambre claqua. J'ai frappé le mur de toutes mes forces. Quatre fois. Pour me défouler. Puis je me suis dirigée vers l'arcade de ma fenêtre, les joues baignées de larmes. Les mains tremblantes, je me suis saisie de mon téléphone. La sonnerie retentit trois fois :
« Allo ?
- Chaton

- C'est moi, tout va bien ?

- Je peux passer ?
- Il est presque une heure du matin, ça ne peut pas attendre demain ?
- Je dois partir demain matin, je...
- Partir ? T'as une voix bizarre, tu es sûre que tout va bien ?
- Loyd... J'ai besoin de toi.
- Je suis là dans quinze minutes. En attendant restes tranquille, peu importe le problème, on trouvera une solution. »

Mon regard, vide, se posa sur l'extérieur. Les premières feuilles rougeoyaient déjà, signe que l'automne arrivait à grands pas. Je réfléchissais à toute vitesse. Il fallait que je passe à la banque dans un premier temps pour les frais d'essence. L'avion était inenvisageable vu qu'il n'habitait probablement plus en Louisiane depuis longtemps. J'avais aussi besoin des papiers d'abandon et de tous les renseignements que mes parents avaient conservés. J'entendis la porte du bas s'ouvrir. Loyd échangea quelques mots avec mes parents avant de monter me rejoindre. Je levais vers lui des yeux de chiens battus auxquels il répondit en m'entourant de ses bras.

« Ils m'ont dit pour... ton frère.
Nous sommes restés comme ça plusieurs minutes avant que je ne me dégage pour me diriger vers mon sac. Je tirais une cigarette de la poche avant de la porter à mes lèvres pour l'allumer.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ?

- Je vais le retrouver..., répondis-je en tirant une première fois sur le mégot.
- Comment tu vas t'y prendre?
- Je vais d'abord aller à l'orphelinat, après je questionnerai des gens, je remonterai sa trace, peu importe où ça me mènera.

- Fiby, tu sais que je ne veux que ton bonheur, mais tu ne préférerais pas y réfléchir un peu avant ?
- Je suis au courant depuis une heure et ça m'obsède déjà à chaque seconde qui passe, j'ai besoin de le rencontrer Loyd...

- Oui, mais mets-toi à sa place, peut-être que lui est heureux comme il est...
- C'est un risque à prendre... je ne peux pas juste faire comme si de rien n'était... j'ai besoin de m'éloigner un peu de la maison.

- Et Helen ? Tu vas la laisser là ?
- Elle a 10 ans... je ne peux pas l'emmener, elle n'est même pas au courant...
- Mais on ne peut pas partir que tous les deux...
- Tu... tu veux venir ?
- Je ne vais pas te laisser affronter ça toute seule, Fiby...

Je recommençais à pleurer.
- J'appelle Ugo et Lou, à quatre, on pourra se relayer pour conduire.
- A deux semaines de la fac ? Je ne peux pas leur faire ça...
- Ils reprendront l'avion pour rentrer à temps si on ne l'a pas retrouvé d'ici là... ce sont tes amis d'enfance, ils viendront si tu leur demandes.
Je haussais les épaules doucement.
- Ecoute, j'ai un marché à te proposer. Je vais discuter avec tes parents en bas, toi tu appelles Lou, ensuite on ira dormir un peu et on prendra la route demain matin, ok ?
J'acquiesçai en silence tandis qu'il se dirigeait vers la porte.
- Loyd ?
Il s'arrêta et se retourna. Je me suis approchée pour le serrer dans mes bras.
- Merci... pour tout.
- Tu me diras merci quand on l'aura retrouvé.»
Il déposa un baiser sur mon front et descendit négocier avec mes parents.

Spencer & la vie réelleWhere stories live. Discover now