Bonne nuit

Bonjour à toi !
Tic-Tac
Comme toujours tu ne me réponds pas, tu comptes et laisses tourner tes aiguilles, longues et aiguisées tranchants le temps écoulé.
Je suis lassée de te saluer quand tes seules réponses sont le temps passé sans que jamais tu ne me dises celui dont je peux encore profiter.
Tic-Tac
Grande et majestueuse tu en as vu des âges, toute ouvragée de bois d’olivier, j’ose imaginer que cela a dû te rendre sage.
Du haut de ta hauteur, ton allure semble sacrée, comme si je n’avais pas le droit de te toucher pour te remonter.
Tic-Tac
Quand mes nuits sont blanches, tu les rends moins vides de par ton monologue de tic et de tac incessant. De tes longues aiguilles tu tranches mes idées noires et je t’en remercie.
Tic-Tac
Imposante mais invisible, on ne prête pas attention à ta présence. On ne te voit pas jusqu’à ce que tu sonnes les heures, faisant sursauter ceux qui t’entourent et leurs invités. Tu te souviens quand de surprise tante Annie en est tombée ou que Pierre n’était pas de bonne humeur parce que tu l’avais réveillé ?
Tic-Tac
D’ailleurs il nous a quitté l’été dernier, c’est pour ça qu’il n’est pas revenu entretenir tes rouages, il va nous manquer, peut-être à toi aussi. Les médecins disent qu’ils ne savent pas ce qui s’est passé, un matin son âme s’était envolée, j’ai peur pour la mienne.
Tic-Tac
Suis-je folle à parler à une horloge ? Je t’ennuie probablement avec mes souvenirs et mes regrets, mais que veux-tu, je suis vieille et seule. Quand je te parle j’ai l’impression que tu m’écoute.
Tic-Tac
Mais j’ai peur de te laisser, quand je ne serai plus là qui prendra soin de toi ? Je ne veux pas que tu t’arrêtes, tes tic et tes tac m’ont bercé depuis toujours, dans le berceau, dans mes joies et mes peines et maintenant dans mon lit.
Tic-Tac
Il se fait tard tu ne trouves pas ? Il est surement l’heure de souffler les bougies pour te dire bonne nuit.
Tic-Tac