Ça fait déjà un an que je vis avec Lucie, et j'ai toujours cette immense vide en moi qui ne cesse de s'agrandir. Je suis emprisonné dans une cage qui n'a même pas le mérite de paraitre dorée. Je sais que je ne peux pas m'échapper de cette spirale infernale. Lucie m'en empêche et m'enfonce un peu plus chaque jour dans ce gouffre immense qu'est la solitude. J'ai mes 10 ans cette année. Et j'avais l'impression que j'avais déjà suffisamment vécue, que la vie ne m'offrais rien de beau a raconter.A défaut de ne rien avoir a dire, j'ai commencer à raconter des histoires. Des histoires banales mais qui me manquais. Je me suis enfermée dans ce flot de « mensonges » que je ne peux toujours pas aujourd'hui définir comme tel. J'étais juste en manque de vie, en manque de liberté. Le vendredi soir, alors que toutes mes copines savouraient le début du week-end, moi je ne savourais que ces derniers instants passé en leurs compagnie. Je savais très bien que j'allais subir deux journées d'ennui profond. Sans rire, sans moments de tendresse, sans moments exceptionnels. La maison de campagne dans laquelle j'habitais avec Lucie, c'était un cauchemar. Je montais dans ma chambre, que je partageais avec ma soeur, et j'étais coincé dans cette pièce jusqu'au prochain Lundi.
C'est a partir de ce moment que j'ai appris a vivre et a connaitre Monsieur D. Je suis seule avec lui dans ma chambre, j'écris, je dessine, je joue, je lis
J'écris, je dessine, je joue, je lis
J'écris, je dessine, je joue, je lis
J'écris, je dessine, je joue, je lis
Il m'aide a écrire, j'écris des choses déjà bien sombre pour mon jeune âge, je me sens déjà en accord avec les profondeurs de la tristesse et de la solitude.
Il m'aide a dessiner des choses qui ne me ressemble pas, des visages remplis de larmes et de souffrance, comme si je transmettais la douleur de mon coeur sur un bout de papier.
Il m'aide a lire et a comprendre des textes beaucoup trop intense et complexes. J'apprend à comprendre les métaphores de Baudelaire et les cauchemars d'Egard Allan Poe.
Je ne saurais pas vous dire si il m'a plus aider ou plus détruite. A cette époque j'avais quand même l'impression que c'était un ami qui me protégeais de Lucie. C'était le seul véritable compagnon qui me comprenais et qui subissais la même chose que moi.
Comment ne pas l'aimer? Et une fois qu'on en a plus besoin, comment s'en séparer? C'est ma problématique d'aujourd'hui.
Quand le week-end finissais, je retournais a l'école et a mes journées de sociabilité. J'écoutais mes amies parler de leurs activités, elles sortaient, elles découvraient des endroits, des films, des activités... et moi je ne pouvais rien dire d'autre que « rien »
« rien »
« rien »
« rien »
Je n'avais pas d'autres choix pour aller mieux que de ma persuader du contraire.
J'ai commencer à raconter des histoires.
Des choses banales, une sortie en famille, un restaurant, une partie de bowling... et c'est comme ça que tout a commencer à devenir de plus en plus gros, de plus en plus pesant. J'appréciait l'attention qu'on me portait quand je racontais mes weekend utopique. J'avais l'impression d'exister et Lucie était loin de moi dans ses moments-la. J'avais changer son visage, changer son caractère. Ce n'étais plus le monstre que j'avais a la maison, c'était juste la personne que je devait qu'elle soit.
Mais ça n'a durer qu'un temps, l'histoire de trop, et tout c'est brisé.
Toutes les bonnes choses ont une fin,
Mais les mauvaises choses ne disparaissent jamais.
VOUS LISEZ
Monsieur D
Non-FictionRécit simple, sans prétention. Peut-être autobiographique. C'est un recueil d'histoires qui résume ma vie passé, mes rêves et mes cauchemars. La vie que je mène depuis plus de 10 ans en compagnie d'un très bon ami à moi : Monsieur D couverture : ph...