Chapitre 1 - 1/2

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Chapitre 1

Terreur

Trois petits coups dans le noir. Tap. Tap. Tap. Il y a l'enfant qui dort dans son lit. Il y a les ombres tout autour. Tap. Tap. Tap. Les ombres se rapprochent. L'enfant ne dort plus. Il y a quelque chose dans la chambre, quelque chose sous son lit. Son petit coeur s'emballe, ses cordes vocales cherchent à s'activer pour prévenir du danger. Sa gorge, son visage, tout son corp est paralysé. L'ombre se penche au dessus du lit. L'enveloppe.

L'enfant hurle.

La lumière s'allume.

Julien

Je me réveille en sursaut, le souffle court, comme tous les matins depuis presque dix ans. Le volet entrouvert laisse passer le jour et me permet de faire l'inventaire de ma chambre pour me rassurer. Guitare qui prend la poussière dans un coin. PC avec la led bleue de mise en veille qui clignote par terre à côté du lit. Fringues de la semaine qui trainent partout par terre. La photo de mes parents et moi à la clinique, avec Sasha dans les bras de mon père, posée en évidence sur la vieille table de bois qui me sert de bureau.

Tout est là. Le monde est encore là. Il n'a toujours pas disparu au bout d'une corde.

Je me force à prendre une grande inspiration et à expirer lentement.

J'attrape mon portable, comme si ce concentré d'immatériel pouvait m'aider à me reconnecter au monde réel. Il est 8h03 et Facebook m'affiche déjà 86 notifications. Quelle merde, comment je peux en avoir autant ? Je les regarde jamais en plus...

Après avoir vérifié qu'ils ne puaient pas trop, j'enfile un T-shirt et un jean par dessus mon caleçon et me dirige vers la chambre de maman. Sans faire de bruit, je pousse la porte entrebaillée. Sa tête repose sur l'oreiller, immobile. Mon coeur s'accélère un petit peu. J'ouvre à peine plus grand, juste assez pour qu'un peu de lumière tombe sur son visage. Elle fronce le nez et se tourne vers le mur. Tout va bien.

— J'arrive, Julien... marmonne-t-elle contre la couette.

Je ne répond rien. Je sais qu'elle va se rendormir. Si je lui répond, ça va la réveiller pour de bon. On est samedi, elle a droit à sa grasse mat'. Je passe à chambre de Sasha. Cette fois, j'entre carrément. Elle m'a entendu, la preuve : elle a elle aussi tourné sa tête contre l'oreiller pour me cacher ses yeux, et elle est tendue des pieds à la tête.

— Chouette ! je m'exclame à voix haute. Sasha dort encore ! Je vais pouvoir me recoucher et dormir juuuuuusqu'à midi !

— Nan ! réplique ma soeur en se redressant d'un bon pour s'agripper à mon bras.

— Au secours ! Un pokemon sauvage m'attaque !

Je fais mine de vouloir me dégager et elle me saute dessus de plus belle en s'écriant "pika ! pika ! "

— Non ! À moi ! Il m'électrocute !

Son rire vient rebondir contre les murs de la chambre. Mission accomplie, la journée peut enfin démarrer.

— Aller petit chat ! File à la douche pendant que je prépare un petit dej', tu colles plus que le sol de chez McDo.

— Ah, mais t'es dégueux !

— C'est toi qu'es dégueux !

Elle file vers la salle de bain après m'avoir tiré la langue et je me dirige vers la cuisine.

Merde, y a plus de lait. Tant pis pour les pancakes... Et Le chocolat chaud. Et les céréales. Putain ça craint vraiment en fait !

Quand Sasha revient, deux tartines de brioches à la confiture et un jus d'orange l'attendent sur la table.

Entre Nos TerreursWhere stories live. Discover now