Le doute

122 1 4
                                    

Plongée dans l'obscurité, elle ressent une douleur aiguë lui transpercer le crâne. Elle n'arrive pas à ouvrir les yeux, son corps ne lui répond plus.

Où suis-je ? se dit-elle, alors que le simple fait de se parler à elle-même résonne comme un écho de tourment.

Elle prend conscience de son audition. Elle entend tout d'abord un son régulier très aigu qui lui rappelle vaguement quelque chose.

Qu'est-ce que c'est ? On dirait une alarme... Ou une notification d'erreur informatique... Non ! C'est un signal pour le rythme cardiaque ! Ça veut dire que je suis à l'hôpital ? J'ai eu un accident ?

Ensuite, elle perçoit un autre bruit, plus faible cette fois-ci, comme quelqu'un qui marche. Elle en est sûre, elle n'est pas seule.

Aidez-moi ! Je vous en prie, je veux me réveiller !

Tout à coup, elle entend une voix féminine.

- Docteur Néris. Seize avril deux mille quarante-six. Il est actuellement dix-huit heures trente au laboratoire souterrain numéro deux. La patiente numéro sept n'est toujours pas consciente. Rythme cardiaque stable, bon fonctionnement des organes. J'attends toujours une amélioration. Terminé !

Un laboratoire ? Deux mille quarante-six ? Ce n'est pas possible ! On est en deux mille quarante-trois... Mais qu'est-ce qui se passe ?

Elle a du mal à réfléchir avec son mal de crâne incessant. Le docteur pose un objet en plastique sur un support en aluminium. Le bruit est infime, mais elle se sent agressée, sa tête va exploser. Soudain, un bruit métallique terriblement strident se fait entendre.

Ah ? Mais arrêtez-moi ça, putain !

Des pas, plus lourds, se rapprochent d'elle et une voix masculine très ferme s'exclame :

- Docteur Néris ! Je vous ai demandé quelque chose que vous êtes en capacité de faire. Où sont vos résultats ? Depuis le début, je n'ai vu aucune amélioration !

- Monsieur Donovan, nous n'avons jamais été aussi près du but ! Son métabolisme est parfait et je suis sûre que...

Elle entend un claquement bref qui lui résonne dans la tête.

- Ma patience a des limites ! Votre thèse est bonne. Maintenant, j'attends du concret ! J'ai des clients qui attendent depuis trois ans. Ne me faites pas regretter d'avoir placé mes espoirs en vous.

MAIS VOS GUEULES ! JE M'EN FOUS DE VOS HISTOIRES, STOP !

Les pas s'éloignent, elle entend une nouvelle fois le vacarme métallique. Un silence de mort règne dans la pièce.

Ouf ! C'est fini... Enfin ! J'apprécie le calme et la tranquillité.

Des gémissements féminins se font entendre puis des pleurs.

Mais elle va arrêter de pleurnicher celle-là ! Pas moyen de souffler un peu, c'est fou ça ! Ma migraine commençait juste à partir !

Elle peut entendre des sanglots et l'anxiété du docteur tout autour d'elle.

Je dois vraiment partir d'ici et très vite !

Après ce qui lui semble être une éternité, elle écoute la femme prononcer ces mots :

— Docteur Néris, date d'aujourd'hui : dix-sept avril deux mille quarante-six, il est actuellement trois heures quinze au laboratoire souterrain numéro deux. La patiente numéro sept ne bouge toujours pas, son métabolisme est stable, rien à signaler, terminé.

Elle repose ce qui est certainement un magnétophone et soupire. Elle s'approche de la patiente et lui chuchote :

— Sept...

Projet : Medusa-Nutricula.7Où les histoires vivent. Découvrez maintenant