Planter un couteau dans le dos

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  Quatres élèves, adossés à leur chaise, à moitié concentrés, tentaient désespérément d'écouter la correction d'un exercice de conjugaison au cours d'anglais. C'était juste après leur pose de midi, alors il était fort difficile de recommencer à réfléchir, surtout un lundi.

  Ils venaient de manger et ils sentaient leur estomac leur peser. Le professeur d'anglais, Mister O'ppens, était un très bon prof, bien qu'il soit sévère sur la grammaire et l'orthographe. Ses élèves l'écoutaient attentivement. Il parlait du fait qu'être pregnant ne pouvait être utilisé seulement dans une phrase au passé. Quelqu'un toqua à la porte de la classe.

  L'éducateur, Monsieur Bassombre, entra, l'air grave. Mister O'ppens l'accueillit en anglais comme à son habitude mais l'homme annonça, la tête basse : "J'ai une mauvaise nouvelle pour vous, dit-il en désignant les étudiants du menton. Une des élèves de l'école a été retrouvée avec un couteau dans le cœur. Elle se trouvait dans les toilettes..." Tous les élèves se turent puis échangèrent des commentaires, horrifiés par la nouvelle.

- Où est Armelle ? demanda Lucille, remarquant que la place à côté d'elle était vide.
- Justement ! dit Florent assez fort pour que toute la classe entende. J'ai appris par la prof de langue du cousin de mon voisin que c'est elle, la victime. La femme de ménage l'a retrouvée dans les toilettes, morte et couverte de sang ! Il paraîtrait même que ses yeux ressortaient et...
- On se passera des détails, commenta l'éducateur.
- Oh shit! jura le prof de langues.
- La police a rapidement pu identifier les empreintes qui se trouvaient sur la victime et l'arme du crime... Mister O'ppens, je suis dans l'obligation de vous retirer de vos fonctions et de vous emmener.
Des policiers entrèrent et l'arrêtèrent.

- Mais je n'ai rien fait ! protesta-t-il, emporté par les forces de l'ordre. J'étais en train de corriger des exercices avec mes élèves...
- Vous direz tout cela à votre avocat, fit sèchement un poulet.
Ils fermèrent la porte au nez de Lucille et des autres élèves, tous abasourdis par ce qu'ils venaient d'apprendre.
- Bon où est Armelle ? demanda Elise, inintéressée par l'arrestation de son professeur.
- Je viens de le dire, elle a été tuée ! En plus, notre cher professeur vient d'être accusé ! rétorqua Florent.
- C'est horrible, rajouta Lucille.

- ARRÊTEZ ! LÂCHEZ MOI ! cria une voix en dehors de la salle.
- C'EST ÉLÉONORE ! dit Elise en ouvrant la porte. Sa basket venait de disparaitre au coin du mur lorsqu'Elise regarda le couloir.
- Mais, que fait-elle ici ? demanda Florent.
- Je l'ai vue sortir de la classe pour aller aux toilettes, dit Élise.
Ils sortirent de la classe en courant. Ils s'approchèrent de l'endroit où elle avait disparu il y a cinq minutes. Un papier plié en quatre était sur le sol. Florent le prit et le déplia.

- Cette fille doit payer pour ce qu'elle a fait ! Mais... vous pouvez la libérer si vous faites quelque chose pour moi. Trouvez la pierre de résurrection et ramenez la moi. Je veux sauver celle qui a été tuée.... Ma bien aimée... Tuée dans les toilettes non pas par votre professeur mais par votre camarade ! Votre professeur savait... Et il a été enlevé ! Signé, -O" Florent regarda ses amies, choqué par ce qu'il venait de lire à haute voix.

- Où peut-on trouver la pierre ? Si elle existe vraiment... dit-il.
- Je sais ! dit Marie, une amie. La voilà !
- Tu...tu avais la pierre dans ton sac depuis tout ce temps !? demanda Lucille.
- Always.... répondit la fan d'Harry Potter.

- Mais à quoi va-t-elle servir ? demanda Elise qui n'avait jamais vu la saga.
- Ben à ressuscité les gens, pardi ! rétorqua Marie, agacée.
- On va sauver Mister O'ppens alors? Mais comment ?
- Mais non Elise, Mister O'ppens n'est pas mort ! On ne va donc pas le sauver, c'est impossible... On va la donner à O !
Elise avala sa salive et le regarda avec de gros yeux.

- Mais tu es longue à la détente ma parole ! Florent, il ne faut pas faire ça ! Tu pourrais te tuer, ou même pire, te faire renvoyer ! s'écria Marie.
- Nous n'avons pas le choix... C'est notre dernière solution...

  Florent essaya de ressusciter Armelle mais loupa son coup et entraîna dans les ténèbres son professeur d'anglais. Il aperçut une vapeur blanche au dessus d'eux et virent le dernier souffle de Mister O'ppens. Les élèves s'approchèrent de la bulle. Ils n'arrivaient pas à détacher leur vision de corps inerte. Florent approcha sa main puis la retira rapidement. Lucille n'hésita pas et entra sa main dans la fumée ronde. Elle arriva ainsi à fouiller le corps.
- Mais que fais-tu ? gronda Florent. Tu vas mettre tes empreintes partout !
- C'est pas grave, je ne l'ai presque pas touché... Et oui, regarde ! J'ai trouvé ses clefs !

  Les clefs trouvées sur le mort servirent à ouvrir l'armoire de la classe. À l'intérieur, se trouvait une carte menant à l'emplacement de la prochaine victime. Avec toutes les informations nécessaires à son élimination. Le quatuor composé de Lucille, Elise, Florent et Marie allèrent vers cet endroit.

- Comment se fait-il que cette carte soit dans cette armoire ? s'interroga Elise.
- J'en sais rien, arrête de poser des questions ! s'énerva Florent.
  Ils arrivèrent là où la carte les avait menés dans la salle de gym de l'école. Là où tous les murs d'escalade étaient placés. Des élèves étaient en train d'y monter. Quand soudain, l'un d'entre eux, arrivé en haut, tomba déséquilibré par une prise mal collée. Cet étudiant mourut sur le coup.

  Ils furent choqués par cette vision d'horreur. Le sang coulait abondamment du corps. Le professeur de gym appela les secours tandis que les élèves lâchèrent les cordes qui soutenaient ceux qui montaient. Les étudiants, qui étaient en haut du mur, tombèrent les uns après les autres sous le regard impuissant et médusé des secouristes. Il y eut en tout dix morts. Le quatuor sortit alors du gymnase, sous le choc, et cherchèrent le deuxième endroit qui était écrit sur la carte.

  Celle-ci indiquait le 113, la salle de spectacle de l'école. Ils s'y rendirent tous les quatres en essayant de ne pas regarder les corps et les élèves blessés par ce massacre. En rentrant dans la salle, ils ne virent rien. C'était le noir absolu. Ils ne pouvaient atteindre les interrupteurs et durent avancer dans l'obscurité. Elise cria.

  Elle venait de se faire empaler par une lance sortie du sol du 113.
- Elise, non ! cria Marie.
- Laisse-la, lui dit Lucille. Bon débarras ! Il faut que l'on aille sur la scène.
  Florent, irrité, et Marie, triste, la suivit. Tandis qu'ils arrivèrent au milieu de la scène, les rideaux s'ouvrirent et une foule arriva sur les sièges, sortie de nulle part et applaudirent.
- C'est une caméra cachée ! fit Mister O'ppens, un micro dans la main, étant suivit de près par Armelle.

  Ils se regardèrent puis éclatèrent de rire avec les spectateurs. Armelle toussa, prise d'un fou-rire puis s'effondra. Un gros blanc suivit jusqu'au moment où Mister O'ppens s'avança et tâta son pouls. Il se retira puis, prenant une expression dramatique et dit d'une voix grave:
- She is dead...!

- Elise, are you sleeping in my lesson ?
- Oh, non... Euh, no ! Sorry...
- Okay, donc...

  Elise se redressa, s'étant faite interpellée par leur professeur d'anglais. Ils venaient de terminer la correction des exercices. Elle regarda autour d'elle. Puis remarqua qu'il manquait quelqu'un à sa droite.
- Où est Armelle ? chuchota-t-elle à Florent.
- Elle est partie aux toilettes...

Le jeu des quatre mainsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant