"I can't drown my demons, they know how to swim"

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La première fois, c'était il y a trois ans.

Je me sentais affreusement mal, et pleurer ne suffisait pas a me soulager.

Et puis mes yeux se sont posé sur un taille crayon, comme une évidence. Je l'ai attrapé, en ai enlevé la lame, et ai timidement plantée celle-ci dans ma peau. C'était juste une petite coupure, "pour essayer". Je n'avais pas mal alors j'ai recommencé.

Idem.

Les marques se multipliaient, le sang coulait petit a petit, mais rien de très impressionnant pour commencer. Et je me sentais vivante, de nouveau je respirais en voyant les coupures s'accumuler et en les sentant me picoter la peau. Je ne pleurais plus, je n'avais plus ce poids sur le cœur, cette boule dans la gorge, cette impression d'étouffer.

Alors j'ai compris que ce serait comme un remède a mes problèmes. J'ai caché les marques avec des bracelets, et j'ai décidé de garder la lame.

Et puis avec le temps, c'est devenu maladif. Je me détestait de plus en plus, et les plaies s'approfondissaient. Les cacher commençait a être compliqué, alors j'ai changé d'endroit. J'ai commencé a me couper sur les hanches, et sur le haut des cuisses. L'espace était plus large et je me défoulais, mon bassin était recouvert de marques rouges, et seule moi pouvais les voir.

Les plaies s'accumulaient et prenaient de la place avec le temps, elles s'étendaient de plus en plus le long de mes jambes.

Quand j'avais fini, je me regardais dans le miroir et j'avais honte.

Honte de devoir me cacher, honte de chercher le soulagement a travers la douleur. Mais face a la solitude que je pouvais ressentir, ça m'a toujours accompagné.

Ça me hantait, tous les jours j'y pensais.

Ciseaux, rasoir, cutter... Je collectionnais les lames, et n'importe quel objet pouvait me servir, du moment que ça coupait.

Certaines marques partaient vite, d'autres prenaient beaucoup plus de temps, certaines même ne se sont jamais effacées. Quand on me demande ce que je me suis fait, je répond que je ne sais plus, sûrement le chat ou un petit accident qui m'est arrivé quand j'étais plus jeune.

Des mensonges, une multiplication de mensonges, et toujours cette peur que quelqu'un découvre la vérité.

"Cette fois j'arrête vraiment. Je ne peux plus me cacher, c'est trop dur." Je ne compte même plus les fois ou je me suis dit cette phrase, avec l'espoir que j'allais tenir ma parole.

Parce qu'à chaque fois, ça revient.

J'ai trouvé une façon de soulager ma douleur, et il n'est plus possible de lutter contre celle-ci.

On ne le dit jamais assez, la première coupure est malheureusement la première des milliers qui suivront, et le soulagement apporté ne nous enfonce que d'avantage dans notre désespoir car il est éphémère. Tous les problèmes ont une solution, mais la mutilation n'en est vraiment pas une.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 17, 2014 ⏰

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